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Après la naissance puis la disparition prématurée de la première motocyclette digne de ce nom - en réalité dénommée bicyclette à pétrole ou parfois Pétrolette - c'est le tricycle qui a pris le relais momentanément, avant de quitter le terrain à son tour. Il a été victime de son embonpoint et de sa brutalité, conséquences d'une escalade à la puissance donc à la cylindrée. Cependant la leçon a été comprise par ceux qui croient toujours qu'une bicyclette "à moteur" a sa place en se substituant à la bicyclette "musculaire". D'un artisanat balbutiant, va ainsi naître une petite industrie dont la représentante la plus connue est la motocyclette Werner. Elle fut longtemps considérée comme étant la première "vraie" moto, ayant une partie-cycle avec le moteur - à essence - situé à l'emplacement qui allait faire école dans les décennies à venir. Des études et découvertes ultérieures ont montré que la Werner n'était pas à l'origine de cette géométrie, mais l'Histoire est une vieille dame qui a ses habitudes et des disciples difficiles à convaincre de leurs erreurs...
(Cliquer dans les images pour les agrandir)
Si la paternité de la motocyclette attribuée aux Frères Werner est discutable, leur bon goût en matière d'art ne fait aucun doute. C'est à Auguste Roubille (1872-1955) qu'ils ont commandé cette affiche, probablement l'une des plus belles, sinon la plus belle, de cette période. Deux couleurs seulement traitées en à-plat dont un orange lumineux, arabesques du décor et lettrage inventé, rubans ondoyants sont de pur style "art nouveau". L'artiste a choisi de ne montrer que le minimum des machines afin de ne pas casser l'ambiance bucolique et en même temps légèrement licencieuse. En effet, si l'Amour dans sa carriole est pur et gracieux comme il se doit, le personnage du second plan est un faune concupiscent, tandis que la demoiselle joue les oies blanches, une attitude démentie par le regard qu'elle lance au spectateur...
N.B. : à propos d'oies blanches, n'en grossissez pas le troupeau. J'essplique : on peut trouver cette affiche sur eBay à un prix intéressant, quelques centaines d'euros. C'est peu mais c'est trop car C'EST UN FAUX. On le reconnaît à son papier trop blanc au dos et à une marge restée blanche autour de l'image. Celle-ci est de dimensions légèrement inférieures (le retrait du papier) à celles de l'original en hauteur comme en largeur. Ce FAUX est proposé avec un catalogue Werner qui est lui aussi un faux, ou plus exactement une reproduction à l'identique. Il y a plusieurs années, elle a été réalisée par le Club du Motocyclettiste doté alors d'une imprimante numérique de très grande qualité. À l'époque, ce catalogue - aux agrafes toutes neuves - fut proposé aux membres du club. Il est repérable par les photos de deux pages qui sont identiques, l'une étant inversée. J'ignore à ce jour si l'affiche est de même origine, bien que ce soit fort probable. Vous voilà prévenu.
L'intérieur de la succursale Bibendum-Michelin de Londres s'orne de cette céramique consacrant la victoire d'une Werner dans le marathon de 1902, premier et dernier du genre. Sur 19 "motocycles" au départ, un seul tricycle (sur 5) et quatre motocyclettes (sur 14) atteignirent Vienne. Bucquet était premier de sa catégorie et 50ème au classement général. Une autre Werner pilotée par Labitte terminait en 58ème position les 1400 km du parcours.
D'origine roumaine, Hugo d'Alesi fut ce que les connaisseurs appellent, avec un brin de condescendannce, un spécialiste de "l'affiche de chemin de fer", genre répétitif qui incluait obligatoirement la description d'un site, d'un monument, d'un paysage touristique. Avec cette Griffon, il est fidèle à sa manière, magnifiant beaucoup plus le décor de la Côte d'Azur (baie de Villefranche-sur-Mer) que la motocyclette monté par un personnage sans grande souplesse. Au point qu'on peut se demander si l'homme et la machine, assez bien réalisée, elle, sont du même pinceau que celui qui a brossé le décor avec un talent si mièvre qu'il est surnommé (aussi) par certains "le Tino Rossi des gares"... Des jaloux sans doute.
Autre affiche de la même marque mais dans un tout autre style ! Dynamique et précise en même temps, et pour cause : elle est directement inspirée par une photo publicitaire parue en pleine page dans la presse. Alors, inspirée ou calquée par son signataire du nom de Trinquier-Trianon ? À vrai dire, c'est sans doute pour la gloire des cycles Griffon que cette affiche a été conçue car la moto d'entraîneur illustrée ici n'a jamais fait partie d'un quelconque catalogue de la firme de Courbevoie !
