• Des questions (m')ayant été posées sur Facebook trouveront ici une réponse car le présent support permet de publier des photos de plus grandes dimensions donc plus visibles.

    En écho à la pochette du disque de "Hector et les Mediators" Une amusette pour commencer avec le chanteur/acteur Jacky Moulière en recherche de vitesse sur un side BMW de porteur de Presse. La BMW est facilement reconnaissable, de même que le side (un "porteur" Précision en alu dont le nez apparaît sous le phare de la moto...

    Réponses à des facebouqueurs

     ... en revanche, impossible de déterminer le lieu de prise de cette photo. Le bassin avec jet d'eau est pourtant un bon indice que quelqu'un parmi vous reconnaîtra surement (il ne s'agit pas de l'un des 6 bassins du Rond-Point des Champs-Élysées).

    Jacky Moulière, né en 1944, a commencé une carrière au cinéma en 1954 dans "Les fruits sauvages" suivi de "Chiens perdus sans collier" en 1955, puis "Les Assassins du Dimanche" la même année. Chanteur, il enregistre son premier disque en 1963 et le dernier en 1969, couvrant la grande période du "yé yé". Aux dernières nouvelles il vit en France après des escapades au Québec.

    Réponses à quelques fessebouqueurs

    Jacky avec Barbara Laage (Les Assassins du Dimanche"). 

    Réponses à quelques fessebouqueurs

    Réponses à quelques fessebouqueurs

    Jean-Paul Decreton est "hanté" par la Jonghi TJ4 et voudrais des photos de cette machine sous tous les angles. Le maître ès-Jonghi français Patrick Delli a réagi et signale sa page avec son album bien garni sur cette marque. J'y joins quelques photos supplémentaires dont une d'époque (ci-dessus, immatriculation de Juillet 1931) et deux autres prises lors de manifestations contemporaines (ci-dessous).

    Réponses à quelques fessebouqueurs

    Réponses à quelques fessebouqueurs

     Au jeu des 7 z'erreurs, on remarque quelques différences avec la machine d'époque. La plus visible étant la forme et la position du sélecteur transformé en un long levier comme pour un changement de vitesse à la main... Toujours à l'époque, l'échappement libre était un "must" sur une sportive (comme aujourd'hui), quoique muni d'un semblant d'étouffoir à effet... intermittent et en fonction de la présence/absence de la maréchaussée. L'ablation du kick faisiait aussi partie de la panoplie du "pur et dur". La question ne se pose plus aujourd'hui et on le regrette vivement car dans nos rues, le démarrage à la poussette d'une Ducati 1199 ou d'une GSXR-R fournirait un spectacle rare. Ne pensons même pas à une Honda Africa Twin...

    ----------------------------------------------------------

    AVIS AUX AMATEURS : J'ai remis la main sur une dizaine d'exemplaires du livre "Les Motos des Français - Un album de famille 1945-1970". Un chèque de 40 euros - port compris -  fera de vous un homme (ou une femme) heureux (heureuse).Tous renseignements complémentaires : janbour@free.fr


    5 commentaires
  • (D'après Charlie Hebdo du 1er juin 2016)

    Échec à la clope : radical et dans la joie !

    L'art et l'argent - le gros pognon, le fric, pas le métal précieux - fêtent leur union tous les ans dans un grand raout de plusieurs jours dénommé Art Basel (c'est de l'alémanique...) ou encore Foire d'Art Contemporain, qui s'est déballée à Bâle. Comme on est en Suisse, nichoir des grosses fortunes, la carte de paiement y est sans complexe chauffée à blanc. Un exemple de prix pour un mobile de Calder : entre 6 et 7 millions de dollars... (j'adore ce "entre"). D'autres "mobiles" y étaient aussi visibles et à vendre dont des œuvres d'un peintre-sculpteur qui s'est beaucoup intéressé à l'automobile et à la moto : Salvatore Scarpitta. D'origine italienne (1919-2007) il a fait carrière aux États-Unis où il a passé sa jeunesse à traîner dans les garages californiens. On y pratiquait alors des chirurgies explosives à base de gros V8 et de... Ford T, accouchant de midgets, stock cars et autres trapanelles qui écumaient les pistes de speedway du littoral ouest-américain. Salvatore fait ensuite des études d'art en Italie où il rencontre - entre autres - le futurisme. Revenu aux États-Unis, il commence la Seconde guerre derrière les barreaux car il est catalogué ennemi de par son origine. Libéré rapidement il s'engage dans la Navy pour le reste du conflit. Il sera plus tard membre de la Commission chargée de retrouver les œuvres d'art pillées par les nazis.  

