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ON AVAIT 15 ANS, sans télé familial on allait regarder le soir celle d'un café à Meudon et "la Guerre de sécession a cessé c'est sûr" nous faisait hurler de rire. Il y avait aussi : "Mais si nous autres, les sudistes, on avait été plus nombreux, eh bien vous autres, les nordistes, vous auriez bel et bien pris la pâtée !"
Ce sketch de Roger Pierre et Jean-Marc Thibault était pour nous ce que la scène du beurrage au caviar des tartines dans les "Tontons" est pour les jeunes d'aujourd'hui. On ne parlait pas alors de "scène culte". Innocents, nous étions. Les deux rigolos allaient se séparer plus tard, laissant un film en 1959 dont j'ai lu quelque part que c'était sans doute "le meilleur" d'une carrière pourtant riche en nanars.
Je vous sais toujours avides d'étendre votre culture, alors voici le scénario tel que publié par la production UNIFRANCE Films (Je me suis permis d'ajouter le nom des acteurs après chacun des rôles qu'ils jouent)
"Roger (Roger Pierre) est un grand adolescent, du genre chien-fou, chef d'une bande de motocyclistes du dimanche ; sa soeur doit épouser Marc (Jean-Marc Thibault), brigadier de la police motocycliste dont son futur beau-frère parle comme étant le préfet de police lui-même. Marc reçoit la mission de veiller sur la sécurité de Son Excellence Cucaragua (Francis Blanche), plénipotentiaire d'Amérique latine venu incognito signer un traité important avec la France.
Une tierce puissance hostile à ce traité dépêche tout un réseau d'agents pour enlever le ministre et sa serviette diplomatique. En raison du penchant de Roger pour les sourires féminins, le complot réussit et Marc, sous peine d'être déshonoré, se fait mettre en congé et, à titre privé, se lance aux trousses des terroristes, aidé par son futur beau-frère dont les initiatives tournent souvent à la catastrophe. La poursuite mènera le duo chez un coiffeur où il reprendra la serviette, puis à un hôtel où Roger retrouvera l'ambassadeur, mais le reperdra ; puis sur un chantier de travaux publics où les deux compères récupèrent l'Excellence mais perdent la serviette. La poursuite continue tantôt à moto, tantôt en camionnette.
Cucaragua, caché par Marc chez sa fiancée (Véronique Zuber), est de nouveau kidnappé ainsi que la jeune fille. Marc et Roger les retrouvent dans une ferme de la région parisienne, les délivrent et laissent les chefs du réseau adverse assiégés par tout un élevage de porcs échappés des étables. Le traité pourra être enfin signé, la tierce puissance se désintéressant brusquement de l'affaire et rendant la serviette à Cucaragua. Marc et sa fiancée pourront convoler en justes noces et Roger, assagi (mais pour combien de temps) succombera au charme d'une blonde « reportrice » de la radio (Alexandra Stewart).
La recette de ce film était celle des productions comiques "à la française" : une paire d'humoristes en vogue saupoudrés d'humoristes moins connus (Francis Blanche, Jacqueline Maillan, Hubert Deschamps - encore dans l'œuf ils allaient tous faire une belle carrière), vous touillez fort pour obtenir une mayonnaise. Si ça marche, le producteur récupère ses billes, sinon ça passe à la trappe, point barre.
Heureusement, qui dit "Les Motards" dit motos, d'authentiques BSA mono (à gauche) et twin, comme celles de la gendarmerie (prêtées par ?), avec tous les affutiaux militaires : pare-jambes, sacoches cuir. Sur la poitrine de Marc, la fameuse serviette diplomatique. On suppute des situations d'un burlesque "poilant", sans rapport avec les immondices hanounesques dont nous abreuve certaine télé qu'on ne nommera pas. Immondices homophobes, certes, mais pas seulement.
EXTRA BALL
Heureusement-bis, il y a la musique signée Henri Crolla qui fut longtemps l'accompagnateur d'Yves Montand, immigré italien comme lui. C'était surtout un guitariste de jazz mort trop tôt à 40 ans avant de trouver une place parmi les plus célèbres musiciens français que l'on semble redécouvrir enfin aujourd'hui.