La précision du trait de Thor est remarquable comme on l'avait déjà vu avec l'affiche du tricar Griffon publiée dans l'article précédent. Précision, car on reconnait très bien la bicylindre à moteur Zedel de 1903-04 dans son élan furieux, bondissant sur la caillasse de la route devant des spectateurs estomaqués. Il existe une carte postale photographique de l'époque permettant de voir que Thor n'a rien exagéré. Et aussi quel violent contraste avec le motocycliste précédent de Hugo d'Alesi ! En revanche, point trop de renseignements sur l'artiste lui-même qui a beaucoup travaillé pour Griffon et aussi Alcyon (cycles). La recherche sur le ouèbe est d'autant plus difficile que son patronyme est pollué par un certain "Thor" qui fait dans le cinéma et m'a tout l'air d'être une daube de toute première qualité ! Le Thor des Marvel Comics de nos adolescences devrait le travailler au marteau ! L'illustration de Griffon au Ventoux a été utilisée en affichette d'intérieur et en couverture d'un petit prospectus "Tarifs 1907" distribué au Salon de Paris 1906.
Lorsque Alcyon se passe des services de Thor, le résultat laisse plutôt dubitatif quant au but recherché. Composition confuse, scène banale mettant en vedette une automobile qui "mange" toutes les autres machines, on n'est pas loin du degré zéro en publicité (l'auteur serait Marcel Bloch 1884-?). Cependant, une telle affiche présentée en 2013 lors d'une vente aux enchères était estimée de 2 000 à 4 000 euros, alors que la plus intéressante Gladiator "avec facteurs" (voir plus bas) n'atteignait qu'une fourchette de 800 à 1600 euros (je ne connais pas les prix atteints réellement). Si vous êtes collectionneur d'affiches, ne tenez donc aucun compte des opinions "artistiques" exprimées dans ce blog...
Il faut avoir l'œil exercé pour découvrir qu'il y a bien une moto Clément dans cette affiche de Louis Bombled (1822-1927) point trop exigeant. Il était spécialisé dans les scènes historiques et surtout militaires, comme on s'en douterait... La Clément-moto était dénommée "Autocyclette" au catalogue, ce qui expliquerait que seuls les noms Automobiles et Cycles soient mentionnés ici.
Gladiator est une marque créée par Darracq et alliée à Clément-Humber depuis 1896. Elle produira des cycles, motocycles puis motos presque semblables à ceux de Clément. C'est le célèbre Misti (Ferdinand Mifliez) qui a inspiré cette affiche qui reprend, presque trait pour trait, celle que le maître avait signée. Seul détail, mais qui change tout, le "copieur" a dû intégrer un moteur avec réservoir, guidon et manettes dans la bicyclette originale...
... illustrée précédemment par Misti lui-même. Les autres différences portent sur le costume de la motocycliste, coiffure, couleur et mouvement de la jupe-pantalon, décolleté plus prononcé et signature de l'œuvre qui devient "d'après Misti".
Avec les gendarmes, le garde-champêtre, les militaires, tout ce qui porte un uniforme est une cible pour l'humoriste. George Paulme revient à l'anecdote avec ce facteur à l'ancienne, puisque cycliste, sidéré par la concurrence d'un moderne facteur motocycliste ou télégraphiste. Une utopie du début de l'autre siècle et qui l'est restée... un siècle plus tard.
La "double suspension" était une particularité de la Stimula qui aurait mérité d'être mieux mise en valeur, même si la fourche avant sur bras oscillants comme celle de l'arrière (amortisseur unique sous la selle) venaient du cyclisme, du moins leur principe. C'est encore George Paulme qui a signé cette composition, disons, humoristique, qui sera réutilisée en couverture du catalogue de la marque.
De tous temps, la vitesse a été un thème utilisé pour vanter les prouesses d'un véhicule. Les Rochet n'étaient pas parmi les plus valeureuses des motos dans la compétition comme le furent les Alcyon, Griffon ou Peugeot. C'est pourtant dans la course que P. Chapellier en montre une, affrontant une meute trompée par la pelisse de fourrure du pilote. Les chiens se sont détournés de la chasse au cerf visible au loin. Le même artiste reprendra la même idée, toujours pour Rochet, mais cette fois le motocycliste luttera contre une... locomotive !
Comme le tricycle, la motocyclette de course peut figurer en décor d'une montre de gousset. Le léger relief finement détaillé de ce modèle en argent a résisté aux manipulations quotidiennes que la montre-bracelet permettra d'éviter dès les débuts du XXème siècle. Sur vouiki, j'ai appris qu'avant cette période les montres-bracelets pour hommes étaient considérées comme "farfelues, voire très efféminées". Aujourd'hui, le plus que la montre est grosse, le plus que l'homme est viril... étrange, non ?
La plus connue des affiches Peugeot d'avant-14 représente un militaire de profil sur une moto dont la roue avant chasse une oie, mais la plus rare est celle-ci. Pour la raison qu'elle est recherchée par les amateurs de tennis, gens réputés riches (?) qui, en vente publique, peuvent faire monter les enchères à des hauteurs sans rapport avec le chéquier du motocycliste moyen (expérience vécue). Cette affiche, comme celle du militaire évoquée plus haut, est l'œuvre de E. Thélem (Ernest-Barthélémy Lem, 1869-1930).
