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Le tiroir à double-fond était autrefois la calamité du "vieux" journaliste que l'on dit aujourd'hui "de papier", par opposition à celui qui écrit directement dans le poste... je veux dire dans l'ordinateur. Mais ce dernier ustensile, Mac ou autre, est aussi "piégeux" qu'un bureau en bois nanti de tiroirs où s'entassaient jadis documentation et photos. On n'a pas idée de ce qui vient se nicher dans le disque (mou mais parfois dur) de la machine informatique. Exemple avec ces photos et dessins des Bol 50 et 51 revenus au jour à la suite d'une fausse manip' sur le clavier. Tous bien classés et millésimés, mais pas rangés où il fallait. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Pas la dernière non plus...
(Cliquer pour agrandir les images qui sont sous © Zhumoristenouveau sauf dessins Moto Revue)
Vous avez failli ignorer ce dessin d'Eugène Mauve, le père-créateur du Bol d'or, tel que l'a représenté la revue Motocycles grâce au talent de Le Penven. Ce dernier est parfaitement ignoré du célèbre "Dico Solo", un ouvrage qui recense pourtant, avec notice sur chacun d'entre eux, plus de 5 000 dessinateurs que l'on dit "de presse", mais dont beaucoup dépassent cette case limitée (Sempé, Dubout, Willem, Reiser, Daumier, Pellos, Ordner, etc).
BOL D'OR 1950
Photo à peine lisible repêchée dans la revue Motocycles, mais il s'agit bien de Moury, le prodige de la catégorie 125 sur sa Puch. Il est bien reconnaissable, ne serait-ce que par sa tenue particulière en selle, très penchée sur l'avant.
Avant le départ, on se la joue pilote de record, juste pour le plaisir du photographe (Godard sur DKW 350, qui a fini 4ème au classement général).
Motobécane/Motoconfort était présent dans la course en catégorie 75 cm3 avec les deux Poney de 60 cm3 engagés par deux amateurs. Celui de Schombs présentait un levier de sélecteur étudié pour permettre le changement des rapports lorsque le pilote était en position couchée, avec les pieds sur les repose-pieds passager. Fixé au tube de selle, un petit bidon d'huile destiné au graissage de la chaîne. Ce Bol d'or de 1950 est le seul de l'après-guerre qui a vu courir des machines de moins de 125 cm3.
Leninger sur 125 Terrot poursuivi par une ecadrille de vaisseaux venus d'un autre monde ? Non, simplement les lampes éclairant le virage de l'épingle du Faye. La cabane des commissaires à gauche est très représentative de l'état des infrastructures du circuit de Montlhéry. Passée dans le langage courant de l'époque, l'expression "c'est du provisoire qui dure" n'étonnait alors plus personne...
BOL D'OR 1951
Visages marqués par l'effort (et les fumées grasses du deux-temps ?), Weingartmann (à gauche) et Krammer se félicitent de l'excellente tenue de leurs 250 Puch autrichiennes. On va encore entendre parler d'eux et de la marque dans les Bols suivants.
L'une des Monet-Goyon de la "Série Verte" du Bol était présentée sur le stand de la marque au Salon de Paris 1951. L'occasion de détailler les différences avec la 197 de série surtout dans la partie-cycle. Elle présente l'incongru "correcteur Grégoire", ou l'art d'utiliser en flexion un ressort hélicoïdal censé travailler en compression/extension. D'après la "Bible" Monet-Goyon & Koehler-Escoffier de Jean Goyard (Édition du Vieux Guidon), ce "correcteur" s'est aussi retrouvé sur des Automoto et des Jonghi.
... le tout moyennant supplément. Toujours selon Jean Goyard, c'est le P. D-G. de Monet-Goyon qui incita l'ingénieur Grégoire à adapter son correcteur à la moto, comme il l'avait déjà fait sur certaines automobiles françaises (Citroën refusera...).
Sur les "Séries vertes" du Bol d'or, le carburateur avec sa cuve fixée au cadre est incliné (montage dit downdraught), selon une méthode censée accélérer la vitesse de remplissage des gaz. La commande des vitesses (trois seulement) s'effectue par un rustique sélecteur double-branche avec renvoi. Des problèmes d'embrayage et de freins élimineront deux des trois machines engagées. On ne sait rien des améliorations apportées aux moteurs.
Quatre sidecars étaient aux prises en catégorie 750 dont celui de Druet (Club Motocycliste de la Sûreté Nationale. Il se composait d'une partie-cycle B.M.W. presque moderne (R 71) avec le moteur culbuté de la R 75 (Russie/Libye) dont on remarque le proéminent carter de dynamo à l'avant du bloc. L'ensemble était plaisamment présenté comme étant la R 73, "chaînon manquant" dans la chronologie des flats bavarois.
Le même équipage B.M.W. R 73 au passage du poste de contrôle "Départ-Arrivée" surtout occupé par les pompiers et un policier de la route (à droite). Vu l'état de la chaussée, on comprend qu'il était périlleux de sortir de la trajectoire...
Les sidecars 750 CEMEC, fruit de mariages franco-allemands à base de moteurs/boîtes de flat-twins à soupapes latérales (origine R 12) étaient opposées (...) aux bien plus rapides B.M.W. Baptisées L7, elles étaient "francisées" par leur appareillage électrique et, comme ici, par deux carburateurs Gurtner. Un sélecteur à la géométrie... osée leur sera ensuite adapté.