EXTRA-EXTRA BALL
On retrouve nos deux lascars aux prises avec les difficultés de transport des bagages et du démarrage sur un Vespa (film non identifié. Si quelqu'un connaît...).
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Comme annoncé précédemment, après le "A" voici le "B" (quelle surprise !) que nous présente la regrettée Anita Dolce Vita Ekberg qui en fit rêver quelques uns...
Le P'tit Photographe a publié sur Facebook (sous son nom) plus de 400 belles photos du VRM dont certaines en noir et blanc ce qui ajoute grandement au caractère "revival' de la manifestation. Parmi elles, on trouve cette BMW (R5 ou R51 ?) marque assez peu présente cette année au VR de Montlhéry 2017.
Discrétion plutôt étonnante de la part du constructeur allemand qui s'implique dans bien d'autres manifestations prestigieuses. Le musée BMW est pourtant riche en machines dignes d'intérêt. La renommée du VRM n'aurait-elle pas encore franchi le Rhin ? Pas assez "glamour" ou peu friqué ? Pas assez de sponsors de luxe ? Est-ce la proximité du rendez-vous de la Villa d'Este qui mobilise les énergies du service de communication ? On n'ose penser à des difficultés du financement de ces opérations... (ci-dessus une R63).
Moins impressionnant mais pas moins intéressant - quoique sur quatre roues - ce petit bijou de cyclecar est un produit de la marque confidentielle Bontemps d''à peine 300 cm3. C'est à Tuffe, dans la Sarthe qu'Armand Bontemps a construit sa propre machine particulièrement originale. Il a utilisé le moteur qu'il avait sous la main, un F.N. belge d'une robustesse quasi-légendaire et d'un fonctionnement très simple grâce à l'admission automatique.
C'est très exactement un 285 cm3 puisque son moteur est un monocylindre de la 300 F.N. (Fabrique Nationale à Herstal-lès-Liège). La poulie de transmission à courroie d'origine a été remplacée par un pignon qui, via une chaîne puis une boîte à vitesse entraîne l'essieu arrière par une autre chaîne (visibles sur la photo précédente).
La F.N. 300 est née en 1903 - extrait du catalogue ci-dessus - et restera longtemps au programme de la marque en subissant de nombreuses améliorations dont un allumage par magnéto. Sa lointaine descendante recevra une transmission finale par arbre (sans cardan puisque la partie-cycle est rigide) qui fera aussi la célébrité de la 4 cylindres d'Herstal.
Jeunes gens découvrez-vous et observez une minute de silence. Vous avez sous les yeux, au cours du jour, une montagne d'euros, de dollars, de livres, de pesetas, de ce que vous voudrez, du moment que c'est en grosse quantité. Sans le moindre antivol, quasiment abandonnée sous la pluie, qui pourrait croire que cette moto pourrait trouver acheteur à 282 790 euros ? C'est pourtant le prix qu'a atteint l'une de ces Brough Superior SS 100 lors d'enchères de la maison Bonhams. Encore s'agit-il du chiffre d'avril 2016 et en un an il a dû encore augmenter. J'exagère ? Que non point ! Jugez plutôt de l'inflation qui frappe la SS 100 : en 2008 l'une s'est vendue 179 000 €, une autre en 2010 = 187 000 € (je vous passe les centimes...). Le record grimpe à 207 00 € en 2011, il est vrai que c'était à Las Vegas. Avec les 282 790 € de 2016, le record est donc revenu au pays en attendant "mieux".
Il est probable que toutes ces machines resteront au chaud sans jamais voir la route (une 1000 capable de 160 km/h !), alors que celle qui était à Montlhéry présentait les stigmates d'une machine de "tous les jours". Son réservoir arborait des autocollants de rallyes européens comme la poitrine d'un grognard de l'Empire racontait les campagnes de Napoléon. Avec, ici et là, quelques éraflures, des traces d'usure, un caoutchouc coupé, des petites bosses sans ce camouflage pourtant facile à pratiquer aujourd'hui, cette "ancienne" octogénaire fait honte à tant de "jeunesses" qui ne verront jamais le loup.
Discussion quasi-philosophique devant la Brough SS 100 entre ceux qui déplorent son apparent manque d'entretien et ceux qui approuvent son utilisation "avec modération".