Note personnelle : Lorsque j'ai commencé à m'intéresser aux affiches motocyclistes, je suis entré en contact avec un brocanteur qui est venu me présenter celles qu'il avait. Il est arrivé au volant d'une Renault 4L dont la partie arrière était aménagée en plusieurs étagères sur lesquelles se trouvaient des petits paquets d'affiches soigneusement conservées dans leurs pli. Il y avait celles du militaire de Peugeot, des Favor (papier) petit format et grand ainsi qu'une autre Favor cartonnée. Il les vendaient au vingtième environ de ce qu'elles valent aujourd'hui... J'ai pris la Peugeot et la Favor. Dans les mois suivant, on trouvait les "petites" Favor (on en trouve encore) sur quantité de brocantes et marché aux vieux papiers. Notre homme avait dû tomber sur un filon qui dormait chez un imprimeur.
On sait que René Gillet avait des idées bien personnelles sur la motocyclette. Il en avait aussi sur l'art qui lui ont fait accepter cette affiche signée de P. Ribera plus faite pour effrayer que pour inciter à l'achat d'une moto. Elle a fait partie de ma collection durant quelques temps, mais je ne l'ai jamais exposée au mur avec les autres. J'avoue tout : c'est la seule avant-14 dont je me suis séparé et sans regrets !
Le Turinois Nicolas Tamagno (1851-1933) réalisa un grand nombre d'affiches pour le compte de Terrot, sur le thème aussi bien des cycles de la marque que de ses motos. Le sujet de celle ci-dessus (1904, première affiche-moto de Terrot) est la 2 CV 1/2 apparue en 1903 et adoptant l'architecture bientôt classique avec moteur en bas du cadre. La supériorité de la moto sur le cycle est discrètement suggérée par la tête abattue et incrédule du moustachu cycliste, en bas à droite de la scène. Un a parte discret car Terrot ne doit pas oublier que le plus clair de ses ventes repose sur la bicyclette. La présence de la cycliste à l'arrière-plan pourrait signifier qu'elle fait aussi bien que la moto car elle-même est montée sur une machine dijonnaise. Mais c'est aussi un rappel d'autres affiches Terrot de
cyclisme très connues sous le nom de "L'impertinente" et signée d'artistes successifs, dont Tamagno. Elle représente une jeune fille à bicyclette faisant un pied de nez ou la nique (comme ci-dessus) à ses suiveurs cyclistes épuisés. Autre affiche et même geste de l'impertinente qui, cette fois en débouchant d'un tunnel nargue... une locomotive ! Tunnel + locomotive, une image symbolique qui a dû enchanter un Sigmund Freud et qui a souvent été utilisée par les cinéastes, dont un certain Alfred Hitchcock (in "La Mort aux trousses").
Nouvelle utilisation de "l'affiche dans l'affiche" avec cette visite de l'architecte sur son chantier de construction. Le pinceau de Tamagno décrit avec précision la Terrot-Zedel de 1909. Avec ce thème aux intentions claires, Terrot s'adresse à une clientèle plus large que celle des sportifs amateurs de performances et s'affrontant aux cyclistes. La motocyclette s'affirme en engin utile et indispensable à l'homme moderne et actif.
Virage à 180° en 1913 avec Dréville et son clown caricatural aussi excité que coloré. Pour le moins, il assez peu conforme à l'image du "touriste" auquel est destinée cette Motorette "coursifiée" grâce à son guidon du type "baisse-la-tête-t'auras-l'air-d'un-coureur !".
Cette affiche d'intérieur de Nicolas Tamagno reste ambigüe : grandes manœuvres (le brassard du militaire indique qu'il est du camp français) prémonitoires à la veille de 1914, sur fond d'horizon enflammé qui ne présage rien de bon, à moins qu'il ne s'agisse d'un lever de soleil (?). La question peut se poser malgré l'anecdote semi-réelle mais difficile à déchiffrer : l'avion vient de lancer un message contenu dans l'étui en cuir que l'estafette Terrot s'apprête à ramasser. On est assez loin de l'intention publicitaire.
(À SUIVRE)
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Sauf rares exceptions - mais elles sont importantes - la moto n'a inspiré et n'inspire que peu les artistes. Je ne parle pas ici du fatras de ces illustrations qui envahissent nos magazines, les BD, les cartes postales, la publicité et... le ouèbe. Prétexte à dessiner/peindre/photographier voire photoshoper avec plus ou moins de talent une moto. De préférence, une Harley-Davidson, glissée sous les fesses d'une personne du beau sexe et, dernier poncif, surtout pas frileuse. On obtient effectivement une image mais point d'art là-dedans, ou si peu...
