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EN 1903, plus de 1 300 000 bicyclettes "ordinaires" sillonnent les routes de France. C'est là, se disent certains, un marché qui demande à être motorisé de façon économique. Des dizaines et des dizaines d'inventeurs-constructeurs vont s'employer à cette tâche d'autant que la diffusion de la bicyclette semble ne pas devoir connaître de ralentissement. En 1907 on comptabilisera 2 000 000 "petites reines" qui seront 3 500 000 à la veille de la guerre.
Modeste prospectus d'une marque qui en diffusera beaucoup d'autres très détaillés par la suite.
C'est à ce marché potentiel que MM. Adolphe Herdtlé et Albert Bruneau vont proposer au Salon 1904 leur motocyclette complète à 360 F ou leur moteur seul de 120 cm3 (75 mm d'alésage x 45) vendu 170 F et adaptable sur toute bicyclette ordinaire. "Pourvu qu'elle soit de bonne fabrication", ajoutait L'Industrie Vélocipédique et Automobile en présentant le moteur. Avec sa largeur de 11,5 cm, poulie et allumeur compris, il a été conçu pour s'insérer sans problèmes devant le boîtier de pédalier, entre les manivelles. Bien d'autres caractéristiques le distinguent des productions concurrentes, à commencer par une finition raffinée. Le moteur et sa "tuyauterie" (sic) sont nickelés (carters compris) de même que le réservoir et le radiateur des modèles postérieurs à refroidissement liquide. Enfin, et surtout, il offre une rareté sous forme d'une soupape d'échappement commandée . Mais contrairement à celle de son rival Clément, celle-ci est logée à 90° sur le flanc du cylindre
La première illustration du modèle Salon 1904 (voir ci-dessus) ne permet pas de connaître son système de refroidissement. Le cylindre est parfaitement nu et son faible diamètre ne peut dissimuler une "chemise d'eau". À moins que l'un des deux volumineux réservoirs qui entourent le tube de selle ne contienne un liquide... À moins encore que ce problème n'ait été simplement ignoré puisque il y aura longtemps de bonnes âmes pour proclamer que "plus un moteur chauffe, plus il donne de puissance !".
Cependant, en 1905 le léger monocylindre (4 kilos environ) est proposé avec un refroidissement à air assuré par des ailettes en cuivre rapportées sur le cylindre et soudées à l'argent. En même temps figure au catalogue une version à refroidissement liquide avec "chemise d'eau", fonctionnant par thermo-siphon.
La revue Cosmos présente le 7 janvier 1905 (donc peu après le Salon 1904) cette H & B déjà différente de celle qui est illustrée sur la feuille datée du même Salon 1904 (ci-avant). Les ailettes de refroidissement sont bien visibles, de même que l'emplacement de la soupape d'échappement en tête du cylindre. Le gros tube qui prolonge l'échappement est un silencieux idéalement situé pour décorer les vêtements du pilote ! Dans sa partie arrière, le réservoir contient l'huile de graissage.
Scène bien vivante (fausse panne de courroie ?) avec figuration bénévole des passants où l'on vérifie que ce modèle de 1904 photographié en 1906 est bien conforme à l'image précédente, jusque dans le dessin du pédalier.
L'aspect général devient plus "moto" avec, dans un premier temps (1906), le réservoir de carburant, avec celui du lubrifiant, occupant toute la longueur du cadre. Il présente des orifices sur sa face avant biseautée, offrant un semblant de radiateur qui évacue la chaleur sur les flancs. Mais apparaît ensuite un radiateur séparé à nids d'abeilles (ci-dessous), sans doute plus efficace quoique d'une forme bien tourmentée.
Des changements importants apparaissent à la suite des bons résultats obtenus par deux Herdtlé-Bruneau,"montées par nous-mêmes", dans la course du Tour de France. Organisée sur treize jours par l'Autocycle Club de France, l'épreuve de 2 646 kms à moyennes imposées avait provoqué une décision radicale de MM. Herdtlé et Bruneau : "ne construire que ce type de machine", c'est à dire le modèle refroidi par eau illustré ci-dessus. Les publicités suivantes ne présentent d'ailleurs que cette machine. Des publicités qui disparaissent à partir de 1908, au moment où une première crise économique éclaircit sérieusement les rangs des constructeurs de motocyclettes.