C'est surtout par le positionnement de leur moteur que les Macquet-Ydral attirèrent l'attention. Haut placé dans le cadre, il permettait des inclinaisons en virages spectaculaires.
Dans les années suivantes, les évolutions en compétition du moteur Ydral menées par Georges Agache, occuperont longtemps les commentateurs. Il en sera de même avec ses réalisations audacieuses en matière d'aérodynamisme, menées en liaison avec AGF.
Confiée à Tiers, l'autre Macquet-Ydral à cadre rigide fut moins chanceuse que celle menée par Agache. Ce dernier devait terminer troisième de la catégorie 175 (avec un 125 à peine réalésé) où il avait affronté pas moins de 21 concurrents.
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... c'est pas pour vous !"
... car c'est à ce public qu'elle est destinée. Précisons pour ceux d'entre vous qui n'ont pas en poche une Mastercard Platinum (*) et ne fréquentent pas les pince-fesses huppés du monde du luxe, que sur la photo ci-dessus on voit les deux Midual (il en existe donc deux...) exposées en Californie lors du Concours d'Élégance de Pebble Beach d'août dernier et en première mondiale. Pour la description de cette moto à 140 000 euros, reportez-vous à votre internet habituel qui tartine sur elle des éloges à n'en plus finir. Avec les inévitables "éléments de langage" puisés dans les argumentaires du constructeur, c'est moins fatigant.
(*) ... qui vous permet de retirer 5 000 euros par semaine (je parie que vous l'ignoriez)
Disparue des écrans radar depuis 16 ans, Midual nous (nous ?) revient sous une forme nouvelle. Elle avait pourtant de quoi plaire, cette 900 du Salon de Paris 1999. Très différente de la Voxan qui venait à peine de naître, différente surtout par un moteur tellement original qu'il en épata plus d'un. Ce flat-twin longitudinal reste aujourd'hui son principal argument de vente car le reste de ses composants est d'un classicisme éprouvé, on allait dire affligeant (ABS oublié ...). En prime une ostentatoire finition propre à séduire les émirs des pays du Golfe. Pour l'instant, ceux-ci s'intéressent aux chevaux, aux hôtels de luxe, aux clubs de foot, aux voitures de police (à Dubaï, des McLaren 210 000 € hors options), etc, mais ils se mettront peut-être un jour à la moto.
C'est qu'il ne s'agit plus désormais de vendre une moto au "motardus vulgaris" mais à quelqu'un qui a déjà tout. C'est à dire "tout" ce qui indique au premier coup d'œil que c'est quelqu'un d'important, ou du moins de puissant, donc fortuné. Sur la route, plutôt dans son garage, il a une Bugatti-Veyron (2 500 000 euros). Au bord de la piscine de l'hôtel 36 étoiles, sa montre "platinum" (4 000 000 dollars) fera oublier son excédent pondéral. Je vous laisse compléter la panoplie. Qu'ajouterai une moto à son bonheur, lui qui ne se déplace qu'en jet privé ou en Bentley-chauffeur ? La satisfaction de posséder un objet unique (enfin presque) et, surtout, que ça se sache. Le luxe, ce n'est rien s'il reste secret.
Par ailleurs, on reste étonné du manque d'imagination des créateurs de Midual dont ils ont conservé un nom sans prestige. Les Anglais ont "relevé" les noms prestigieux de leurs plus anciennes marques pour relancer leurs productions nouvelles, à commencer par Brough-Superior en passant par Triumph, Norton (hum...), Ariel (hum...hum...). Sans parler d'Indian, Horex chez d'autres. Au lieu de Midual, il y avait un choix français avec DOLLAR ou La Française-DIAMANT, voire MONEY-Goyon (au prix d'une légère coquille). Des mots qui vont droit au cœur des gens de la finance et du luxe !
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Cela va faire 7 ans que l'Amicale Limousine de Motos anciennes (ALMA) édite son calendrier illustré par les aquarelles d'Alain Maisongrande. Année après année, l'artiste complète sa propre collection de motos, celles qu'il estime exceptionnelles à des titres divers. Pour 2015, il en a sélectionné une douzaine - ça tombe bien, autant que de mois dans l'année. En voici cinq dont il m'a envoyé des reproductions. Le pingre ! Il va falloir que je l'achète son calendrier pour avoir les sept autres !
Celle-ci, c'est mon choix personnel car c'est la plus ancienne de la série (de seulement 5...). Cette Cottereau est de 1904 et Alain l'a croquée "d'après nature" puisqu'elle fait aujourd'hui le bonheur d'un collectionneur. Constructeur établi à Dijon, voisin de Terrot, Cottereau avait choisi le moteur belge Minerva 2 cv 1/4 à soupapes latérales après ses débuts avec un plus modeste Zedel de 1 ch 1/2. La marque se tournera ensuite vers l'automobile.
Une rareté que cette 500 Dresch 1932 dans sa version à soupapes en tête. Rare, car si l'on en connaît plusieurs, tout autant bicylindres et avec tranmission par arbre, elles ont des soupapes latérales, la version culbutée SS (Super-Sport) est nettement moins courante.
Ratier ou la "BMW française" (sniff...) encore une belle aventure de la moto tricolore qui a mal tourné. Heureusement, avec la Midual, on est sur la bonne voie (enfin) ! Non mais, allo quoi, je viens de dire une connerie là ?Cette Norton P11, c'est LA BÊTE qui devait faire la loi dans les courses de désert aux États-Unis : un moteur Norton 750 dans une partie-cycle allégée (170 kilos, tout de même...), petit réservoir, garde-boue alu, etc. Vendue sous différentes marques, Norton, AJS ou Matchless, son sort sera réglé par la marée montante des deux-temps que vous savez et Norton se concentrera sur la Commando.