À chaque époque ses fantasmes. En 1900, et sans moto, ils se fixaient sur les "caractères sexuels secondaires de la féminité" (dixit le Larousse) que certaines, mal loties par la nature, accentuaient en glissant sous leur robe des "tournures". Aujourd'hui, le "lipofilling" a le même effet. Ce projet d'affiche de Grün, "avant la lettre", annoncait une revue théâtrale dont le titre était : "Veux-tu grimper ?". Tout un programme...
Cependant, depuis la fin du 19ème siècle, des grands noms de la peinture, de la sculpture voire de la photographie se sont frottés glorieusement à la représentation motocycliste. Glorieux mais peu nombreux car ils ont dû surmonter deux obstacles principaux : l'un tient à une difficulté purement artistique, l'autre a des raisons économiques. Historiquement, c'est le problème économique qui s'est présenté en premier.
LES LOIS DU COMMERCE AUTOMOBILE
L'automobile naissante a suscité l'apparition de publications qui lui sont consacrées. Leurs éditeurs sont mus par des motivations éducatives, vulgarisatrices, scientifiques, techniques ou purement commerciales. L'imprimerie ne permettant pas à l'époque une bonne reproduction des photos, on utilise largement les gravures en noir et blanc. C'est par la publicité, ce nerf de la guerre de l'édition, que la couleur va apparaître sur la couverture (en "une" et en "der" selon le jargon journalistique) de revues imprimées sur beau papier (Le Figaro Illustré et ses numéros spéciaux sur le cheval, la chasse, l'automobile), ou moins beau (Le Petit Journal et ses faits-divers tragiques).
Les jeux du cirque modernes : trois morts et de nombreux blessés dans l'accident de Pernette et Contant le 8 octobre 1906. Les pilotes s'en tiraient l'un avec une oreille décollée, l'autre souffrant de simples contusions...
Les "unes" des revues spécialisées (Omnia, La Vie Automobile) utilisent également la couleur en une et der, mais une seule (souvent un bleu pâle), dont l'intention commerciale paraît plus ou moins clandestine. La voiture - en général c'est une voiture - est présentée dans un cadre naturel, entourée de personnages à la mode du jour. Comme un instantané photographique, donc au plus proche de la vérité. L'artiste doit signer une composition chatoyante, colorée, mais où la voiture tenant la vedette doit être absolument reconnaissable par le "client-acheteur". De son côté, le "client-annonceur" est disposé à encourager l'art - c'est ce qu'on lui dit - mais il veut avant tout que sa voiture soit ressemblante. Il est d'ailleurs courant de retrouver la même illustration en couverture du catalogue de la marque.
Une autre contrainte est celle du format des revues toutes plus hautes que larges (dites "à la française"). C'est pourquoi, dans 90 % des cas la voiture sur la couverture est présentée de 3/4 avant ou de face puisque la "signature" d'une automobile - c'est très important - est le dessin de son radiateur. De profil, elle aurait été trop petite, noyée dans le décor. D'où cette impression répétitive quand on a l'occasion de feuilletter une collection de ces revues d'avant la Première guerre.
De droite à gauche, l'évolution de la "une" entre 1906 et 1914 : profil, puis face et 3/4 avant des automobiles. Afin qu'on ne s'y trompe pas la marque est aussi visible en toutes lettres.
À côté des annonces publicitaires de la presse, des catalogues et prospectus, des cartes postales distribués lors d'expositions ou par des "hommes-sandwich" qui arpentent les rues, l'affiche est un autre moyen de faire connaître un produit. Ceci de façon presque "captive" car on se déplace énormément à pied dans les villes, malgré le développement des transports en commun. Tramways, omnibus
hippomobiles sont pratiques mais assez peu rapides. Le fiacre, le taxi automobile sont trop onéreux et la voiture individuelle à pétrole (voire électrique...) est un luxe extrême. Donc on marche, on marche, on s'arrête devant les spectacles gratuits qu'offre la rue et, pourquoi pas parmi ceux-ci, une affiche.Le Chalet du Cycle, ci-contre à droite, était le rendez-vous du tout-Paris cycliste, tricycliste et automobile (Affiche de René Péan).
C'est Jules Chéret qui, dans les années 1860 a "inventé" l'affiche, d'abord pour le théâtre. Puis se sont créées des galeries spécialisées (1884) dans le commerce de ce nouveau support artistique. C'est là que l'on va retrouver les signatures d'artistes qui vont devenir célèbres dans le domaine de l'art pur (s'il existe...). Les Toulouse-Lautrec, Mucha, Steinlen, Roubille, Vallotton, Vuillard, Chéret, Robida et autres Forain apposeront leur nom sur des œuvres vantant aussi bien une absinthe qu'un papier à cigarettes, un "soulier vélocipédique", un cabaret parisien, une bicyclette, une ville d'eaux ou une... automobile. Parmi ces dernières se glissent quelques tricycles, puis des motocyclettes.
Et c'est maintenant qu'apparaît la difficulté "artistique" : la représentation d'une mécanique bien plus complexe que celle de l'automobile. Ce n'était déjà pas facile avec la bicyclette puisqu'un Henri de Toulouse-Lautrec se verra refuser un projet au motif "ne sait pas dessiner correctement une bicyclette" !