En novembre 1908, Herdtlé-Bruneau, domiciliés au 38 bis, rue de la Chine (Paris), annoncent le transfert de leurs ateliers et bureaux au 93, rue Pelleport "pour cause d'agrandissement". Nouvelle adresse à partir du 1er juillet 1909.
L'allumage par magnéto (elle serait aussi de fabrication Herdtlé & Bruneau) est toujours une option facturée 85 francs (engrenages compris avec leur couvercle). Le carburateur est un Vaurs, comme sur toutes les machines de la marque. Les pièces nécessaires à l'entretien, la réparation ou la transformation d'un moteur H & B (air/eau) sont toutes disponibles sur catalogue. Le cylindre "à eau" coûte 90 francs, avec sa soupape d'admission. À l'échappement, la "lanterne" qui contient la soupape est un important poste de dépense à 20 francs, de même que les carters-moteur : 50 francs + 30 francs pour la paire de volants (+ 25 centimes pour l'écrou de volant).
Y' EN A UN PEU PLUS, JE VOUS LE METS QUAND MÊME ?
L'activité de la marque Herdtlé-Bruneau (rien à voir, rappelons-le avec Bruneau de Tours) pourrait se résumer à la construction de deux types de moteurs, air et eau. Tous deux étant des monocylindres, sauf que...
... l'aviation naissante chatouillait l'imagination de nos deux associés, comme celle de nombreux motoristes de l'époque. Dans leur prospectus-tarif de 4 pages daté de novembre 1908 figurent quelques lignes intrigantes. On y trouve mention de moteurs plus puissants que leur 1 HP 1/4 habituel et qui plus est de moteurs BICYLINDRES EN V ! Un hebdomadaire satirique paraissant le mercredi qualifierait volontiers ces lignes de "paroles verbales", sauf que ces moteurs ont existé et qu'il en existe encore au moins un. Le prouvent ces photos de notre reporter sur le front à l'est du Rhin. Souhaitant garder l'anonymat, appelons-le "Rocky", notre homme a traîné ses guêtres et son fidèle Kodak dans l'immense Veterama de Mannheim, en Allemagne, l'un des hauts-lieux du commerce de la motocyclette ancienne et de la pièce, rares l'un comme l'autre. Au passage, on se permet de lui baiser les pieds pour l'honneur qu'il nous a fait en nous confiant ces photos !
La découverte d'une telle machine justifierait le voyage à elle seule. D'une part elle confirme l'existence réelle de ce réservoir avec son semblant de radiateur "à trous" des années 06-07. Quoique importante, la chose l'est cependant moins à côté de son moteur bicylindre en V tellement différent des monocylindres connus.
C'est une fabrication soignée et parfaitement intégrée dans une partie-cycle classique. Elle n'a nécessité aucune autre torture au chalumeau qu'une légère courbure du tube avant du cadre. À part leur admission latérale - toujours automatique - les cylindres n'ont rien à voir avec ceux des monos. Un agrandissement malheureusement un peu flou (l'émotion de Rocky-Photographe devant sa découverte...), permet d'imaginer la commande des soupapes...
... par un culbuteur (basculeur ?) qu'actionne une longue tige comme sur le monocylindre. Sur le cylindre arrière, on distingue un petit ressort concentrique qui rappelle la soupape (?). Le tout restant à l'air libre, ce qui n'était pas un handicap pour un moteur destiné à l'aviation qui, notons-le au passage bénéficiait de carters-moteur en aluminium. Laissons à quelques spécialistes patentés le soin de nous en dire plus sur le fonctionnement de cette mécanique peut-être déjà connue en France (?).
Ce moteur n'a pas laissé d'autre trace dans la littérature de l'époque, du moins dans celle qui traitait de la locomotion terrestre. Alors peut-être du côté de la locomotion aérienne (?). On écoute celui qui sait.
(Prochain article : encore du bicylindre H & B !)