    Échec à la clope : radical et dans la joie !

    Influence du futurisme dans cette "œuvre motocycliste" de Salvatore Scarpitta. On y reconnaît sans peine le moteur d'une Moto Guzzi avec son spectaculaire volant-moteur "coupe-jambon".

    Échec à la clope : radical et dans la joie !

    Échec à la clope : radical et dans la joie !

     Deux lithographies en noir et blanc datant de la jeunesse de Scarpetta.

    Au milieu des années 50 (dans la critique d'art, on dit "au mitan"...), il réalise des "emballages" énigmatiques qui seront sa signature pour l'éternité. Parallèlement, il revient à son amour premier de la course automobile et convainc Leo Castelli, puissant galeriste new-yorkais, de financer un projet pour le moins original. Dans ses sculptures (que l'on Échec à la clope : radical et dans la joie ! qualifiera d'emballages, faute de mot approprié) il incorpore progressivement des éléments de voitures de course, un harnais-ceinture de pilote, un échappement (à droite). Puis il s'attaque carrément à la réplique d'une voiture de course à l'échelle 1. Il ne s'agit pas de n'importe quel racer mais de la Rajo Jack Special d'un pilote des années 30 lui aussi "spécial" car c'est un ... Noir ! Dans une Amérique où règne la ségrégation de façon officielle, qui ne sera abolie qu'en 1964, Dewey Gatson - son vrai nom - est le premier pilote Afro-Américain à entrer dans l'histoire de la course automobile.

    S'il figure aujourd'hui parmi les élus du fameux West Coast Stock Car Hall of Fame, il n'a cependant jamais été affilié à la toute-puissante AAA (American Automobile Association) car pour courir dans les épreuves qu'elle organisait (Indianapolis, par exemple) il fallait passer un examen médical. Rajo disait qu'il serait éliminé à cause de l'œil qu'il avait perdu dans un accident à moto, mais ses copains pilotes savaient que ce serait à cause de la couleur de sa peau. Dans d'autres circonstances, il se faisait engager comme coureur portugais sous le nom de Jack De Soto ou encore se disait d'origine Indienne (Native American). Le vainqueur d'une épreuve avait droit comme partout à la remise Échec à la clope : ça vient de sortir et c'est dans la joie !d'un trophée accompagné de la bise de la Échec à la clope : radical et dans la joie !Miss de service. Mais aux États-Unis, pas question évidemment qu'une femme blanche embrasse un noir ! C'est donc à Ruth, sa femme qui le suivait partout, que revenait l'honneur du bisou, respectant ainsi les règles de la ségrégation...  (Photo à gauche). C'est à cet homme que Scarpetta a rendu hommage en réalisant une réplique de la Rajo Jack, sa façon à lui de critiquer l'odieux racisme anti-noir ignominieusement justifiée par une interprétation tordue de la Bible (Genèse 9-27). La Rajo Jack va être suivie d'autres constructions automobiles. En effet, vers 1960, Scarpitta va mettre en chantier, grâce à l'appui de Leo Castelli, une vraie voiture de course, la Sal Scarpitta Special. Elle sera ensuite intégrée avec d'autres du même calibre dans un Team Scarpitta, toujours avec l'appui du galeriste new-yorkais dont elle portait les couleurs sur les circuits.

    Échec à la clope : ça vient de sortir et c'est dans la joie !

     La Rajo Jack Special dans un cadre très éloigné de son terrain de jeu habituel. Dans le fond à droite, on distingue l'avant d'une voiture du Team Scarpitta-Castelli.

    Échec à la clope : ça vient de sortir et c'est dans la joie !

    Peinture et bois, l'une des œuvres de Salvatore Scarpitta exposée à Bâle (Prix sur demande).

    Échec à la clope dans la joie : il fallait y penser !

    Le bon goût du maître s'exprime dans le choix de la motorisation de cette Red Hauler : rien de moins qu'un bon gros JAP bicylindre en V culbuté, abondamment survitaminé et suralésé.

    Échec à la clope : ça vient de sortir et c'est dans la joie !