UNE NOUVELLE MACHINE QUI FAIT RIRE
C'est par la caricature que la motocyclette, ou plutôt la BICYCLETTE À PÉTROLE fait irruption dans les "arts". Modeste présence - c'est la première recensée à ce jour - dans cet obscur journal grand format 30 x 50 (ci-dessous) qui publie en couverture un "portrait-charge" des deux hommes qui, chez nous, ont porté la Hildebrand & Wolfmüller sur les fonts baptismaux. D'origine allemande, elle a bien sûr été à demi-francisée en Duncan & Suberbie ou encore "Déesse" d'après les initiales des deux associés qui vendent déjà des bicyclettes sous cette marque.
Cette Duncan & Suberbie n'est qu'à demi-française car H.O. Duncan était sujet britannique. On le voit ci-dessous en compagnie de Louis Suberbie (le barbu), lequel lui dit : "Hein, si c'était sous la Commune ?", à quoi Duncan répond : "Ils n'auraient pu arrêter nous... ce bicyclette-là est trop vite !". Humour anglais ? Allusion à un évènement de l'époque qui nous est inconnu ? (La Commune datait déjà d'un quart-de-siècle). Cent dix ans plus tard, ce dialogue reste toujours aussi énigmatique...
Ce numéro du Vélodrole est daté du 9 décembre 1894 alors que le Salon de Paris vient de s'ouvrir où l'on a vu pour la première fois cette machine en public ! Le Vélodrole n'avait pas perdu de temps, même si des dessins, aussi techniques que mystérieux pour un public ignorant, en avaient montré auparavant (dans l'hebdomadaire La Nature) quelques détails extraits des brevets.
On remarquera que toutes ces premières informations ont été publiées dans la presse cycliste (La Bicyclette et Le Cycliste qui a repris un article du Vélo-Sport Suisse) ou vulgarisatrice (La Nature). Lorsqu'une revue plus huppée comme L'Illustration s'intéresse à la chose mécanisée, ce sera pour louanger le tricycle De Dion. Il est probable que cette reconnaissance s'adressait plutôt à la qualité du personnage mondain, et député, qu'était Monsieur le Comte, qu'à ses travaux (et à ceux de MM. Bouton et Trépardoux).
Peu considérée, à part chez les sportifs (surtout cyclistes ?), la bicyclette à pétrole est traitée comme une curiosité scientifique, un passe-temps, au mieux une amusette destinée à disparaître. D'autant que son prix, environ 3 à 8 fois celui d'une bicyclette ordinaire, sa complexité et sa brutalité ne la destinent pas à connaître une grande diffusion.
Cependant, comme tout ce qui est à la mode, elle devient vite un sujet "de société" que l'on exploite par les moyens de l'art populaire. L'assiette illustrée est l'un de ces moyens qui traite habituellement divers faits ou personnages - historiques souvent - sur un ton qui se veut humoristique.
La Hildebrand & Wolfmüller n'y échappe pas et sous le pinceau de Henri Gray, ci-dessus, elle est représentée en conflit avec un cycliste qu'on appelait un "pédalard" par moquerie. (Cette assiette est une Sarreguemines authentique. Se méfier des copies, surtout si elle est au prix d'une vraie !). On retrouvera H. Gray (1858-1924) plus loin car il fut assez prolifique dans le domaine qui nous intéresse.
De Henri Gray on connaît quantité d'affiches dont le train automobile Scotte (qui faisait le trajet Courbevois-Neuilly-Colombes) ; les pétroles Stella et Lucifer ; les cycles Phébus, Sirius, Brillant, Rudge-Whitworth (point de motocyclettes, hélas) ; le Casino de Boulogne sur Mer ; les Midland Railways (agence de Paris).
Mécanique toute nouvelle, la motocyclette se fraie donc une place entre la bicyclette et l'automobile. Elle garde les deux roues de l'une sans le decorum de l'autre qui nécessite obligatoirement la présence et les services d'un chauffeur, tel le célèbre Zélélé du comte de Dion. Ce qu'un dessinateur (signature indéchiffrable) tournera en dérision, montrant sur la pelouse de l'hippodrome de St-Cloud un chauffeur "chauffant de la pipe" dans une position improbable. De son côté, sa patronne, Sportwoman aux avantages trop plantureux pour être honnêtes, "chauffe" elle aussi... et échauffe surtout les spectateurs !
Le cyclisme a du mal à oublier la moto et Stick remet le couvert en juin 1895 dans un nouveau numéro de son journal. Cette fois il se paye carrément la bobine des cyclistes. Il ridiculise l'un d'eux, incapable de lutter avec la bicyclette à pétrole.