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Accaparés par les futilités de la vie quotidienne tels que je vous connais, il vous aura échappé un évènement qui a pourtant fait frissonner la planète. Figurez-vous que lors d'un défilé à Milan, on a vu un model sourire devant le public des modeuses. Au cas où vous ignoreriez ce qu'est un model (vous êtes vraiment lourd ou vous le faites exprès ?), c'est ce qui s'appelait un mannequin il y a encore quelques années. Voire quelques décennies, je vous l'accorde. L'affaire s'est déroulée chez Bottega Veneta, artisan du luxe du Groupe Kering (ex PPR = Pinault-Printemps-Redoute) dont "les équipes travaillent en priorité à développer des process de sourcing et de production plus innovants et à améliorer toujours davantage la performance de ses fournisseurs" (en français garanti 'gaulois' dans le texte...).
Pour revenir à nos moutons, c'est par là...
Donc l'évènement - c'est de ça qu'il est ici question, souvenez-vous - c'est le sourire d'un model. Une rareté donc. Manière de petit scandale dans cette profession où "tirer la gueule" est la règle, sans doute pour ne pas attirer l'attention sur la personne au lieu de l'attirer sur le vêtement qu'elle porte (?). À vrai dire, dans notre affaire il y avait deux models, dont l'un vous est connu, au moins son visage. Car c'est celui de l'héroïne de l'un des trois ou quatre meilleurs films de fiction sur le milieu motocycliste (c'est mon avis et je le partage). J'ai nommé Lauren Hutton (ci-dessus en imper clair, avec Gigi Hadid), pour la vedette et "L'Ultime Randonnée" (titre original : Little Fauss and Big Halsy) pour le film. Au passage, l'actualité est farceuse puisqu'on annonce pour octobre la parution en DVD de ce film longtemps invisible sauf dans des versions piratées sur l'écran d'une télévision donc de très mauvaise qualité. Probable que ce DVD restera en version originale, non doublé ni sous-titré... On se consolera avec une bande sonore originale signée par trois pointures : Johnny Man in Black Cash, Bob New Nobel Dylan et Carl King of Rockabilly Perkins. Excusez du peu..
Lauren Hutton est la vedette féminine dans cette histoire d'hommes entre Michael Pollard (Little Fauss, à gauche) et Robert Redford (Big Halsy, à droite). La Yamaha est une 250 DT.
Robert Redford était un véritable passionné de motos à une époque où ce n'était pas vraiment "hype". Il avait gardé la machine du film que les producteurs lui avaient offerte (au moins l'une d'elles car il s'en est consommées beaucoup dans ce tournage). James, son fils qui en a hérité, l'a finalement vendue aux enchères afin d'alimenter le Robert Redford Center, association créée par l'acteur pour encourager diverses initiatives environnementales.
Après une enfance difficile en Caroline du Sud où elle a été élevée par un beau-père qui l'entraînait à capturer les serpents à sonnette et à mépriser les alligators qui abondent dans les marais de cet état, la jeune Lauren entre comme barmaid au Club Playboy de Hugh Hefner, repaire de crocodiles d'une autre genre... Parallèlement, elle pose pour quelques publicités qui ne rendent pas vraiment hommage à la somptueuse plastique de ses 19 ans (voir ci-dessus). Son attirance pour la moto, racontée dans le magazine financier Forbes...
... lui serait venue d'une rencontre à un feu rouge. Alors qu'elle était à l'arrêt sur son Vespa déglingué, une Indian s'est arrêtée à côté d'elle. C'était Steve McQueen qui lui a lancé un irrésistible "Baby, ça t'intéresserait de voir comment on fait un film ?". Une telle invitation ne se refuse pas, surtout quand on a 19 ans. Le film, c'était "Le Kid de Cincinnati". Pas trop de motos là-dedans, mais l'Indian avait fait son effet !
Elle se retrouve en 1970 dans ce Little Fauss and Big Halsy, dont elle dira plus tard au cours d'une interview : "J'ai débarqué dans ce film à poil et défoncée à l'acide" (acide = LSD = diéthylamide de l'acide lysergique, l'hallucinogène préféré des hippies des années peace & love). Boutade ou réalité ? Toujours est-il qu'à l'écran son rôle est celui de Rita, une riche hippie qui veut décrocher de la drogue. Voilà pour l'acide. Quant à la première partie de sa phrase (à poil), elle est illustrée par la séquence ci-dessus...