Encore une machine destinée au continent américain, cette 850 Guzzi plaira bien aux polices de certains états de l'Ouest. Outre un équipement spécial propre à un usage particulier (sirène commandée par le pneu arrière, radio sur le porte-bagages, lampions divers autour du phare, large guidon, pare-brise), elle présente le frein avant double-cames du modèle Sport. Par la suite elle recevra un simple disque.
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Ces belles images sont reproduites au format "double A4" et réunies dans le Calendrier 2015 de l'ALMA disponible chez Alain Maisongrande ALMA 9, rue Jourdan 87350 Panazol. Chèque de 9,90 euros, port compris, à son nom.
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La première fois que j'ai tapé le nom de Thomas Mailaender sur mon clavier, c'est la photo ci-dessus qui est apparue. C'était plutôt un bon début, quoique l'uniforme... . Mais pourquoi s'intéresser à ce Thomas, direz-vous. Un "article de journal" m'a orienté vers lui, non parce qu'il y était question de motos, mais d'un "atelier" de photographie qu'il a organisé en pleine nature pour ses élèves-photographes lausannois. Et pleine nature, ça voulait dire vivre sous la tente, pêcher des poissons et des écrevisses, faire sa cuisine au feu de bois, se laver à la rivière, etc, tout comme des scouts des années 50. Bref, vivre "comme des bêtes". Aujourd'hui ça se fait peut-être encore - les scouts - mais j'ai quitté ma patrouille des Chamois (Meudon) il y a bien trop longtemps pour être au courant de l'actualité. M'étonnerait guère que le portable ait remplacé le morse et le sémaphore à bras, tandis que les nouilles pas cuites n'existent plus depuis l'avènement du micro-ondes portatif fonctionnant au solaire (ça vient de sortir). Quant aux bucoliques "feuillées", elles ont dû céder devant les écolo-chiottes chimiques.
Vous allez trouver qu'on est loin de la moto, mais pas tellement, tant Thomas Mailaender brasse et rebrasse photos du net, objets usuels, idées pas nettes, actions bizarres. Il les passe à sa moulinette personnelle pour recréer de nouvelles formes qui s'entrechoquent et, parfois, se téléscopent à travers le temps.
Ainsi, deux jours après ma recherche sur le net, le destin - toc, toc - frappe à ma porte. Je mets la main sur une série de photos semblables à la série "Acrobatic team" de Thomas où figure la photo ci-dessus. Étrange coïncidence entre un exercice classique de l'acrobatie motocycliste avec l'autre, en noir et blanc ci-dessous, exécuté plusieurs décennies auparavant par d'autres "anges de la route"...
... un peu plus agrandie ensuite...
Sauf qu'à y regarder de plus près, elles diffèrent par un point essentiel : les "modernes", ceux de la photo en couleurs, posent à l'arrêt, trahis par le pavé de bois placé sous le cylindre de la BMW Serie 2. Sur toutes les photos de Thomas Mailaender, les machines sont calées ainsi, l'une l'est même sur un crick de voiture bien visible. Du coup, la performance perd beaucoup, sinon tout, de son audace.
C'est en introduisant ce simple détail que Thomas modifie la signification de la photo. Comme un petit gravier dans la chaussure entrave la démarche du piéton.
Pour les aficionados de la chose, voici quelques unes des autres fantaisies (fantasias ?) commises par nos policiers de la route qui maltraitent ainsi des CEMEC et un sidecar Terrot, toutes pièces de collection !
... On commence par du facile...
... on s'essaye à virer "en frottant du casque"...
... et maintenant, soyons fous !
Sans oublier cependant que c'est souvent sous cet aspect nettement moins plaisant qu'on a eu affaire à eux. Mais il n'a peut-être arrêté cette D.B. (Deutsch & Bonnet) que pour féliciter le propriétaire de son bon choix enviable... (Photo Sureté Nationale)
♥
Avant de nous quitter, un petit échantillon des travaux de, ou avec, Thomas Mailaender. On lui doit bien ça puisque c'est lui qui est le prétexte à la présente échappée, aussi motocycliste que policière. D'autant que la moto tient une place parmi les photos réalisées lors du séjour forestier de son équipe d'étudiant(e)s. Au moins en une occasion, c'est elle qui est la vedette dans une mise en scène foutraque qui tient à la fois...
... de "Tarzoon, la Honte de la Jungle" et de "L'Abominables Homme des Glaces" (des "Neiges", me souffle-t-on, mais c'est pareil). On reste ébahi par la santé de ces jeunes Lausannais qui ont dû ingurgiter des kilos de tablettes de chocolat pour en récupérer le papier alu nécessaire à cette œuvre. Il est vrai qu'en Suisse le chocolat est une industrie à peine moins dynamique que celle des comptes bancaires à numéros... Cette photo ridiculise aussi les milliasses de photos de filles du Net censées mettre en valeur une moto par leur plastique dénudée. Sur une Harley-Davidson de préférence, tant l'imagination de ces "photographes pour ainsi dire" est aussi limitée que la taille des strings de leurs modèles.