À l'exemple de nombreux confrères éditeurs, Stick a cédé aux sirènes de la publicité plus ou moins "rédactionnelle" selon la formule du temps (et devenue la plus hypocrite mais respectable... "Publi-Information" ou "Publi-reportage" de nos jours). La légende qui figure tout en bas de la page est sans équivoque : "Le voilà bien le vrai tourisme ! Le tourisme commode, sans fatigue aux côtes, sans danger aux descentes, grâce à la bicyclette à pétrole Duncan et Suberbie".
Plutôt savoureux de lire ça dans un journal voué au cyclisme !
La charge n'est pas très fine, pas plus que la qualité du dessin, mais on voit que l'auteur, lui, est meilleur qu'un Toulouse-Lautrec (sic)... car il sait dessiner aussi bien une bicyclette que la Déesse reconnaissable au premier coup d'œil par ses traits essentiels. Tout y est, depuis le réservoir-carburateur jusqu'aux "bielles", avec leurs sangles élastiques de retour, qui transmettaient le mouvement à la roue arrière.
NOUVEAU DÉPART SUR TROIS ROUES
À la suite de l'Exposition de Paris de 1889 où furent présentés plusieurs types de moteurs fonctionnant à l'essence de pétrole, le comte de Dion décida d'abandonner ses différents véhicules fonctionnant avec des bouilloires à eau. Au terme de plusieurs années d'études et d'essais, était présenté en 1895 son fameux tricycle avec un moteur dit "à explosion". Sans trop tarder il fut immortalisé par une assiette qui fait la paire avec celle de la Duncan & Suberbie puisque réalisée par le même Henri Gray. Lequel met toujours dans ses compositions des cyclistes à la mine dépitée par cette nouvelle machine qui paraît évoluer sans efforts musculaires (en principe...).
La musique aussi s'empare du thème à la mode et déjà sont évoqués les joies et les dangers du tricycle. Mais ces derniers sont peu de choses comparés à ceux qui sont provoqués par les autres moyens de transport dont les chevaux, de trait ou de loisir, qui sont 98 285 à circuler dans Paris.
La cohabitation entre cyclistes et tricyclistes semble ne poser aucun problème en dehors de la capitale ainsi qu'en témoigne ce document dont voici le texte de présentation : "Couplets de La Revue Cycliste en 2 actes et 3 tableaux de MM. Marsoulier et Vibert - Jouée les 12 et 13 janvier 1899 à l'Institut. Musique arrangée et orchestrée par M. Deslauriers. Soirées offertes aux membres actifs et honoraires de l'Union Cycliste d'Orléans et à leurs invités) .
Vifs remerciements au Collectosaure qui m'a transmis cet inestimable document. Une visite à sa boutique virtuelle http://stores.ebay.fr/LE-COLLECTOSAURE ne peut que vous enchanter !
CHANSON DU TRICYCLE À PÉTROLE
En campagne, comme à la ville, / Partout on ne peut le nier
Règne en maître l'automobile, / Partout on la voit triompher
C'est vraiment le sport à la mode / Et de l'avis d'ses détracteurs
C'est tout de même plus commode / Que d'aller en chaise à porteurs.
REFRAIN
Il a beau s'emballer / Tout le monde en raffole
Et chacun veut aller / En tricycle à pétrole.
Près de vous à toute vitesse, / Quand il passe allègrement,
Pour lui faire place on s'empresse / De se ranger, c'est plus prudent.
Ça vous secoue un peu sans doute / Mais, aussitôt après dîner,
Quand le chauffeur se met en route / Il est sûr de bien digérer.
AU REFRAIN
À côté de sa bicyclette / Hommes, femmes, enfants grands et petits
Chacun aura sa voiturette / Dans vingt ans, je vous le prédis.
Les marchands d'pompes, les libraires / Les chapeliers, les pharmaciens,
Les journalistes, les notaires, / Tous nous serons mécaniciens.
Nota : le 28 juillet 1900, l'Académie française allait décider que le mot "automobile " était du genre masculin... Quant à savoir ce qu'était un "marchand d'pompes"...
Bicyclette à pétrole ou tricycle sont représentés dans une situation anecdotique, en général pour moquer les cyclistes et ils ont bénéficié jusqu'ici d'un traitement et de qualités artistiques disons... discutables. L'entrée en scène - et en fabrication - du tri De Dion change le décor. Littéralement parlant puisque les affiches de la marque qui, rappelons-le, sont placardées sur les murs des grandes villes, vont être signées d'un artiste de talent du nom de WILHIO.
Lui aussi pratique la scène anecdotique, mais d'une façon plus élaborée que ces prédécesseurs, faisant intervenir les célèbres personnages de la commedia d'ell arte. Arlequin s'enfuit avec Colombine au guidon du tri De Dion, ridiculisant les gendarmes à vélo et à cheval, donc incapables de rattraper les fuyards. À l'arrière-plan, Pierrot l'amoureux de Colombine se lamente, de même que l'aubergiste qui en sera pour ses frais.