S'il vous arrivait un jour de faire une sortie de grange (barn find) d'une Brough Superior perdue dans la soue à cochons (ci-dessus à gauche) d'une ferme auvergnate, ne vous laissez pas décourager par son triste état. Voyez à droite celle que Bonhams a vendu pour 203 000 euros en 2015... Une autre, en pièces encore plus "détachées" a tout de même atteint plus de 100 000 euros. On ne saurait trop vous recommander d'ouvrir l'œil pendant vos prochaines vacances à la campagne...
À la lettre "C" on trouve le Cyclotracteur, précurseur du Velosolex auquel on ne peut s'empêcher de penser devant cet engin propulsé par un moteur qui actionne un galet frottant sur le pneu avant. Cependant, différence de taille car le Mototracteur R.M. (son premier nom, ci-dessous à droite ; le modèle 1920 est à gauche) est un 4 temps né avec la confortable cylindrée de 90 cm3 et une soupape d'admission automatique qui doit lui donner les performances équivalentes à celles du Solex moderne.
Le Cyclotracteur a connu une existence mouvementée car apparu en 1913, sa courte existence est vite interrompue par la guerre après une production de quelques exemplaires. Raymond Maucaire, son créateur, avait reçu une encourageante Médaille de vermeil au Concours Lépine ce qui, en 1919, attira l'attention de la Compagnie Française des Automobiles de Place sise à Levallois-Perret (Seine). Rachat des brevets et après quelques modifications (l'alésage passé de 45 à 50 mm en fait un 108 cm3), la production fut lancée en 1920, au bénéfice des cyclistes qui, selon un journaliste d'Omnia "aimeraient voir leur bicyclette avancer toute seule" (tiens, tiens, ça ne vous rappelle rien ?..).
L'utilisation publicitaire de l'image d'un homme politique est devenue chose plus ou moins courante depuis quelques temps (Hollande et le casque Dexter). Il n'en a pas toujours été ainsi et on se souviendra que le président Pompidou avait fait interdire une pub à son image pour les moteurs de bateaux Mercury. Après l'armistice de 1918, la popularité de Georges Clémenceau - "Le Père la Victoire" - était à son zénith, alors quoi de plus naturel que de se servir de son image en 1920 pour vanter par affiche le Cyclotracteur (portraituré par Joe Bridge). Cependant ça ne sera pas bénéfique pour Clémenceau qui abandonnera la politique tandis que le Cyclotracteur, lancé à 950 F en 1920 voit ses ventes se ralentir. Dix de ces machines étaient engagées à la Côte d'Argenteuil 1921 mais la victoire est revenue à la machine à moteur SICAM de Marcel Violet. Signe des temps qui s'annoncent, le deux-temps a eu raison de la soupape automatique. Par la suite, le Cyclotracteur baisse son prix à 800 F puis encore une fois à 600 F. Rien n'y fait, il disparaît définitivement en 1924.
(Prochain article : Le VRM 2017 de D à ?)
AVIS AUX AMATEURS : Il reste quelques exemplaires du livre "Les Motos des Français - Un album de famille 1945-1970" (*) Un chèque de 40 € port compris fera de vous un homme (ou une femme) heureux (heureuse).Tous renseignements complémentaires : janbour@free.fr
(*) Méfiez-vous des imitations...
Des trois volumes "La Motocyclette en France" déjà publiés, seul celui traitant de la période "1922-1924" (ci-contre) est encore disponible. 55 € port compris. Adresse mail idem ci-dessus.
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POUR TOUT AVOUER, je n'avais pas trop envie d'aller à Montlhéry ce matin du 6 mai. À peine les volets ouverts, une courte drache donnait le ton de la journée. Mais, comme on sait, le plateau de Saint-Eutrope est un endroit capricieux donc imprévisible. En mai, on peut y connaitre la canicule aussi bien que la neige (Coupes Moto Légende en 19??). Je me disais que je trouverai bien les photos nécessaires sur le vouèbe pour donner le change et faire croire que j'y étais. Finalement, un restant de conscience professionnelle et aussi le désir d'aller voir sur place ce que Vincent Chamon et ses boys avaient réussi à rassembler - la crême de la crême, comme on dit en anglais - tout ceci, donc, l'a emporté. Voici ce que j'ai trouvé en vidant mon Kodak (on n'oublie pas de cliquer sur les images).