Autre installation de Thomas qui n'a rien à voir avec la moto, on s'en douterait. C'est le "Chicken Museum" où sont rassemblées des poules qui vaquent à leurs occupations tout en jetant un coup d'œil sur des photos collées au mur, comme feraient les visiteurs d'un musée ordinaire. Mais celui-ci en diffère par la "cage" vitrée dans laquelle les "vrais visiteurs" doivent s'avancer pour voir le "Chicken Museum". Du coup, la scène est inversée : pour les poules, ces humains sous verre deviennent les sujets de l'exposition. C'est çà, l'effet Mailaender, le petit gravier dans la chaussure...
Thomas est toujours là où on ne l'attend pas. En 2008 il a offert aux Restos du Cœur de Marseille, sa ville natale, 3 000 rouleaux de papier-Q. La direction l'a remercié de ce cadeau qui représente pour l'association la "consommation" de toute une année...
♥ ♥♥♥
Pour tout savoir (et plus encore) sur le bonhomme, rendez vous sur www.thomasmailaender.com
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Un Bol d'or dont les hiérarchies sont menacées, sinon bouleversées. Au point que les revues spécialisées elles-mêmes s'en font l'écho, sans qu'on sache si c'est volontaire ou non. Ainsi, dans son numéro de compte-rendu de l'épreuve, Moto Revue consacre sa couverture (à gauche) non pas au vainqueur mais au 4ème du classement général, Françoise sur Jawa ! Récidive au numéro suivant qui présente Moury le 3ème sur sa Puch. Paraissant plus tard, le rival Motocycles a eu le temps de la réflexion et rétablit la norme en faisant plaisir à tout le monde : l'organisateur, le vainqueur et son "manager" dont il faut deviner les noms. Ce qui est une "première" dans la Presse motocycliste : publier en couverture le résultat d'une des plus grandes courses françaises sans mentionner son nom et sans... photo d'une moto !
(Pour les agrandir, on clique sur les images qui sont © Zhumoristenouveau. Prière de ne pas l'oublier...)
Revenu sur le Circuit des Loges à Saint-Germain-en-Laye, le Bol d'Eugène Mauve retrouve son caractère de grande fête motocycliste, attirant un public moins "spécialisé" mais plus nombreux que celui de Montlhéry. Au contraire de ce dernier, son accès est facilité par la présence à 500 mètres de la gare de St-Germain. Mauve a promis des attractions en attendant le départ du samedi 15 h 30, ainsi que des buffets, buvettes et restaurants. Il sera demandé 100 F pour garer son automobile et 50 F pour motos et sidecars, mais "garage gratuit pour les bicyclettes".
Tracé en pleine forêt, ce circuit bénéficie d'un revêtement correct empruntant une portion de la Nationale 184. Avec, cependant, une partie qualifiée de "tôle ondulée" par Moto Revue et qui causera plusieurs crevaisons de réservoirs et ruptures de cadres (!). Les pilotes (toujours un seul par machine) souffriront physiquement, surtout des bras et poignets au point que plusieurs devront abandonner pour cette raison.
Fait assez rare, on annonce l'engagement d'une importante marque française en 250, sous les deux noms de Monet-Goyon et Koehler-Escoffier. Leurs moteurs sont des monocylindres deux-temps Villiers (production sous licence par les constructeurs mâconnais) de 197 cm3. L'une de ces trois machines, une Koehler-Escoffier sera pilotée par Pierre Monneret. Ses talents de champion de vitesse ne seront pas de trop pour contenir une concurrence annoncée comme redoutable dans cette cylindrée des quart-de-litre où se trouvent les Puch d'usine et les Jawa.
Photo prémonitoire où l'on pourrait croire que la 250 Puch de Robert Moury (équipé de guêtres de l'U.S. Army !) est en train de doubler la Norton 500 Manx de Gustave Lefèvre. C'est sans doute le contraire qui se produit, mais dans peu d'années la marque autrichienne va s'affirmer de façon plus éclatante. Comme les deux autres machines de l'équipe Puch, celle de Moury est dérivée de la 250 TFS. Annoncée en série pour 15 chevaux, elle devait en offrir (au moins...) 5 de plus par la grâce de deux carburateurs et d'une préparation interne particulière. Ce qui, au mois d'août suivant à Montlhéry, lui permettra de battre plusieurs records de longue durée dont les 9 heures à plus de 130 km de moyenne.
Les tubes d'échappement relevés ne se justifiaient pas vraiment sur un circuit comme celui du Bol d'or car on est encore loin du pilotage "genou par terre"... Pourtant on les retrouve cette année là sur toutes les Puch, quel que soit le type d'épreuve où elles ont figuré : endurance, Six Jours Internationaux, Deutschlandfahrt, etc. Il est vrai que le Bol était une épreuve unique au monde et qu'on n'allait pas modifier une machine pour cette seule occasion, une machine qui, par ailleurs, ne fut produite qu'à seulement 400 exemplaires (hors les modèles "usine").
Comme il fallait s'y attendre, c'est encore Lefèvre qui sort vainqueur de ce Bol sur sa Manx préparée par Garreau. Victoire sans trop de mal, surtout après l'abandon à la 18ème heure de son rival le plus dangereux, Rossignol sur 500 BSA Gold Star (numéro 2). La diversité du matériel-photo des reporters est bien illustrée ici avec les "modernes" à Leica 24 x 36, les "classiques" avec chambres à plan-films (ou même plaques-verre !), les "sportifs" à caméras mécaniques et le véritable "amateur" fidèle à son 6 x 9 à soufflet...