    L'autre facette du talent de Scarpetta, qui avait horreur des injustices, s'exprime dans cet assemblage de 1992 qui fait penser à une énorme tapette à souris. C'est bien une tapette en effet, mais celle-ci c'est pour prendre les hommes, ce que révèle le titre " Ivan's bedroom - Gulag" que Scarpetta lui a donné.

    Lâcher la clope : acrobatique mais efficace !

    Lâcher la clope : acrobatique mais efficace !

    De quoi réjouir (ou atterrer...) les amoureux de la marque

    C'est avec ce moteur qu'Indian Motorcycle® a annoncé son intention de revenir dans la compétition américaine de flat track de façon officielle. Dans une langue de bois dont on fait habituellement les manches de pioches, le constructeur de Minneapolis (Polaris) déclare que sa machine sera "engagée dans une compétition sur un circuit encore à choisir". Sa mise au point se fera sur la saison 2016 afin qu'il soit pleinement compétitif en 2017. Les amateurs sont invités à se tenir au courant des "détails et des progrès de cette machine lors de sa première course" en consultant les medias et réseaux sociaux D'après ce qu'on en voit, ce moteur est un 750 à 4 soupapes et double ACT refroidi par eau. La partie-cycle qui le recevra n'est pas encore connue.

    En cadeau promotionnel : 2 "mitan" offerts par la maison...

    Lâcher la clope : acrobatique mais efficace !

    Lâcher la clope : acrobatique mais efficace !

    ...Collectionnez-les, ils vont prendre de la valeur si bien que vos enfants seront heureux de les retrouver plus tard !

    $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $ $

    AVIS AUX AMATEURS : J'ai remis la main sur une dizaine d'exemplaires du livre "Les Motos des Français - Un album de famille 1945-1970". Un chèque de 40 euros - port compris -  fera de vous un homme (ou une femme) heureux (heureuse).Tous renseignements complémentaires : janbour@free.fr

      


    5 commentaires
  •  27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    On jongle avec la chronologie car cette photo est celle d'un épisode de la course des sides et cyclecars du lendemain dimanche, vue d'une passerelle édifiée pour l'occasion. Elle permet de mieux voir l'agencement des stands face à la tribune. L'ambiance est à la fête grâce à l'éclairage des installations et aux guirlandes lumineuses, à droite au loin, qui précèdent le passage devant le public. Des étendards entourent la tribune dont les spectateurs, pourtant censés être des privilégiés, sont obligés de se lever pour voir les concurrents. Ceux-ci doivent être vigilants sur une route qui n'est vraiment pas large et dont l'espace se rétrécit encore lorsque l'un des équipages est arrêté à son stand pour ravitailler ou mécaniquer.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Le geste de Tony Zind, futur vainqueur, révèle la fatigue engendrée par deux tours d'horloge sur une moto privée de la suspension de selle du modèle de série. La largeur du guidon de sa Motosacoche avait fait sensation, en harmonie avec la taille des volants des automobiles de la même époque...

    SAMEDI 6 HEURES 30 MINUTES. 17 concurrents sont en place. En réalité, le départ sera retardé à cause de Rasser (sur Rasser 350) qui n'a pas sa licence. Tout s'arrange enfin, sauf pour le même Rasser qui, par la suite sera éliminé. Des crevaisons à répétition l'ont empêché d'effectuer dans les trois premières heures les 90 kms requis par le règlement.

    Le début de la course se mène à un train de Grand Prix entre Pinney (500 Triumph), Naas (Gnome-Rhône 500) et Laurent (X... à moteur Madoz 350) dans cet ordre. Pinney se détache tandis que Zind sur l'une des deux bicylindres du plateau (Motosacoche 500, l'autre est la Koehler-Escoffier de Lambert) revient sur Naas,27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2) deuxième. Pinney rétrograde après le bris d'un fourreau de fourche avant. Il sera mis hors course à la 10 ème heure pour réparation interdite (changement de la fourche ?). Tony Zind sur sa Motosacoche et Henri Naas sur Gnome-Rhône se passent et se repassent le commandement.

    Vue "fantôme" du moteur MAG semi-culbuté (dit aussi "à soupapes opposées") de la Motosacoche. Sa distribution originale sera au catalogue des Suisses durant plusieurs années, en mono comme en bicylindre. Chaque culbuteur est sous un boîtier lubrifié à la graisse. (Dessin extrait de "Töff-Land Schweiz" Édition SERAG). 