Pour ne pas susciter de jalousies avec un classement personnel discutable, on procédera par lettres alphabétiques et donc "A"...
... où l'on trouve ABC avec ce modèle 1914 destiné à la compétition, d'où sa courroie de transmission directe. Le moteur flat-twin n'a pas encore sa disposition définitive en travers. Il est comme tous les autres du même type et de la même époque, par exemple chez Douglas, Williamson, Montgomery et autres Wooler. Car, on apprendra aux jeunes couches que le flat-twin a existé avant de devenir "boxer" chez vous-savez-qui... Tout à fait à part, on ne peut pas ignorer le Humber qui pourrait mériter le qualificatif de "flat-three" car constitué d'un cylindre avant de 370 cm3 et de deux cylindres arrière de 185 cm3 chacun, le tout à plat et britannique, évidemment.
Quoi qu'il en soit, comme aimait à dire note défunt camarade Pierre Bouteiller, cette ABC est née avec des soupapes en tête commandées par tiges et culbuteurs, le tout refroidi - et graissé - par l'air ambiant. Dotée d'un moteur semblable il existait une ABC (toujours de course) avec courroie coté droit donc nécessitant un démultiplicateur.
Il se dit que deux ans avant l'apparition des ABC, leur créateur avait puissamment "retravaillé" la 350 Douglas de S.L. Bailey qui avait permis à celui-ci de battre plusieurs records longue distance à Brooklands, flirtant avec les 85 km/h. De brave latérale, la Douglas avait été transfigurée en culbutée.
Cependant, "de source autorisée" la première ABC aurait cette allure qui se différencie grandement par sa transmission à chaîne en place de la courroie de son aînée. Elle disposait également d'un changement de vitesse, sans doute par poulie extensible. S'il s'agit vraiment de la première ABC, sa distribution est du type semi-culbuté (admissions latérales, échappement culbutés).
ABC, marque à l'honneur choisie cette année par le Vintage RM était représentée par environ deux douzaines (!) de machines portant la patte de Granville Bradshaw, vénéré créateur de ce flat-twin britannique. Parmi elles, bien que sous la marque Zenith, le modèle longitudinal de 1922 installé dans sa partie-cycle bien particulière elle aussi, du type Gradua, dont le changement de vitesse se fait par déplacement de la roue arrière.
Modèle intéressant n'est-il pas, et encore plus si l'on se penche sur ce 500 cm3 Bradshaw dont les cylindres sont refroidis par huile. Seulement les cylindres, car les culasses restent à l'air libre exhibant les ressorts des queues de soupapes actionnées par des culbuteurs dont les tiges de commande sont sous les cylindres (La moto vient du Brooklands Museum).
Dans la taille en-dessous, (très) nous avons le Skootamota avec moteur flat mais pas twin comme on peut voir, motorisant un scooter des années 20. Distribution par soupapes en tête dans une culasse fonte boulonnée par dessous. Comme sur les motos ABC de cette génération, le cylindre est tourné dans l'acier ce qui posait quelques problèmes d'échauffement. Que Granville Bradshaw balayait d'une riposte imparable : "Plus un moteur chauffe, plus il donne de puissance !"
Dès ses débuts avec l'Autofauteuil (français, en 1902 !), le scooter s'adressa aux membres du clergé et aux personnes "désirant garder en toutes circonstances une certaine dignité dans leurs déplacements". Changement de cible au lendemain de la Première guerre lorsque la femme s'émancipe (c'est ce qu'on dit, mais ce sera un peu plus long), ayant démontré dans le conflit qu'elle avait une place à l'égale de l'homme. Alors pourquoi pas au guidon d'un deux-roues ? En France, Gaby Morlay ou Mistinguett feront la promotion du Skootamota, du moins le temps d'une pose sous l'objectif des photographes.
... tandis qu'un iconoclaste (Vivant ?) a donné sa version du flat mono dans Moto Journal.