Grâce à un fructueux contrat de 1 million de dollars (!) avec les cosmétiques Revlon, elle devient bientôt la première "supermodel" d'une génération qui affirme sa place dans la publicité, à l'égal des hommes. Au long de sa carrière, elle figurera 27 fois en couverture du magazine Vogue leader de l'élégance féminine. Jusqu'à aujourd'hui son charisme est recherché et apprécié à travers le monde (ci-dessus Elle, en France).
Récemment Town & Country évoquait son caractère inoxydable et sa passion pour la moto en mariant sur une même photo (ci-dessus) la brutalité d'une Triumph - en version desert slingshot - avec la douceur d'une robe en soie (signée Marc Jacobs, 2600 $), la rugosité d'un blouson en jean (Ralph Lauren, 298 $) et, pour les chaussures, une misère de chez Mercantile à 324 $. (Photo Brigitte Lacombe).
Anticonformiste, Lauren possède, dit-elle, deux Yamaha pour la balade dans sa propriété du Nouveau-Mexique tout en circulant ordinairement (... euh...) sur une BMW. Cependant elle aurait dû méditer une phrase pleine de bon sens de Robert Redford dans une scène de Little Fauss. À une brave mamie américaine qui s'effraye de la chute d'un coureur, il lui lâche au passage un placide "Ma'am, la moto c'est un jouet dangereux" que, 10 ans plus tard, Lauren va confirmer dans sa chair. Jambe gauche plâtrée, fracture de l'autre cheville, côtes brisées, un poumon transpercé, outre de multiples brûlures à la suite d'une chute de moto ! Heureusement, son visage au doux regard de myope et ses "dents du bonheur" ont été préservés grâce à un casque intégral échangé au dernier moment avec celui de Jeremy Irons, le sien ayant été jugé trop "léger" par Dennis Hopper. Rien à voir avec une cascade d'un film qui aurait mal tourné, non, un vrai accident dans la vraie vie ! Au guidon d'une BMW, elle participait alors à un charity tour en compagnie des deux acteurs précités (ci-dessus) et d'une douzaine de billionnaires, en soutien au Musée Guggenheim. La BMW de l'accident trône désormais dans son appartement de New-York. Un début de collection personnelle ?
Chaque fois que c'est possible, les photographes et les grosses têtes de la publicité font allusion à sa "carrière" motocycliste. Même dans des mises en scène improbables comme ici où elle est censée vanter les mérites d'un... fond de teint résistant au vent de la vitesse ! Au passage, on notera à nouveau la présence d'une BMW... avec tout l'accastillage nécessaire en studio dont on se passe aujourd'hui depuis que Photoshop est passé par là.
Après 12 ans de contrat avec Revlon, Lauren a lancé sa propre marque de cosmétiques dont le succès a renforcé encore son indépendance, s'il en était besoin. En 2013, elle crée toujours le buzz lorsqu'on annonce que des photos d'elle vont être mises en vente, extraites de la collection de Bob Guccione, le défunt patron du sulfureux Penthouse. Ces photos qui datent de ses 20 ans la montrent en "full frontal nude", marque de fabrique du magazine dont les audaces ont détrôné Playboy. Le prétendu buzz s'avéra être un pétard mouillé car elle avait pris les devants dès 2005 lorsqu'elle avait posé nue dans Big Magazine... à 62 ans ! Toujours provocante, elle avait dit : "Ma génération, celle des femmes de 60 ans, ne va pas renoncer à être séduisante".
À propos de l'une de ces photos de Big Magazine la journaliste présente dans le studio lui avait demandé si elle était d'accord avec le proverbe "It's the old fiddle that plays the sweetest music" (version élégante de notre "c'est dans les vieux pots, etc..."), Lauren avait répondu "C'est tout à fait vrai !" (Photo par Mario Sorrenti).