La scène est naïve mais traitée comme une véritable "peinture de chevalet" et composée comme telle avec des plans différents donnant de la profondeur et avec des couleurs en parfaite harmonie. La publicité De Dion-Bouton est en bonne place et située de façon discrète quoique toute naturelle : c'est l'affiche dans l'affiche, une composition plutôt moderne. En un coup d'œil on en a compris le sens, ce qui est le propre d'une affiche réussie et le sujet à vanter - le tricycle - est d'une représentation parfaitement reconnaissable. Enfin, ridiculiser la maréchaussée est apprécié depuis Guignol tandis que le décolleté de Colombine devait aussi allumer une petite lueur au fond de la rétine des messieurs...
En balayant sur le ouèbe, on trouve à profusion des "posters" reproduisant les œuvres de Wilhio, en particulier des affiches réalisées pour le compte des automobiles De Dion-Bouton. Mais si l'on pousse la recherche sur le personnage de l'artiste lui-même, on tourne en rond. Rien sur sa carrière, pas même ses dates de naissance et mort. Cette affiche, qui fut également utilisée en hors-texte dans une revue (L'Illustration ? Le Figaro Illustré ?) est le seule exemple connu de son incursion dans le monde du trois-roues ou du deux-roues motorisé. Se peut-il que cette signature soit celle du pseudo d'un atelier ?. Quelque connaisseur en illustrateurs-affichistes de l'époque 1900 nous éclairerait.
De son côté, Adolphe Clément reste dans le classique-allégorique un peu guindé, même si, comme De Dion, il a fait appel à un célèbre artiste qui signait PAL. De son vrai nom Jean de Paleologue (1855-1942) était d'origine roumaine. Sa déesse de l'Industrie donne dans le genre presque guindé, malgré un sein découvert, et l'accent est autant mis sur le tricycle au premier plan que sur les usines (30 000 mètres carrés !) du richissime constructeur, installées en bords de Seine à Levallois.
Une machine aussi "futuriste" que le tricycle ne pouvait qu'exciter l'imagination d'Albert Robida. Il "croquera" l'engin à plusieurs reprises dans des illustrations composites sur les transports. Il illustra aussi "La Fin du cheval", un ouvrage du grand journaliste Pierre Giffard promoteur de la locomotion automobile. Mais, à l'exemple de son équivalent de la race chevaline, Robida a choisi de montrer que le cheval tricycliste pouvait avoir un comportement désagréable...
À l'intention du collectionneur qui ne voulait pas décoller des affiches la nuit par temps pluvieux (authentique !), l'Imprimerie Chaix édita "Les Maîtres de l'Affiche", une série mensuelle réunissant les plus belles d'entre elles reproduites en format réduit. Steinlen (ci-dessus) fut l'un des 97 artistes qui furent choisis entre 1895 et 1900 pour alimenter cette série de 256 affiches. D'origine suisse, mais travaillant en France, à Montmartre, Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923) collabora à de nombreux journaux "mal-pensants" dont L'Assiette au beurre est le plus célèbre et qui correspondait le plus à ses idées anarchistes. Cette luxuriante affiche des tricycles Comiot n'est pas dans la tonalité habituelle de ses nombreuses compositions. Celles-ci étaient plutôt inspirées par des scènes populaires de la rue ou du monde du travail (usines, mines), sans trop de bienveillance à l'égard de la bourgeoisie ni de sa police.
Juliette Lockert, veuve de Louis Lockert fondateur de la revue Le Chauffeur, publia un ouvrage réunissant les "portraits-charge" des grands hommes de la motorisation naissante. Le marquis de Dion y figure en bonne place avec les symboles de son activité. Assis sur la Chambre des députés où il siègeait à l'extrême-droite, il a dans ses bras une automobile et des épées, allusion aux nombreux duels que lui valurent ses opinions. Violemment antidreyfusard, il manifesta contre les expulsions des congrégations religieuses en 1903 au point que son attitude lui valut une arrestation.
En médaillon, en boutons de manchettes, sur un sifflet d'enfant et sur bien d'autres objets inattendus (outre les assiettes), le tricycle est à la mode. Un modèle de course à guidon surbaissé autant que son pilote orne cette montre de gousset en argent bien patinée par l'usage. Plus tard, la moto recevra ce genre d'hommage, en particulier une montre vendue sur catalogue par la célèbre Manufrance de St-Étienne. L'argent n'était plus que du métal ordinaire, mais le motif décoratif, donc l'essentiel, subsistait.
Moins flamboyant que son patron-associé, Georges Bouton (1847-1938) a lui aussi été portraituré dans l'album de Juliette Lockert. Juste hommage à celui qui est trop souvent en retrait dans l'épopée de l'automobilisme. C'était pourtant lui le technicien... L'artiste qui a signé plusieurs des portraits de la série Lockert est Maurice Millière (1871-1946) qui sera plus tard célèbre pour ses "petites femmes", légères et court vêtues, mais toujours rousses.