À la mi-course, le vaillant mono culbuté aux trois fusils n'avait que 7 tours de retard sur l'ACT, mais dans les 6 heures suivantes, Rossignol faiblissait. Blessé à l'épaule dans le récent marathon motocycliste Liège-Monaco-Liège, la douleur le contraint à l'abandon. Il était alors toujours en deuxième position, mais avec 40 tours derrière Lefèvre. Durant les premières heures, on avait vu aux avant-postes la Guzzi de Barde qui tournait dans les temps des meilleurs en 500 et 350. Il pilotait une 250 munie de son silencieux, tout comme les Puch et Jawa. Heurté par un autre concurrent, Barde repartit pour quelques tours avant de disparaître définitivement. Ni Motocycles ni Moto Revue n'en ayant publié de photo on sait seulement que cette Guzzi était une Airone Sport mono culbutée de 12 ch au catalogue... Sans doute bien préparée car elle abattait ses 20 à 21 tours dans l'heure, tout comme les Puch d'usine !
Devant les Ets Pierre Humblot, importateur parisien des Puch en France (et Colonies...), sont réunis les pilotes et mécaniciens qui vont œuvrer pour la marque dans ce Bol d'or 1951. De gauche à droite : Weingartmann, Georges Monneret qui passait par là (tout frais de son Tour du Monde en 125 Puch et avant les records qui l'attendent au mois d'août), Krammer, Moury et trois mécaniciens. Les machines sont prêtes, quoique dépourvues de leurs silencieux qui seront montés pour l'épreuve. Hormis l'allègement des garde-boue et des freins, elles sont proches de la (petite) série, du moins extérieurement...
L'aspect "machines de série" est marqué de façon évidente par la présence d'un kick et de la boîte à outils qui doit contenir également les connections électriques nécessaires à l'allumage batterie-bobines. Ces dernières sont logées sous la selle. Outre un large matelas de caoutchouc-mousse, cette selle est prolongée par un coussin de garde-boue (pillion-seat, pour les anglophiles) sauf sur la n° 30. Cette machine destinée à Moury n'a pas besoin de cet "accessoire" étant donné la position en course du Français, très en avant (voir la première photo de l'article). On retrouve ici les mêmes personnages que précédemment (Weingartmann, Moury, X.... non identifié et Krammer) reçus par Pierre Humblot (?) costume sombre.
Sous un soleil radieux, Krammer (n° 31) chasse la Jawa 250 de Grave et tous deux vont doubler la D.S. Malterre 175 de Mathieu. Virer "à la corde" est quelque peu périlleux à St-Germain, la corde étant constituée d'une bordure probablement en vrai granit breton.
Décidément, il est dit que le Bol d'or ne sera jamais le terrain de jeu favori des Monneret ! Le père s'y frottera pourtant dans une première apparition (sauf erreur) en 1930 sur une Rovin 250 et sous le nom de Lemoine. Elle se solde par un abandon. Même sanction l'année suivante où il a tenu une douzaine d'heures au guidon d'une Jonghi 350 culbutée. Scénario réédité en 1938, encore sur Jonghi (devenue Prester-Jonghi). En 1949, Georges et son fils Pierre sont sur des 250 Sertum italiennes : abandon du père tandis que Pierre atteint une quatrième place sans éclat dans sa catégorie. Présent à nouveau en 1951, Pierre pilotait une 250 Koehler-Escoffier. Dans la première heure il fera jeu égal avec les 250 Puch et les 350 Jawa mais les pannes successives, de même que la fatigue, auront raison de sa fougue. Une autre 250 mâconnaise (Monet-Goyon), celle du lieutenant policier de la route Dauge, se hissera en 8ème place au général, juste devant la Matchless 350 (pilote Riche), seule quatre-temps dans les 10 premières classées (avec la Norton, of course !).
Ils étaient seulement 6 en 1950 dans la catégorie 175 "mais par un prompt renfort ils se virent 21 au départ du Bol d'or"... de 1951 ! Ce "prompt renfort" était dû à la détestable interdiction des compétitions en 125. Certains, au prix d'un léger réalésage, se retrouvèrent donc avec leur 125 dans la catégorie autorisée. D'autres avaient fait confiance aux moteurs A.M.C. 175, parfois de 150 cm3 seulement, tel un Jean Mathieu qui fournira le vainqueur de la catégorie avec sa D.S. Malterre. Dans les premières heures de la course, François Valeyre (n° 55) sur sa Guiller-A.M.C. avait pris la tête des 175. Mais trop sollicité comme tous les moteurs de série de la concurrence, le sien devait avouer ses limites au terme d'une agonie mécanique à épisodes, de même que celui de Guillot (n° 54) son co-équipier.
Le drapeau à damier de l'arrivée est brandi par Eugène Mauve au passage de l'équipage de Charlemagne sur 500 NSU. CLAP DE FIN ! Pompiers, gendarmes et policiers de la route forment un comité d'accueil plutôt enthousiaste mais un peu restreint. Ne manque plus que la "miss" et son bouquet de fleurs... Souvent cette fonction sera tenue par Mlle Colin, secrétaire d'Eugène Mauve et de l'A.M.C.F.
Portrait de famille et mission bien remplie par les rouges 250 Puch de Weingartmann, Krammer et Moury (de gauche à droite). La firme autrichienne prendra goût à l'épreuve française et reprendra les mêmes champions avec d'autres dans les années suivantes, jusqu'à la consécration finale d'une victoire au classement général en 1954 !