Afin de vous fournir un casting sérieux de ce film, en voici l'autre actrice féminine, Linda Gaye Scott. Elle apparaît dans un Batman et dans de nombreuses réalisations de serie B des années 60/70 au cinéma et à la télé. Vos connaissances cinéphiliques s'en sont grandement accrues, n'est-il pas ?
Excellent cliché qui permettra au restaurateur éventuel d'une 250 DT Yam de relever quelques détails absolument authentiques. Dans tout le film, qu'il s'agisse de courses de tout-terrain ou sur circuit, la marque japonaise est omniprésente. Ce n'était sans doute pas un hasard...
La jaquette du "vrai" DVD fait aussi une bonne place à la DT 250. Ne vous laissez pas abuser par les multiples offres que l'on trouve sur le ouèbe. Presque toutes sont des copies piratées sur la télé, malgré une date de sortie millésimée 2013.
10 commentaires -
Cette histoire que vous ne lirez nulle part ailleurs résume l'action motocycliste qui s'est déroulée autour de la Collection Maurice Chapleur à l'occasion des Journées du Patrimoine à Lunéville. Vous ne la trouverez qu'ici car, comme l'explique Gilles Destailleur, fer de lance de l'opération et qui en a gros sur la patate "vous ne la lirez pas dans LVM car, je ne sais pour quelle raison, l'article de la correspondante (ndlr : de LVM) de l'année dernière (sur la première opération Patrimoine) n'est jamais paru, tandis que mon article envoyé le 9 juillet dernier avec relance le 9 août est resté sans suite !". Gilles avait pourtant bien suivi le conseil d'un philosophe universellement célèbre...
Les forces en présence étaient hétéroclites puisqu'on y trouvait du vieux-vieux, du vieux, du contemporain et même de l'à peu près neuf. Dans la première catégorie se trouvaient deux des "anciennes" de l'opération Lunéville précédente (voir article du 7 octobre 2015), une Motobécane R44 C de 1936 et une Rudge Ulster un peu plus jeune puisque de 1937. Elle seront rejointes sur place par une Gnome-Rhône D5 C (1937), venue par camionnette de la région d'Evreux et une Terrot HLM doyenne de la réunion (1933) transportée également sur quatre roues.
Le classement arbitraire établi plus avant vaut aussi pour les pilotes roulant "moderne" sur Moto Guzzi 850 V7, Yamaha 500 SR, sidecar Yamaha XS 1100, Triumph Bonneville 2011, BMW 1200 GS ou Honda 1200 CB et BMW R 60/5.
L'OPÉRATION EN IMAGES...
Premier regroupement à La Capelle (Aisne) où sont déployés les foulards jaunes qui, attachés à la moto, distingueront les participants à l'opération. Peu de temps après un Morgan (moderne) se joindra au groupe. Il sera exposé - sans sectarisme - au milieu des autres machines à Lunéville.
Le puissant bloc de la Motobécane R 44C (Thomas Devigne), témoignage d'une époque où la moto française pouvait soutenir le comparaison avec les meilleures machines étrangères.
Sitôt arrivé, on expose les premières machines. Jean-Baptiste Chapleur (de dos, anorak rouge) affiche le but de ces journées sur la façade de l'ancien musée à Lunéville, attirant déjà quelques riverains.
La mise en place - avec le Morgan de Philippe et Maryline - se poursuit activement.
La plus ancienne machine de la manifestation était cette 350 Terrot HLM de 1933 (Cédric Guerlus). Son grand âge l'a exemptée du voyage qu'elle a fait en camionnette. Mais l'essentiel était d'être présent à Lunéville, pas de réaliser un exploit sportif. Donc mission accomplie, et dans quelques années elle pourra dire "J'y étais !" comme ces vaillants soldats de Napoléon revenus d'Austerlitz.
Un lot de futures "collectionnables" à condition d'attendre quelques décennies : Yamaha 500 SR (Dominique Biseaux), Triumph Bonneville (Gilles Destailleur), attelage Yamaha XS 1100 (Daniel Dhont) et Honda CB 1200 (Benoit Lhote).
Malgré un temps maussade, les Lunévillois ont sorti les parapluies et sont venus soutenir l'initiative menée par J.-B. Chapleur et ses amis afin d'obtenir le retour de la Collection dans leur ville.