La maison de "Bibendum" bâtie en 1911 à Londres est un grand édifice de style mi-art nouveau, mi-art déco que l'on doit à Françoise Espinasse, chargée du département de la construction à Clermont-Ferrand. On y a abondamment utilisé la céramique à l'extérieur et à l'intérieur où de grands panneaux colorés retracent les principales victoires sportives des véhicules montés sur pneus Michelin. Le tricycle De Dion, y est à l'honneur dont les Auvergnats avaient acheté deux des premiers modèles en 1896 pour démontrer la valeur de leurs pneumatiques dans Paris-Marseille-Paris. Sur un panneau du même genre (qui ne sont pas signés), la moto est représentée par Bucquet sur Werner, vainqueur dans Paris-Vienne 1902.
Pour "visiter" les lieux, rendez-vous sur http://architurist.blogspot.fr/2014_02_01_archive.html
Où l'on retrouve l'inévitable Henri Gray qui a prêté son talent à un "multimarques" lyonnais représentant le tri De Dion, toujours aux mains d'une femme. La présence du rival à trois roues Léon Bollée n'avait pas l'air de poser de cas de conscience, ni à De Dion, ni à Bollée, lequel appelait d'ailleurs "voiturette" sa machine. Vous imaginez aujourd'hui un motoriste exposant dans ses vitrines, tiens, au hasard... une B.M.W. avec une japonaise à côté ? Aux dernières nouvelles, le problème serait identique dans le réseau Honda...
En manière d'à suivre... , une composition d'un autre "maître de l'affiche", qui signait Misti (ne pas confondre avec la moderne "tagueuse" Miss Tic). Ferdinand Mifliez (1865-1922) réalisa quantité d'affiches publicitaires dont, pour les machines à moteur : Hurtu, Gladiator, Alcyon, Clément, Cottereau, Clément-Panhard, Humber-Beeston, etc. On remarque que pour cette De Dion il a choisi lui aussi un angle qui met en valeur les arrières du tri et celui de la conductrice, mais...
... on peut se demander qui a commencé le premier au vu de cette illustration d'Henri Gray (encore lui) qui ornait la couverture d'un numéro "Spécial De Dion-Bouton" de La France Automobile (document déjà publié, je sais).
(À SUIVRE)
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4 commentaires -
Passage obligé de tout magazine dit "sérieux", l'éditorial est la plupart du temps un bouche-trou sans beaucoup d'intérêt. De temps à autre, surprise ! Un édito qui dit quelque chose d'intéressant. Que dis-je ? D'essentiel ! Il a paru dans la dernière livraison mensuelle de L'Expresso, la revue du Club Français du Cyclo-Sport. Je vous le livre, tout chaud sorti des rotatives :
"Lorsque notre Johnny national chantait "Souvenirs, Souvenirs", il concluait sur ces mots : "Vous resterez mes copains". Pourtant, les souvenirs sont de faux amis, ils ont la mémoire courte. Prenons par exemple la vitesse des cyclomoteurs : que l'on soit collectionneur ou pas, on se souvient des pointes à 90 km/h voire davantage. Alors, prenons les résultats publiés par Scooter & Cyclomoto : le Giulietta GSS 3 atteint 68 km/h pilote assis, 74 km/h pilote couché. Le Peugeot BB3 ne se foule pas la rate, 54 assis, 58 couché, moins bien que la Mobylette AV 89 (61 et 69 km/h). À qui, à quoi la faute ? Les tachymètres nous mentaient, mais nous le savions ; le plus "marseillais" de ces compteurs nous paraît être celui du Peripoli Levriero, 95 au compteur, 66 au chrono ! Alors, si vous voulez rester copain avec vos souvenirs, ne les mettez pas à l'épreuve de la réalité...".
C'est signé BST (qu'on ne présente plus) et qui, en juillet 1984, écrivait au directeur de La Vie de l'Auto pour lui demander de passer dans ses colonnes un petit texte afin "d'essayer de créer un mouvement d'intérêt (amicale, etc) en faveur des cyclomoteurs de sport des années 60". Lesquelles années étaient pour lui "L'époque la plus féconde de l'histoire du 2 roues". Mazette, rien que ça !
Cependant BST a réussi dans son projet. La preuve, il a troqué son nom contre un acronyme connu de tous. Il a aussi fait connaître le club du Cyclo-sport qui donne désormais des leçons de modestie dans les colonnes de sa revue. Car ce qui est valable pour les cyclos l'est aussi pour les motos dont certaines se voient auréolées de performances largement aussi "marseillaises" que celles que cite BST. À méditer, donc, mais surtout pas de noms, on ne veut vexer personne !
BST avait joint à son texte la photo de l'un des ses quinze cyclos-sport, un Itom si j'ai bonne vue.
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Deux mots sur ce blog. Il prend la suite de celui que vous pouvez toujours retrouver sur over-blog. À l'avenir, seront publiées ici les nouveautés et aussi la suite des articles commencés précédemment, tel celui sur la moto française de l'année 1925. Restez à l'écoute, et surtout... ABONNEZ-VOUS !
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