Avec une 4ème et une 5ème places au classement général, on comprend que l'importateur des Jawa, Jacques Poch (au milieu, sous le béret basque) ait un large sourire. C'est Françoise (15) et Leninger (16, tout à droite) qui ont signé ce palmarès avec leurs 350 twins tchécoslovaques. Confirmation avec des 250 seulement par Grave, à gauche (35) et Hervé (34), qui font respectivement 7 et 10, toujours au général. Dans le cas de Françoise, c'est une consécration particulière pour ce fidèle du Bol. Il a commencé à y participer dans les années 30, entre autres sur des sidecars dont un sublime 600 Norton-Bernardet "aérodynamisé" à l'extrême et qu'il mènera à la 4ème place toutes catégories en 1934.
(À suivre : Bol 1951, quelques détails techniques)
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Ce bienheureux est à la poursuite de ses collègues de travail qui sont à retrouver dans l'article "Chaval" du 20 octobre dernier.
Du même Chaval, et dans l'esprit de "Homme particulièrement doué réussissant à éprouver une sensation de vitesse par simple rotation de la terre", vous devez, toutes affaires cessantes vous rendre sur YOUTUBE pour y regarder une bidonnante vidéo de quelques minutes intitulée "Vicious Cycles" dont voici l'adresse retrouvée grâce à Jacky Pichaud.
http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=UAj0NvKt9pM
Comme elle a été mise en ligne par plusieurs internautes, elle existe en autant de versions plus ou moins longues et surtout plus ou moins bonnes en qualité. Celle-ci n'est pas la meilleure, mais en tâtonnant vous trouverez facilement la plus lisible.
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'Mars qui rit, malgré les averses, prépare en secret le printemps'
(Extrait de "Émaux et Camées", par Théophile Gautier, 1811-1872)
Portrait assez représentatif du motocycliste des années 70, celles du renouveau de la moto en France. Un peu de rebellitude dans le cheveu qui se porte long, un peu de révolte juvénile peinturlurée sur le Cromwell. L'œil est jeune. Un brin rigolard, malgré une atmosphère humide qui inclinerait à la morosité. Pourtant Marc Raymondin (c'est lui) aurait des raisons de l'être, morose. Au cours des essais de la veille, il a "touché" une soupape sur sa Norton culbutée. Démontage en urgence et en plein air, puis aller-retour vers Paris pour trouver les pièces de rechange. Au retour, à l'aube du dimanche, le décor a complètement changé. Le soleil du samedi a été chassé par une pluie intermittente qui noie le parc coureurs où la réparation s'est effectuée, devant des boxes fermés, à l'abri d'une bâche tendue par des bras amis ! On rit donc "malgré les averses", comme l'a voulu le poète, en ayant eu confirmation que le printemps commence le 21 mars et pas le 6 !
(Pour les agrandir, on n'oublie pas de cliquer sur les images qui sont toutes © Zhumoriste)
Beaucoup moins de monde que la veille à l'entrée de la pré-grille. Les pilotes (De La Dessa sur Norton ES 2) y trouvent un sol bétonné mais pas vraiment propre puisqu'on y accède par un chemin de terre... Même à pied, la combinaison motarde est appréciée alors que le "bob" publicitaire est assez peu imperméable. C'est assez malcommode, mais contre l'eau qui mouille rien ne vaut un parapluie !
Même lieu et une autre machine bien plus récente, une Triton. C'était le bitza-type recherché à l'époque (tout comme aujourd'hui), et composé d'un bicylindre Triumph culbuté installé dans une partie-cycle Norton.
Figure pittoresque de toutes les manifestations, courses, rallyes, bourses d'échange ou expositions, Jean-Jacques Boinet était sur une Saroléa. Cette 500 "Championne de Belgique" fut aussi aux premières places de nombreuses courses des années 30. La sienne aurait été une ex-Georges Monneret, comme celle de Venin...
Fantaisie ou réelle utilité, la roue arrière flasquée n'a pas vraiment convaincu, même si on la vit beaucoup sur des machines de records. La recherche qui devait aboutir au carénage sera longue et surtout menée de façon empirique, chez les Anglais, alors que du côté italien et allemand les usines bénéficiaient des facilités offertes par de véritables souffleries.
Dineur, vainqueur toutes catégories sur sa Triton, eu bien du mal à se débarrasser de la BSA Gold Star. Le frein à disque à l'avant de cette Triton était une entorse au réglement, mais il fallait pouvoir offrir un plateau consistant pour une première "vraie" course d'anciennes. En vérité, le public avait été alléché par la présence de Johnny Ceccoto, engagé pour le "Million". La piètre prestation de ce champion lui vaudra des sifflets lorsqu'il s'arrêtera à son stand "sur panne mécanique" au cours de la 2ème manche.
Pittoresque Norton affublée du réservoir d'une Alcyonnette des années 30 ! Ayant crevé le réservoir d'origine de son Inter 500, Daniel Mocquart avait trouvé cette solution pour rester dans une course où il ne voulait pas laisser sa part. Sa passion pour les courses d'anciennes (il habitait "Le Gros Mono", quelque part en Seine-et-Marne) lui coûtera la vie, peu de temps après, lors d'une funeste journée d'essais sur le Circuit Carole.
Ce n'est pas si souvent qu'une photo d'une machine italienne offre cet aspect humide...
... mais tout l'ensemble de cette 500 Gilera Saturno était traité à la même enseigne... mouillée. Maquettiste à Moto Journal, Harald Ludwig avait l'occasion de signer un bon résultat dans cette première historique. Avec fougue, il batailla entre la Norton ACT de Beaudoin et la ES 2 à Raymondin lorsqu'une sortie de route, sans mal pour lui, détruisit l'échappement de la Gilera, le forçant à l'abandon. On le voit ici en conversation avec Philippe Barret qui sera un jour rédac'chef de Moto Journal.