    La bicylindre semi-culbutée du Lyonnais (on le présente souvent comme un pilote suisse) ne faiblira pas durant les 24 heures d'horloge, pas plus que son pilote qui ne s'est jamais arrêté ! Sans doute fut-il galvanisé par la section de trompettes de l'armée française qui, a intervalles réguliers, sonnèrent "de fraîches et guillerettes marches de cavalerie" (dixit Moto Revue). Ce qui semble aussi inspirer Pierre bien décidé à faire briller sa D.F.R. 350 deux-temps (moteur Train), fleuron de la société qu'il a créée en compagnie de son beau-frère François Désert lequel, est le "D" du sigle de la marque (Pierre est le transparent pseudo de Pierre de Font-Réaulx).  

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Tôt le matin ou tard le soir, alors que les commissaires procèdent à des vérifications sur sa Motosacoche, Tony Zind arbore un large, en contraste avec la photo précédente. Après sa 3ème place au G.P. de Lyon et la même obtenue au G.P. de Strasbourg, cette victoire au Bol d'or lui vaudra le titre de Champion de France dans la catégorie "Vitesse".

    En tête de la course, Naas souffrant des yeux subit les assauts de Pierre qui finit par le dépasser. À la 21ème heure il s'est hissé à la deuxième place, à 3 tours derrière Zind qui paraît toujours intouchable. Mais dans l'obscurité Pierre fait une chute dans un virage. Pas de mal pour le pilote, mais l'acétylène de l'éclairage met le feu à sa D.F.R., la rendant hors d'usage. Avec 214 tours, Pierre était alors deuxième au général et largement en tête des 350, mais son abandon le prive de ce classement au bénéfice de Clech (Motosolo). Avec près de 20 tours d'avance sur Naas qui doit s'arrêter souvent pour faire soigner ses yeux (*), Zind est assuré d'une victoire qui lui aura été disputée jusqu'aux dernières heures.

    (*) La revue Cyclecars & Voiturettes met en cause le "chlorure" (dérivé à base de sel). Utilisé pour le salage des routes en hiver, il était destiné ici, après arrosage, à maintenir la poussière au sol. Cette pratique était souvent fatale aux magnétos mal protégées.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Sur une demi-page ou une page entière, Motosacoche proclame sa victoire dans une dure épreuve qui ne connaîtra un succès total que plus tard. Les Suisses confortent ainsi une excellente réputation qui s'est répandue à travers l'Europe, aussi bien en France qu'en Italie, en Allemagne ou en Angleterre.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

     Malheur aux vaincus ! ("Vae Victis"). La gloire se mesure dans les gazettes à la dimension de votre photo et c'est pourquoi Pierre n'a eu droit qu'à cette seule vignette de 60 mm de large dans une seule des trois revues qui ont "couvert" ce Bol d'or. Elle permet cependant de vérifier que le moteur de sa D.F.R. est bien un Train alors que le catalogue D.F.R. s'est enrichi d'un 350 Blackburne culbuté théoriquement plus performant.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Bien que privé de sa place de second car il n'a pu franchir la ligne d'arrivée avec sa machine, et pour cause, Pierre n'a pas renoncé à exploiter la performance de la D.F.R. En sidecars, Dubost est l'une des nombreuses victimes des incidents et accidents qui ont émaillé l'épreuve du dimanche. Outre les accrochages dûs à l'exiguité du circuit, le mauvais état de la route a fait des dégâts parmi les cyclecars moins agiles sur 4 roues à éviter les nids de poule et autres ornières. Cette épreuve rassemblait aussi le plus grand nombre d'engagés : 12 en sidecars et 25 en cyclecars. Au bilan, multiples bris de roues et d'un volant de direction (!) outre de nombreuses collisions, y compris celle d'un sidecar (D.S. de Sigrand) contre un poteau électrique...

    Le retrait forcé de la D.F.R. de Pierre a porté une énigmatique "X à moteur Madoz" à la première place des 350 cm3. Aux mains de Laurent, elle n'a guère brillé avec ses 179 tours, pas plus que l'autre 350 classée, la Supplexa de Cavanet (136 tours). Deux kilométrages qui sont inférieurs à ceux de plusieurs 250 dont celle de François Clech (ci-dessus), vainqueur de sa catégorie qui a couvert 218 tours sur sa toute jeune Motosolo. Cette performance le porte à la troisième place du classement général, derrière Zind (243 tours) et Naas (224 tours). Ce n'était pas un coup d'essai car déjà, en 1920 et 21 Clech s'était permis avec ses 250 ou 350 de battre des pilotes de cylindrées supérieures, même en "Vitesse".