Dans la famille ABC, je voudrais le moteur fixe SVP. Ne quittez pas l'écoute, nous avons ça en magasin dans la version à distribution semi-culbutée. Le capotage en tôle permet le refroidissement à l'aide du volant faisant fonction de ventilateur. Le système sera repris et amélioré sur l'automobile ABC...
... avec une cylindrée portée à 1280 cm3 et en y ajoutant une petite hélice (en bois). Il paraît cependant que la longueur excessive des tiges de commandes des culbuteurs ne fut pas sans occasionner quelques déboires. Aucune autre information n'a filtré dans les gazettes de l'époque sur cette machine restée à l'état de prototype...
... mais d'une assez belle allure pour susciter des regrets aujourd'hui.
Au milieu des années 20, une ABC plus élaborée fut offerte aux automobilistes amateurs de "Super Sport", toujours avec le flat-twin dont la culbuterie était enfermée, donc lubrifiée. Le refroidissement était confié à une hélice, mais le capot de la carrosserie s'ornait d'un radiateur (faux) muni d'un (vrai) bouchon. Lequel permettait de remplir le réservoir de carburant disposé au-dessus du moteur (en noir, ci-dessus). Ce qui provoquait quelques gags désopilants lorsqu'un mécanicien étourdi refaisait le niveau... d'eau dans le radiateur.
(C'en est fini du 'A', pour le 'B' revenez bientôt)
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Y' en a un peu plus... je vous le mets quand même ?...
Il va être encore question ici de Meguro, la documentation sur cette vieille marque (1924) étant particulièrement riche, bien que ne concernant qu'une grosse décennie. Kawasaki l'a "phagocytée" en 1962, mais les liens entre les deux pourraient être bien plus anciens. Dès 1949, Kawasaki Machine Industries (futur Kawasaki Aircraft Co) travaille sur un 150 cm3 mono culbuté de 4 ch qui apparaît sur les RSY en 1952.
Le premier 150 KE 1 selon un document de 1952 (Kawasaki Heavy Industries)
Cette machine est de facture classique (ci-dessus) et si son carter de distribution porte son logo RSY, le carter-moteur exhibe à son revers, venu de fonderie (flêche) celui de... Meguro, deux "M" stylisés et affrontés que Kawasaki reprendra.
Plus troublant, une 125 cm3 apparaît au catalogue Meguro avec un moteur qui ressemble fortement à ce KE, du moins dans sa partie haute. Apparue en 1955, c'est la première petite cylindrée de la marque sous le nom de "Regina" E1 qui révèle bien ses origines. C'est aussi le premier bloc-moteur et la première Meguro à avoir abandonné la magnéto pour l'allumage batterie-bobine. Cette photo représente le modèle de 1957 du type E 2 qui n'a subi que des modifications de détails.
Publicité Meguro plus tardive annonçant tous les modèles jusqu'à la 650 twin et en commençant par la 125. Le moteur KE de 150 cm3 inspira en octobre 1953 la construction d'un scooter à la marque Kawasaki désireuse de partager une part du gâteau que le Silver Pigeon (Mitsubishi) et le Rabbit (Fuji) dominaient. Une nouvelle entité du nom de Meihatsu fut crée afin d'en assurer la distribution mais l'affaire tourna court devant la mévente de ce nouveau venu dont la production ne dépassa pas les 200 exemplaires (!). C'est pourtant à partir de ce moment que le scooter va décoller au Japon, avant de se diffuser dans les pays environnants et jusqu'aux États-Unis. Entre 1956 et 1960, la production passe de 74 000 à 123 000 unités avant de décliner jusqu'à 54 000 en 1964. Les deux principaux artisans de ce boom vont ensuite se consacrer à l'automobile individuelle.
En 1958, Meguro passe à la distribution par arbre à cames en tête qui va permettre de rivaliser avec la concurrence en petite et moyenne cylindrées. En effet, sa 125 E2 culbutée de 5,2 ch est dépassée par la Pointer, une deux-temps de 6,5 ch et aussi les quatre-temps de la Lilac (7 ch), sans parler de la Honda JC qui atteint les 8 ch. La nouvelle Meguro E3 (ci-dessus) offre les 8,2 ch d'un bloc-moteur installé dans une partie-cycle remaniée par une oscillante arrière et une fourche avant type Earles. On note encore un sélecteur qui passe du côté gauche, conforme à une rationalisation qui semble se mettre en place chez tous les constructeurs. Mal accueillie par un public qui répugne à accepter les hauts régimes moteur, cette E3 sera tout de même produite à environ 8000 exemplaires jusqu'en 1960, mais elle conduisit Meguro dans une coûteuse impasse technique.