La participation de Ducrocq dans les courses de motos anciennes a été météorique mais impressionnante par la façon dont il menait sa 500 BSA Gold Star de 1955. Il se classera juste derrière le vainqueur à la Triton après avoir bagarré contre la Velocette de Prot et la Norton Inter de Baudoin.
Ils sont peu de cette génération à être restés dans le milieu motocycliste, ancien ou pas, et Marc Raymondin (500 Norton ES2) est l'un d'eux. Il a promené son sourire charmeur dans toutes les disciplines possibles : vitesse (un peu), dragster, trial, moto-cross et il est l'un des rares Français à avoir tenté des records à Bonneville.
Elle était déjà en photo dans l'épisode précédent, mais on ne se lasse pas d'admirer la si belle mécanique de Texier (Velocette KTT 1933). À l'arrière-plan à gauche, on distingue l'une des célèbres "Mille Pattes" Citroën avec une moto arrimée sur son plateau. Je me souviens vaguement qu'il pourrait s'agir de la Norton ou de la Gilera destinées aux deux journalistes de Moto Revue, Christian Bourgeois et Jean-Claude Bargetzi.
Didier de La Dessa sur la ligne de départ avec sa Norton 500 ES2. Il est encore sur le bitume avant d'aller faire un peu de jardinage dès le premier tour. Ce qui ne l'empêchera pas de rejoindre en piste les 19 rescapés des essais de la veille !
Stoïque pilote à moustache sur Triton (désolé, non identifié...) sous un fin crachin dont on espère qu'il va se calmer alors que le pire reste à venir ! L'homme barbu avec la casquette est Bargetzi, présent mais pas concurrent, en conversation avec Boinet casqué de blanc. Au fond à droite, de dos avec chapeau, c'est peut-être Jacques Potherat (?).
Dernière photo avant le feu vert avec, de gauche à droite : Baudoin (Norton Inter), Boinet (Saroléa) à demi caché par Prot (Velocette) puis Raymondin (Norton). Le commissaire de piste est un habitué des lieux et s'est vêtu en conséquence donc en pêcheur d'Islande...
Pas impressionné pour autant, de La Dessa (Norton ES2) à la chasse d'une autre Norton, la 88 de Lechelle. Vingt ans de différence et aussi quelques dizaines de chevaux !
Après être passé par la case tout-terrain (via le magazine Moto Verte), Didier Coste (Norton CS1) sera, et reste toujours, un accro du cyclecar, de préférence à 3 roues, de préférence britannique. Il a transmis le virus motocycliste à l'un de ses fils, Jérome, actif participant au championnat anglais de dirt-track, catégorie Vintage (sur une BSA mono culbutée), en compagnie de son grand copain Frank Chatokhine..
C'était plutôt risqué de lancer une vénérable Championne de France sur une piste aussi détrempée, mais Patrick Delli a rapporté la Koehler-Escoffier à son port d'attache.
J'aurais aimé terminer sur une belle photo nette de cette Gold Star en action, mais à l'époque je n'avais pas d'appareil photo à moi. J'en empruntais un à un ami différent pour chaque reportage que je faisais et à chaque fois je me retrouvais avec dans les mains un appareil inconnu... quant à l'autofocus on ne savait même pas ce que c'était !
L'un des virages du fond du circuit le dimanche : pas besoin d'en dire plus sur les raisons du renoncement à la finale du "Million" ! Les diverses primes et cette fameuse "brique" furent cependant normalement attribuées (Photo publiée dans Moto Revue).
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On sait comment les débuts de la motorisation en Grande-Bretagne furent entravés par une réglementation aussi ridicule que contraignante. C'est, toutes proportions gardées, un obstacle de ce genre qui se dressait dans les années 70 devant quiconque voulait organiser SUR CIRCUIT une course de motos anciennes hors du cadre de la Fédé, donc sans accord des pouvoirs publics. En 1976, le Club du Motocyclettiste avait pu mettre sur roues quelque chose d'approchant en programmant à Dijon-Prenois une réunion de "mise au point, essais et entraînement" qui put satisfaire l'autorité compétente. Pas assez "saignant" cependant pour l'appétit de certains néo-coureurs. Ils s'égarèrent hors de nos frontières, vers Zolder en particulier où ils retrouvaient les amateurs belges, suisses, allemands, néérlandais, français et (inévitables), les britanniques.
Une divine surprise se produira dans le cadre de la Course du Million organisée le 25 mars 1979 à Magny-Cours, sous l'égide de Moto Revue. Au milieu du Challenge Honda 125, de la Coupe Kawasaki (650), du Challenge Honda 400 et d'autres courses du championnat de vitesse s'intercalèrent des manches réservées aux moto anciennes. Le vibrionnant Jacques Potherat, qui avait mis sur pied L'Association Françaises des Amateurs de Motos Anciennes (présidée par Baudoin), avait l'oreille de Serge Pozzoli, gourou de Moto Revue. C'est probablement lui qui avait su toucher la fibre du collectionneur de motos qu'était "Popo", au point de lui suggérer d'inclure les motos anciennes dans le programme de ce Million à Magny-Cours. Ce qui fut fait, peut-être à la suite d'un PVQ (*) notifié à la rédaction de la revue.