Caché par la 1200 Honda CB (Benoit Lhote) et la BMW GS (Claude-Eric Motte), le barnum sur la place de la 2ème Division de Cavalerie, face au château, permettait d'accueillir les visiteurs désireux de se renseigner. Une centaine d'adhésions à l'Association des Amis de Maurice Chapleur a été recueillie en ces journées (se reporter sur facebook ou ici-même à l'article du 23 septembre 2016).
Thomas Devigne dont la fidèle 350 Motobécane n'a occasionné aucun problème sur les 950 km du week-end. Ce qui a laissé du temps libre à son pilote dont les talents de mécanicien ont été fort utiles au retour de la "balade" comme on le verra plus loin (Photo L'Est Républicain).
Encore un fleuron de la construction française, cette Gnome-Rhône D5C de 1937 (rectification, 1939, voir commentaire plus détaillé ci-dessous) appartenant à Jean-Claude Conchard venait de la région de l'Eure. Départ à 2 h du matin pour arriver à Lunéville le dimanche dans la matinée. Sur camionnette elle aussi mais l'essentiel était "d'y être !".
Le caméraman de FR3 Lorraine et Jean-Baptiste Chapleur rejouant une scène des premiers âges du cinéma connue sous le nom de "L'arroseur arrosé". Avec cette fois l'eau du ciel en prime !
Grande routière des années 70-80, la Guzzi bicylindre en V transversal était, dans ses multiples déclinaisons, la rivale des BMW. Belle carrière d'une machine destinée à l'origine à équiper l'armée et les administrations italiennes. Celle-ci, appartenant à Yannick Boutier, est une 850 California V7.
La photo incontournable de toute manifestation "couverte" par un quotidien régional, celle dite du "rang d'oignons" est ici signée de L'Est Républicain.
Pas de grand voyage à moto sans quelques petits soucis dont l'évocation nourrira les futures retrouvailles lors des soirées d'hiver devant quelques bières entre amis. C'est dans le trajet du retour, à St-Mihiel, que la Rudge fait sa capricieuse. Oh, d'abord un simple "bruit" du moyeu avant...
... qui demande un démontage express. Il s'avère alors que le fautif est l'axe d'entrainement du câble de compteur de vitesse. Problème réglé avec une noisette de graisse et ça repart.
L'occasion de sympathiser à la station-service avec un couple d'Anglais en route vers l'Italie pour une visite des Dolomites. Leur Riley britannique des années 30 à quatre roues semble à peine plus confortable (pas de capote) qu'une motocyclette, mais elle a l'avantage de rouler...
... alors que la Rudge profite d'un arrêt-déjeuner à Varennes pour refaire des siennes. Comme le voyage tire à sa fin et que la voiture d'assistance est sur place, la décision finale s'impose : la belle anglaise dont l'embrayage est hors-service terminera sur remorque... Sniff...
Pas de quoi entamer le moral inoxydable de l'équipe. Méprisant ses rhumatismes et sans respect pour certaines prostates (c'est pas tous des perdreaux de l'année !) ils ont continué leur route. Ils continueront aussi leur combat en soutien à la Collection Maurice Chapleur. Avec juste raison, Gilles Destailleur considère qu'elle est "le fleuron des musées français du deux roues, à l'égal du Musée Schlumpf de Mulhouse, et elle fait partie de notre patrimoine culturel et industriel. Ces Journées de Lunéville, poursuit-il, nous ont permis de le rappeler. Notre idéal était d'y être.
Merci à tous nos amis sans oublier Jean-Baptiste Chapleur qui ne lâche rien heureusement, sans compter son temps et ses nombreuses bouteilles lancées à la mer !".
(Les décors sont dus aux architectes du château de Léopold 1er duc de Lorraine ; Motobécane, Rudge, Terrot, Guzzi, Honda, BMW, Triumph, Yamaha, Gnome-Rhône assuraient la sonorisation avec Morgan en "guest star" ; la figuration était fournie par de sympathiques bénévoles lunévillois. Les photos sont de Jean-Baptiste Chapleur et Gilles Destailleur avec la participation involontaire de L'Est Républicain).
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