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Les idées personnelles de Clech commence à se voir sur sa Motosolo de ce Bol 1922. Un petit réservoir d'huile logé sous le réservoir principal (mélange à 10 %) permettait d'apporter un supplément de lubrifiant dans les passages difficiles (canicule du jour et fraîcheur de l'aube). Des planchettes sont fixées sur les repose-pieds afin de pouvoir changer de position, une idée qui sera reprise par Moury sur sa 125 Puch du Bol 1950. Clech a le même geste que Zind...

    La gestation de cette marque nouvelle venue à la moto a été assez compliquée, et même  chaotique. Sa première apparition s'est faite de façon masquée sous le nom de Bi-Temps le 6 juillet 1919. En hommage aux régions meurtries et libérées, il était proposé un Paris-Reims-Paris à couvrir à une moyenne imposée. Emmanuel Dubost, pilote-vedette chez René Gillet dans l'avant-14, est au départ sur une deux-temps de 250 cm3 à la partie-cycle aussi anguleuse que sommaire (ci-dessous). En particulier dans sa fourche dont le T de direction semble coulisser dans la colonne de direction, suspendu par des ressorts en compression et en extension (çui qui a mieux comme explication peut reprendre le micro).

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Transmission directe sans la moindre trace d'embrayage sur la Bi-Temps de Dubost et en l'absence de pédalier, le démarrage devait exiger quelques qualités sportives.

    L'intérêt reside dans le moteur attribué à un flamboyant personnage apôtre du deux-temps : Achille Marcel Violet (1886-1975). Déjà bien connu pour ses cyclecars de la fin des années 10, il avait trouvé des soutiens financiers pour ses réalisations dont la première (avec des  moteurs Quentin, Cohendet ou Anzani), était baptisée Violette, en toute simplicité. Selon ses propres déclarations, son commanditaire était alors un certain, ou incertain, comte de Chevigné. Or, décédé en 1876, ce dernier n'a eu qu'une fille, elle-même disparue en 1877 (Trou de mémoire ou... affabulation ? ! ?). L'année suivante, nouvelle production cyclecariste avec la Violet-Bogey, et aussi un nouveau commanditaire qui existe vraiment et se nomme Bogey, restaurateur de son état. Cette fois, le moteur (signé Violet ?) est un 1000 quatre-temps, bicylindre vertical semi-culbuté mais à la distribution inversée : latérales à l'admission et culbutées à l'échappement, le tout étant refroidi par eau.

    En abordant la moto au lendemain de la guerre, Violet a réduit la voilure avec des monos deux-temps de seulement 250 cm3, puis 350 cm3. Parallèlement, il planche sur un cyclecar, un "Torpédo", pour le compte d'Arnold Legras, un "mécène" - un de plus - qui vient de fonder la Sté SICAM (Société Industrielle de Construction d'Automobiles et Moteurs) dans le but d'exploiter les brevets (les idées ?) de Marcel Violet. 

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Immortalisé dans Moto Revue en 1919, Marcel Violet au volant de sa création à 4 roues en compagnie d'Arnold Legras. C'est ce dernier qui finance, mais Marcel est au premier-plan...

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Détails du bicylindre deux-temps de 500 cm3 avec son ventilateur de refroidissement des cylindres sous capotage. Le changement de vitesse progressif s'obtient à l'aide de deux poulies extensibles : on recule ou on avance l'essieu arrière en agissant sur la tension des courroies de la transmission.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    À la fin de 1919, le représentant du véhicule pour Paris, la Seine et la Seine-et-Oise sera M. Bogey, 57 bld de Grenelle, Paris, qui fut partenaire de Marcel Violet dans l'aventure du cyclecar Violet-Bogey.