Dans la catégorie 125, elle est doublée dès l'année suivante par une simple CA au bloc-moteur culbuté et qui a perdu sa fourche à balanciers. Elle sera par la suite épaulée par une 180 cm3 de même facture fournissant 10 ch.
Modernisation aussi en 250 avec un simple ACT sur une SG de 13,5 ch à 5 500 t/minute (on est encore loin des régimes qui vont faire frémir dans le monde occidental !). Ce sera la dernière des séries "S" en 1964 et si son réservoir arbore encore le logo Meguro, on lit Kawasaki sur son moteur. Cet exemplaire permet de déceler chez son pilote le syndrome dit "ceinture et bretelles" révélé par la présence, outre les clignotants d'origine (sur le phare et le garde-boue arrière) d'un autre jeu de clignotants fixés sur les pare-jambes, un accessoire détaillé ci-dessous...
… et tel qu'on le connaissait aussi chez nous, mais seulement sur les automobiles.
Présentée en 1959 au Salon de Tokyo, la 350 YA "Argus" est une évolution de la Ya vers la machine de sport, du moins est-elle présentée comme telle. Son bloc-moteur à simple ACT fournit 19,5 ch et le terme "Sport" est renforcé par un échappement surélevé. Ça ne sera pas une réussite au plan commercial et seulement quelques centaines d'exemplaires trouveront acquéreur. La facture sera d'autant plus sévère que Meguro comptait beaucoup sur sa nouvelle structure de partie-cycle, mi-tube et mi-embouti, nécessitant un investissement très onéreux mais qui pouvait se justifier par une production en grande série. Dans cette cylindrée bâtarde de 350 cm3 cette YA était concurrencée sur les longs parcours par le développement de la voiture légère (plus confortable) tandis qu'en circulation urbaine le Honda Cub (plus maniable) amorçait sa conquête d'un marché qui allait devenir planétaire.
Le naufrage qui se profile à l'horizon de Meguro engendre des solutions inattendues dans le domaine du transport des marchandises. Exemple avec cette 250 présentée en 1962 sous le nom "Autoruck" et munie d'une roue arrière de 10" pour laisser le plus de place possible à des colis encombrants.
Au début des années 60, la marque doit aussi se battre pour garder la fourniture des "shiro baï" (motos blanches) aux polices métropolitaines. C'est un fructueux gâteau que convoitent d'autres constructeurs tels Cabton ou Hosk et aussi...
... Emuro qui tente sa chance avec une 500 bicylindre deux-temps fort inspiré de l'allemande Adler. Avec 24,8 ch elle était donnée pour 133 km/h mais ne pourra détrôner la twin 500 K "Stamina" (33 ch) que Meguro produit, dérivée de sa 650 allégée.
(À suivre... puisqu'il y en a encore !)
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Capture d'écran de la séquence avec le vélomoteur (marque ?) dans "Jour de Fête" dont on célèbre les 70 ans cette année. Mais c'est plutôt la voiture des "Vacances de M. Hulot" qui a marqué les esprits et il y a de quoi. Un regard sur les sites et blogs de l'automobile ancienne montre comment on s'est déchiré à propos de la marque de cet ORNI (Objet Roulant Non Identifié).
Il semble qu'il s'agissait d'une Salmson bien modifiée selon les idées de Jacques Tati (pétarades, fumées, sièges-ascenseur des passagères). Lequel en était si content qu'il n'a pas voulu la détruire après le film si l'on en croit cette photo prise dans sa maison de la banlieue parisienne... À l'époque, au vu du succès du film, on avait parlé d'une suite des aventures de Monsieur Hulot, auquel cas la Salmson aurait repris du service (?).