(*) Dans les années Pierre Lazareff à France-Soir, il était d'usage d'accompagner un écho essentiel ou une information, une photo, etc, de ces trois lettres "PVQ" signifiant "Pierre Veut Que...". Cela voulait dire que l'objet de cette mention devait être obligatoirement publié. Un PVQ devenu "Popo Veut Que" chez la revue rouge ?...
On est prié de cliquer pour les agrandir sur toutes les photos qui sont © Zhumoriste (avis aux amateurs...)
Par un matin ensoleillé du printemps, une trentaine de coureurs potentiels se présentèrent, équipés de machines de course ou de sport. Mais pour réunir un plateau consistant, on avait dû tailler large : de la 175 à la 600, de la "sport de catalogue" à l'authentique ACT de compétition. Au nombre des forfaits, on remarquait particulièrement celui de deux journalistes de ... Moto Revue ! L'un, Jean-Claude Bargetzi devait piloter une Manx mais, dans ce week-end, il avait par ailleurs à diriger quelques épreuves de marques dont la célèbre Coupe Kawa. L'autre était Christian Bourgeois, annoncé sur une 500 Gilera Saturno et qu'on ne vit jamais...
Les montures des pilotes prêtes à envahir le paddock (ci-dessus) donnent une idée de leur diversité : de gauche à droite on trouve une AJS 7R (Kiéné, n°22), une Velocette cachée par une autre Velocette 500 KTT (Langanay, n° 14), une New-Map 350 (Soulier, n°6), encore une Velocette Venom (n°11, Prot) et enfin la Saroléa n°12 de Salvat (une 600, spéciale sidecar).
Présentée ici par Patrick Delli voici l'une des rares authentiques machines de course françaises engagées. Cette Koehler-Escoffier 500 ACT fut championne de France en 1930 avec Marcel Château, dessinateur chez Monet-Goyon la maison-mère de K-E.
Même s'il a existé au catalogue New-Map au moins un modèle "Spécial Compétition" (LS 2 en 250 et LS 3 en 350), la marque lyonnaise était peu représentée sur les circuits de vitesse. Cependant, des coureurs privés lui établirent un beau palmarès en endurance et surtout en courses de côtes dans un grand Sud-Est avec le Ventoux, les Alpilles, Limonest, Laffrey ou Val-de-Cuech. Réputées pour leur élégance et leur finition, les New-Map furent diversement motorisées : par JAP (ci-dessus, une 350 aux mains de Soulier), Chaise, MAG (dont le bicylindre en V semi-culbuté), L.M.P. et aussi des New-Map d'origine.
À côté de ses réalisations extrêmement personnelles, Jean Nougier faisait bénéficier de ses talents et connaissances des machines que lui confiaient des amateurs exigeants. Exemple sur ce JAP culbuté équipant une Terrot et mené par Martin.
"Terrot - Nougier Frères - Préparation", au temps où ce dernier mot avait une réelle signification (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit...)
La plus petite cylindrée présente était la 175 Morini "Settebello" du Docteur Gilles. C'est une machine de 1961, donc hors de la limite d'âge fixée à 1957. Mais, bonne fille, l'AFAMAC prenait en compte la date d'apparition du premier modèle de la marque.
Autre véritable machine de course, la 350 Velocette KTT (MK 3) de 1933 de Texier. Elle a appartenu au grand champion René Boura qui remporta avec elle la victoire absolue au Bol d'or 1933. Elle est reconnaissable à son réservoir d'huile en aluminium et de grande contenance (6 litres), réalisé par Boura lui-même. À droite une Triton (pilote Dineur) qui concourra hors-classement à cause de son frein à disque à l'avant.
Autre repère d'authenticité sur la Velocette-Boura, cette feuille frappée sur le carter-moteur, un marquage qui empêchait le changement d'une pièce essentielle dans certaines épreuves. Cependant, à ce jour, on ignore si cela se pratiquait pour le Bol.
Didier Coste sur une Norton 500 CS1, l'ACT (CamShaft) à l'origine d'une longue et glorieuse lignée. En Belstaff (le vrai), chemise à carreaux de bûcheron et jeans à larges revers, les jeunes spectateurs pourraient nous rejouer un "Retour vers le futur"...
La 350 AJS 7R (à Kiéné) était la rivale préférée des Norton Manx. Deux gros monocylindres différents par leur commande de simple ACT : par arbre sur les Norton, par chaîne chez AJS. Impeccable finition de l'AJS en noir avec filets or, le must chez les anglaises.
Le petit tête-de-fourche avec son minuscule saute-vent était la seule concession à l'aérodynamisme pratiquée chez AJS, opposée comme Norton et d'autres au carénage en compétition internationale (avant de s'y mettre eux aussi...)
Confrontation entre deux machines de la même marque, mais qui ne jouaient pas dans la même cour : en "Avant-guerre" pour Didier de La Dessa et sa 500 ES2 mono culbutée de 1936, tandis que la twin 88 de Lechelle (1955) concourait en "Après-guerre".
Ultime vérification par Prot sur sa Velocette Clubman "Venom" dotée de quelques bonnes pièces, mais qui a gardé son caractéristique silencieux "fishtail".
Le président de l'AFAMAC Baudoin sur une impeccable Norton 500 Inter de 1935 à la sonorité "mégaphonique" comme il se doit. Au second plan, Bernard Salvat, casqué "Géno Aviation" (?) sur sa 600 Saroléa.
(Prochain article : le Million coule, les anciennes rament !)
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IMPORTANT : ce blog est la suite de "Z'humeurs & Rumeurs", blog toujours consultable mais en sommeil désormais. Merci de le faire savoir autour de vous !
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