    Revenons à nos motos et à ce 6 juillet 1919 que Dubost a dû maudire. Il était parti avec l'intention de faire des essais de bougies, un ustensile qu'on a connu longtemps capricieux sur les deux-temps, surtout en période chaude. Sa Bi-Temps lui fera toutes les misères du monde et le retard occasionné le met hors course en vue de Montmirail, après 90 km de route. Il continuera afin de rallier Reims. La deuxième course de l'année est le Circuit de l'Eure (vitesse) où l'on attendait une fois encore la Bi-Temps, mais elle est forfait ! Marcel Violet a estimé que sa machine était "trop vite" pour ce circuit (Boutade ou forfanterie, on ne saura jamais, mais comme Violet n'a pas laissé le souvenir d'un joyeux drille...). 

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Pilote inconnu sur la Bi-Temps que devait engager Violet au Circuit de l'Eure (ou un modèle semblable). Le moteur est plus volumineux que le précédent, mais l'architecture est la même avec ce gros volant extérieur qui signe les produits de SICAM. Autre caractéristique, l'échappement dirigé vers l'arrière. On trouve encore ici une suspension avant excentrique. Débattement extrèmement faible si (on le suppose), le T de direction coulisse dans la colonne contenant des ressorts (?).  

    Dubost reprend le guidon d'une 250 de la SICAM, mais cette fois c'est sous la marque Motosolo qu'elle apparaît. Il arrive ainsi équipé au Circuit de la Grande Ceinture, une épreuve de tourisme qui fait le tour de Paris sur 200 km environ. Mais dans sa catégorie, il27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2) doit affronter les Alcyon qui sont tout bonnement les machines que la marque engage d'habitude en Grands Prix ! Sans surprise, la victoire en 250 revient à la "bleu-ciel" de Louis tandis que Vulliamy et Joly remportent les lauriers en 350 et 500 sur deux autres Alcyon, elles aussi de G.P. Le classement s'effectuant par addition des temps réalisés dans deux courses de côte (Chanteloup et Cœur-Volant), Dubost y est crédité de 2 minutes 58 contre les 2 minutes 46 de Louis. Pas de quoi rougir, mais le deux-temps a encore beaucoup de chemin à faire, et ce sera le travail d'un François Clech dans les années suivantes. Il lui faudra cependant composer avec les soubresauts de l'entreprise d'Arnold Legras. pris dans des soucis financiers et des rivalités de personnes. Si bien qu'il a dû traiter avec le constructeur de ses machines, la vieille firme Paz & Silva qui est sur le marché depuis le début du siècle. Un siècle qu'elle a inondé de matériels divers mais indispensables : ampoules électriques, fers à repasser, séchoirs à cheveux ou radiateurs. Sa "surface" 27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)économique et financière ira en s'étendant durant des années, au point que vers 1930 c'est elle qui est chargée des illuminations de la façade du plus grand cinéma d'Europe (6 000 places), le Gaumont-Palace de la place Clichy. Ajouter la construction motocycliste à son portefeuille ne devait pas lui être un problème et c'est sans doute sous son impulsion (et ses finances...) que Motosolo va pouvoir se hisser au niveau des "grands". Du moins dans le domaine publicitaire en apparaissant ailleurs que dans les revues spécialisées où elle était d'ailleurs très peu présente, le budget destiné à "la réclame" étant plutôt consacré au "Torpédo" de la SICAM.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Messieurs Paz & Silva frappaient fort - et haut - avec cette demi-page de pub dans le prestigieux titre de presse qu'était l'hebdomadaire L'Illustration (un peu le Paris-Match de l'époque, en moins futile). Ils y apparaissent en tant que "constructeurs" et l'adresse qu'ils donnent a un autre éclat que le lieu de fabrication des machines, rue Saint-Charles, dans l'industrieux quinzième arrondissement de Paris. On remarque que cette annonce est de mai 1920, quelques mois après le Salon de Paris où la livraison avait été annoncée pour le 15 décembre" (de 1919). L'affaire avait donc été menée rondement, avec cependant un bémol à l'arrivée : la Motosolo à deux vitesses s'affiche à 2 600 F au lieu des 2 250 F du Salon (1950 F avec transmission par courroie directe).

    TOUJOURS PRÉSENT : SICAM OU MARCEL VIOLET ?

    Lorsqu'on se plonge dans les aventures de Motosolo, on a la tête qui tourne au bout d'un moment tellement les informations disponibles se contredisent. Surtout lorsqu'elles sont données dans le plus grand b....., je voulais dire "désordre". Reste que Marcel Violet est un fil conducteur qui va (peut-être) de la SICAM à plusieurs marques qu'on n'attendait pas : Griffon, Alcyon et Cazenave ou Gratieux (plus d'autres que la postérité a oubliés).