Les "royals" s'éclatent en moto
De tout temps et dans tous les pays, les élites (Dictionnaire : individus considérés comme les meilleurs, les plus dignes d'être choisis, les plus remarquables par leur qualité), les élites se sont démarquées du "vulgum" par des objets symboliques de leur puissance. On connaît le képi des militaires ou des policiers (la casquette base-ball de ces derniers le fait moins), le bicorne de l'académicien, les "bibis" de la reine d'Angleterre, les stupéfiantes soucoupes volantes qui coiffent les dignitaires nord-coréens (ci-contre) n'ont pas d'autres but que de distinguer le porteur de la multitude. Cependant les occasions de se montrer aux foules se font de plus en plus rares et présentent des risques (figurez-vous que les peuples deviennent moins respectueux de leurs élites) dont les moindres sont les huées ou sifflets mais peuvent aller jusqu'au lancers de tomates. Heureusement, la presse pipeule, la télé, le cinéma, les réseaux sociaux sont là pour nous donner des nouvelles de ces élites, même lorsqu'elles sont hors-sujet, ou plutôt hors-fonction. Par exemple, faire un tour à moto...
Plus l'exemple vient de haut, plus il a de portée sur les foules. C'est pourquoi honneur à la souveraine la plus ancienne dans le grade le plus élevé : la reine Elisabeth d'Angleterre ! Au moment de la photo, elle n'était bien sûr que princesse puisque elle a dû attendre 1952 pour sa Coronation. Ici, elle était en train de passer un test de conduite et les marques de peinture blanche révèlent l'époque de la Deuxième guerre mondiale où il fallait inciter les femmes anglaises à s'engager dans les services auxiliaires des armées. La machine semble être une BSA 500 M20 WD (War Department).
Dans la famille "Les Royals de Grande-Bretagne", je voudrais le fils... que voici en 1961 sur la mini-bike construite par Fred Dash. Le Prince de Galles s'en servit pour quelques tours de piste avant d'abdiquer, victime de crampes aux mollets.
Quelques années ont passé mais Charles aime toujours autant la moto...
Dans les "pièces rapportées" mais d'origine non garantie, nous avons Tony Armstrong-Jones (1930-2017) ci-devant Comte de Snowdon. Photographe en vogue, mais bien né, il épousa en 1960 la princesse Margaret, sœur cadette de la reine Élisabeth. Personnage original comme seule l'Angleterre peut en produire (deux mariages, plusieurs enfants légitimes ou non, plusieurs maitresses, bisexuel) il fut un motocycliste convaincu ! Divorcé de Margaret en 1978, il poursuivit son travail de "designer" et de photograhe, y compris dans le domaine publicitaire comme ici, pour Belstaff. La marque n'est même pas citée dans cette annonce, mais était-ce bien nécessaire ?
La moto est dans les gènes de la famille Snowdon car David, vêtu du Belstaff comme Papa, prête son nom (et, on espère, son talent) à la promotion d'un café racer Metisse.
Un cadre nickelé vaut bien un "périmétrique" moderne... (Cafe Racer 1000 Metisse MK 5 avec plein de bonnes choses : Brembo, Ceriani, Ohlins).
Neveu de la reine Elisabeth, Thomas Patrick John Anson, Comte de Lichfield (1939-2005) était lui aussi un photographe playboy comme la jetset et les royals les adoraient dans les années 70 (David Bailey, Lord Snowdon, Cecil Beaton, Amanda de Cadenet, etc). Ce qui lui valut, entre autres, le privilège de tirer le portrait de plusieurs membres de la famille royale d'Angleterre. Ses autres sujets (rock stars, modèles de mode) étaient moins officiels et il pouvait se vanter d'avoir photographié les plus belles filles du monde... habillées ou non. Sa liaison avec l'actrice suèdoise Britt Ekland (photo) dura une paire d'années, fournissant l'occasion d'une série de photos par David O'Neill incluant une Honda "Black Bomber"...
... qui est sans rapport avec une autre "Black Bomber", la séduisante chanteuse anglaise Marsha Hunt, ("Hair", la comédie musicale) que Patrick Lichfield eut le bonheur de tenir dans le plus simple appareil devant son kodak.
(À suivre : d'autres "royals" (plus ou moins)
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