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Marcel Violet "Number One" en costume-cravate à côté de son co-équipier Baudelaire second de la catégorie, mais nettement moins brillant que lui, couvrant 574 km contre 768 km au vainqueur de la catégorie. En l'absence de bouteille d'acétylène pour l'éclairage, celui-ci est électrique, fourni par une magnéto entraînée par chaîne sur un pignon visible derrière le cylindre.

    Lors du Bol d'or 1922, l'ingénieur-pilote a fait lui-même la "réclame" pour Griffon en menant durant les 24 heures la bicyclette à moteur Griffon-Sicam, établissant une moyenne de 32 km/h qui atteignait parfois les 44 sur certaines heures. Sa machine était la 125 deux-temps (quoi d'autre ?) que Griffon avait baptisée "Motoclette", bien dans l'esprit de la vague de machines ultra-légères qui régnait alors en France.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

     Saisi en pleine vitesse au guidon de son bolide, Marcel Violet ne bénéficiait que d'un semblant de suspension avant et rien à l'arrière. La Motoclette survivra au moins jusqu'en 1926 chez Griffon, mais ramenée à 100 cm3, tandis que la Motoclette 125 cm3 était motorisée par un deux-temps - toujours - mais celui-ci était fourni par Train, le grand rival de SICAM.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

     Débattement symbolique d'une suspension avant pendulaire qui ne se retrouve nulle par ailleurs que chez Griffon et semble avoir été conçue par la marque elle-même. 

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Du début de sa carrière en 1921 jusqu'à sa disparition vers 1926 (?), la Motoclette fut toujours proposée au même prix de 1675 F. Une vue de la machine du côté droit révélerait sans doute un carter recouvrant l'entrainement par chaîne de la magnéto.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Dès 1921, SICAM était engagé dans la compétition comme ici au Paris-Mantes-Paris du 5 juin organisé par le Scooter Club de France. Le pilote est François Clech, toujours très élégant et avec sa casquette "jockey" bien enfoncée. Outre un parcours "touriste", une épreuve en côte - celle de Flins à 6 % - départageait les concurrents. 

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Six d'entre eux se classèrent ex-œquos, ayant respecté la vitesse moyenne imposée de 20 km/h. Parmi eux Clech, tandis que l'un de ses deux co-équipiers, Baudelaire (ci-dessus) écopait de 6 points (Pas de nouvelles du troisième de l'équipe SICAM). Les deux pilotes classés récoltaient la Coupe destinée à l'équipe de participants d'une même marque ayant le moins de pénalisations. Cette Coupe était offerte par la... SICAM.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Troublant de trouver le groupe SICAM sur une Cazenave, constructeur établi à Belin (Gironde), bien loin de Paris. Cette "Cazenavette" présente des similitudes avec les SICAM de Clech et Baudelaire, en particulier leurs pédaliers tous semblables, à une époque où le dessin du pédalier était quasiment la signature d'une marque. Cazenave ajoutait néanmoins une fourche avant suspendue et plaçait le réservoir de carburant en un endroit moins exposé. À noter que l'échappement de cette machine est coudé à sa sortie alors qu'il est quasi direct sur celles de Clech et Baudelaire. Signes d'un préparation" particulière signée de Clech ?

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    Autre "invité" insolite de la construction SICAM, une Gratieux qui ne figurera pas au catalogue de cette marque plutôt éphémère. L'air de famille est cependant irréfutable.

    27 Mai 1922 : le premier Bol d'or (2)

    On termine en revenant au Bol 1922, dont on s'était longuement éloigné, avec cette photo des Griffon 250 de Jean Borgotti (21) et Coudert, respectivement 2ème et 3ème derrière Clech. Sous cet angle, il est impossible de savoir quels moteurs équipaient ces machines d'une marque très volage dans ce domaine, faisant appel aussi bien à Anzani qu'à Train ou Moser, en plus de ses propres productions dérivées de moteurs d'avant 1914. Sur la n° 22, on aperçoit une double chaîne de transmission primaire et au réservoir un levier type "moulin à café" qui pourrait révéler un changement de vitesse qu'on trouvait alors sur les Motosacoche. Il ne figurera pas sur les modèles de série.

    Prochain article : Le Bol des sidecars et cyclecars


    1 commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires