• 27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Au lendemain de ce Bol d'or 1922, La Revue Motocycliste écrivait : "Les sidecars ont gêné les cyclecars et les cyclecars ont empêché les sidecars de donner leur maximum". Bien tranchée, cette conclusion est appuyée par les nombreux incidents et accidents qui s'étaient produit durant les 24 heures où trois et quatre roues se sont côtoyés, parfois sans se ménager. Deux heures après l'arrivée des motos solos, le temps de ranger et réaménager les stands de ravitaillement, les sidecars se présentaient donc au départ...

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    ... avec ici, de gauche à droite : Mercier (1000 René Gillet) ; André (1000 Harley-Davidson) et Gex (1000 Motosacoche), futur vainqueur. En tout, douze attelages dont deux en 350 avec Dubost (D.F.R.) et Lods (Motosolo à refroidissement liquide). Ils sont les seuls constructeurs français - avec René Gillet - à s'être risqués dans ces deux tours d'horloge.

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    L'attelage Motosacoche de Gex dans la traversée d'un village dont les habitants profitent d'un spectacle gratuit assez peu courant. L'étroitesse de la route et sa mauvaise qualité expliquent les nombreux accidents et incidents qui vont marquer cette première édition.

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

     Les cyclecars suivent les trois roues alors qu'un commissaire de piste s'écarte à gauche, armé de son mégaphone qui aidait sans doute à appeler les concurrents. À droite, un Fournier 1100 cm3 mené par son constructeur. Légèrement en retrait, aux mains de Yoon, va s'élancer un 1100 G.N. (Godfrey & Nash) au moteur bicylindre en V culbuté monté transversalement et débordant du capot.

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Un autre 1100 G.N., celui de Giovanelli, fait un "extérieur" féroce au side Harley-Davidson de André dans la caillasse d'un virage. A. Giovanelli était l'un des agents parisiens de G.N.

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Les cyclecaristes ont exploré toutes les techniques imaginables (et aussi les plus inimaginables) pour améliorer leurs véhicules. Ainsi, sur le G.N. sans différentiel, chaque vitesse a sa chaîne. Dessin non signé (Guivarch' ?) piqué sur le forum de : http://tricyclecaristes.forumr.net/t60p50-gn-cyclecar

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Peu de public pour le cyclecar 1000 Benjamin de Mme Gouraud-Morris, mais public de qualité : l'inscription "Mécano" visible sur le mur de la maison indique que le spectateur qui note les passages des concurrents est de la partie. Peut-être prêt à venir en aide à un véhicule en difficultés.

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Avec 4 machines engagées, Harley-Davidson avait de bonnes chances de remporter ce Bol en 1000 sidecars. Après avoir perdu du terrain en début de course, Vulliamy n° 52 (ci-dessus) se hissait en tête, ex-æquo avec Gex sur Motosacoche, tandis que Sigrand (D.S.) les talonnait à deux tours.  

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Finalement, c'est Gex qui l'emportera (ci-dessus), parachevant le succès de la marque suisse déjà gagnante en solo avec Tony Zind. Souvent en tête, Vulliamy alternait au commandement avec Gex et Sigrand, mais à la 20 ème heure, victime de l'épuisement, Vulliamy s'arrêtait. C'est ensuite Sigrand qui, à 30 minutes de la fin de la course, percutait un poteau télégraphique, suite à la rupture de la fusée de roue de son side ! 

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Née de l'association de MM. de Pierre Debladis avec Camille Sigrand, la marque D.S. (ci-dessus, celle de Pletsier) se veut "Motocyclette Française" alors qu'elle est constituée à 99 % de pièces piochées chez diverses marques  américaines des surplus ! 

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    La X... engagée par Cabet était bel et bien une Harley-Davidson comme le montre le texte de la lettre-témoignage qu'il a envoyée par l'intéressé à MM. Debladis & Sigrand. Le commerce de D.S. était fondé sur la fourniture de pièces de rechange pour les grosses cylindrées étatsuniennes. Récupérées sur des machines des surplus achetées en lots, elles étaient bien sûr moins chères que celles que proposaient les importateurs. 

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    La seule pièce qui ne provienne pas du catalogue Harley-Davidson est la fourche avant. Pas suffisant cependant pour justifier les publicités D.S. fournissant des "Preuves de la supériorité  de l'Industrie Française" : en effet, cette fourche est celle d'une... Henderson !

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Le choix de cette pièce Henderson ne peut s'expliquer que par la présence d'un lot "égaré" parmi les machines des surplus car les Henderson ne figurent pas parmi les machines fournies au contingent militaire américain envoyé en Europe.

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Photo intrigante prise en Algérie d'un garde-champêtre posant sur une Henderson attelée et pilotée par un chauffeur, à moins qu'il ne s'agisse d'une rencontre fortuite en pleine campagne ? Cliquer pour voir détailler la fourche particulière des Henderson.  

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Moins convaincante qu'en solo avec Clech, la Motosolo attelée de Lods est seule à terminer ce Bol d'or, à la moyenne de 23 Km/h soit 110 tours du circuit. Bien qu'éliminé au bout de 20 heures après un accrochage avec le cyclecar Amilcar de Mestivier, le pilote de D.F.R. Emmanuel Dubost détient le record du kilométrage de cette catégorie des sidecars 350. Un troisième sides 350 engagé par Sollet (Rover) a rapidement été éliminé sur chute.

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Les classements ne donnent pas le nom des passagers des sidecars dont certains, ici celui de la Motosolo de Lods ont dû avoir du mal à ne pas s'endomir durant ces 24 heures à faible moyenne... Cet anonymat des passagers perdurera longtemps, sauf dans des cas exceptionnels comme les couples Drion-Inge Stoll ou Lambert et Madame. Dans le duo Oliver-Jenkinson, c'est la longévité de leur collaboration qui a marqué... et aussi la barbe ébouriffante du passager-journaliste !

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Soucieux de promouvoir "le grand tourisme familial", René Gillet était présent dans des épreuves sur longues distances tel le Bol d'or. Deux de ses 1000 bicylindres y étaient engagées dont celle de Mercier (ci-dessus) qui termina 4ème de sa catégorie, derrière deux Harley et la Motosacoche du vainqueur. Fidèle de la marque depuis l'avant-guerre, Emmanuel Dubost figure dans la liste des partants, mais aucune gazette ne le mentionne ensuite dans ses compte-rendus.

    SUR 4 ROUES AUSSI...

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Morel sur Amilcar 1100, premier au général avec 1450 km parcourus

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

     

    Chère au cœur d'Eugène Mauve, une Elfe 1100 (moteur Anzani ?) était menée par Genault. Aucune mention de son résultat final...

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

     

    Sixième au classement général, juste derrière la 500 Motosacoche de Zind, la Benjamin 750 de Lenfant (ci-dessus) a mené la meute des machines engagées en 750 par la marque : 9 au départ et 5 à l'arrivée. L'opposition était représentée par une Sénéchal (pilote Sénéchal) et une Margueritte (pilote Margueritte), non classés tous deux. Au fond, à gauche, le groupe electrogène qui a fourni l'éclairage de cette réunion.

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Deux Benjamin au ravitaillement devant leur stand respectif. La pile de pneus à l'arrière-plan à gauche montre bien le degré de préparation de certains concurrents autant que le caractère "abrasif" du revêtement de la route.

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

    Parmi les marques les plus connues se trouve Salmson engagée avec trois machines de 1100 cm3 dont celle de Bueno (ci-dessus). La meilleure sera celle de Benoist, deuxième au classement général derrière l'Amilcar de Morel. Cette catégorie 1100 rassemblait le plus grand nombre de marques différentes. On y trouvait Mourre, Bignan, Rally et Fournier ainsi qu'un insolite cyclecar Janoir-Dutilleux (pilote Dutilleux) qui s'est retourné dans un virage dès le premier tour... C'est à ce jour la seul mention connue d'un cyclecar Janoir en dehors d'une publicité de la marque datant de 1921 qui annonçait "Cycles, Motos, Cyclecars"

    (Toutes les photos d'action publiées ici proviennent de Gallica - BNF)

    27 mai 1922 : le premier Bol d'or sides et cyclecars (3)

     

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  • Commentaires

    1
    Alain66moto
    Lundi 11 Juillet 2016 à 21:00

    Un vrai puit de science!! Que des beaux articles. Dommage que l'on ne trouve plus cela dans la "presse spécialisée" à part qq articles de François Arsène ou B. Salvat

    Un vieux nostalgique

      • galau
        Mardi 12 Juillet 2016 à 17:35

        D'accord avec vous!

        La presse moto ancienne ne s’intéresse plus qu'aux motos des années 70/80 et maintenant 90! Je lisais Bourdache au tout début des années 80 dans moto journal et je prenais déjà plaisir à lire ses articles. N'oublions pas FMD.

         

      • Mardi 12 Juillet 2016 à 20:24

        J'ai surtout travaillé pour La Vie de l'Auto puis LVM puis Moto Revue Classic et encore - bien avant - dans Moto Revue des années 50 ! Deux ou trois articles dans MJ lorsque FMD m'a repassé le flambeau, mais rien de plus. Merci néanmoins de ton compliment.

        La presse actuelle s'adresse à un public pour qui une Honda 4 est une moto ancienne, ne l'oublions pas. Pensons aussi à ce qui était une moto "ancienne" pour nous lorsque nous avons commencé à nous y intéresser...

    2
    zerchot
    Lundi 11 Juillet 2016 à 21:37

    L'équipage Gex ( N° 51) dispose d'une petite "roue" supplémentaire dont l'utilité

    ne nécessite nulle démonstration: on sait à quoi elle peut servir !

    Merci pour ces fabuleux moments!

      • Mardi 12 Juillet 2016 à 20:30

        En fait de troisième roue, il doit s'agir de la plaque à numéro côté gauche du side... ou alors est-ce un shimiliblick qui à quoi-t'est-ce que ça peut servir ?

    3
    Honda 60-70's
    Mardi 12 Juillet 2016 à 00:18

    Sublimes photos, bravo pour ces documents de qualité qui nous font bien ressentir l'ambiance de l'époque !

    On en redemande ;-))

    4
    jackymoto
    Mardi 12 Juillet 2016 à 22:54

    La notion de véhicule ancien ou pas évolue constamment. Quand j'avais 12 ans, mon père s'étonnait que je m’intéresse aux Rosalie et autres Dollar. Pour lui, né au début des années 20, c'était les avant 14 qui le faisaient rêver...et elles m'ont attrapé plus tard. Expliquée par Jean, leur histoire est devenue passionnante. Ce qui me désole c'est le nombre de machines de cette époque qui ne servent que de décoration. Il faut dire qu'il n'y a en France, que peu de rallyes adaptées aux machines sans boite de vitesse ni embrayage...et aux freins anti-arrêts (les Viratelle ne sont pas courantes).

    La DS-Harley a tout de même des garde-boue français. Des jantes plus petites lui donnent une allure plus moderne.

     

     

    5
    FAJ
    Mardi 19 Juillet 2016 à 21:52

    La photo de la Elfe d'Eugène Mauve n'indique pas une Elfe à moteur Anzani. En effet l'Anzani bicylindre en V était en position centrale arrière et les passagers étaient assis "en tandem". Il s'agit sans aucun doute d'un 4 cylindres à refroidissement liquide en position avant. C'était un Ruby de 980 cm3 sur le cyclecar Elfe (De France) mené précisément par Genault qui est arrivé 11e et avant dernier classé de la première course européenne de 24 heures - un an avant Le Mans ! -  le Bol d'Or de 1922. L'année suivante, Eugène Mauve ayant semble-t-il déclaré forfait, 3 cyclecars Elfe sont engagés sous la marque De France par le constructeur des Elfe : Abel Lejard, de Vierzon. Leur moteur était alors un 4 cylindres SCAP de 893 cm3 qui fut surclassé par les Salmson et Amilcar cubant près des 1100 cm3 de la limite de la catégorie. Le Bol d'Or 1924 vit la dernière apparition des De France.  

    Ces précisions - et bien d'autres ! - sont à porter au crédit de Jean Claude Ribemon auteur de l'excellent ouvrage "La mémoire de l'automobile, Berry-Poitou-Val de Loire"  ISBN 2 86 881 138 8

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    6
    FAJ
    Mardi 19 Juillet 2016 à 22:42

    Qu'est-ce qu'un véhicule ancien ? J'ai eu il y a quelque temps l'occasion d'écrire "dans la presse spécialisée" que, selon moi, un véhicule ancien "est un engin qui n'évoque aucun souvenir de jeunesse". C'est donc une notion essentiellement variable, dépendant grandement de l'âge du capitaine ! Mais il faut cependant reconnaître une hiérarchie entre une moto, une auto ou un moteur qui sont le reflet de l'inspiration  de son créateur -même s'il n'est pas toujours génial ! - et un engin stéréotypé à vocation purement utilitaire, quel que soit son prix et sa complication. La préoccupation légitime du constructeur de bécanes comme d'électro- ménager est en effet de coller à une étude de marché pour satisfaire le plus grand nombre. On ne peut l'en blâmer mais il n'y a rien de sexy pour exciter la libido, vous en conviendrez, dans des engins - aussi perfectionnés soient-ils -  conçus dans le même esprit qu'un four à micro-ondes ! Le temps ne fait rien à l'affaire, chantait Georges Brassens : reconnaître  la "patte" d'un créateur inspiré me paraît être l'ingrédient incontournable dans l'intérêt pour l'ancien !

    7
    jackymoto
    Mardi 19 Juillet 2016 à 23:53

    "La pile de pneus à l'arrière-plan à gauche montre bien le degré de préparation de certains concurrents autant que le caractère "abrasif" du revêtement de la route."

    Ne pas oublier que certaines de ces trapanelles n'avaient pas de différentiel. En Limousin les pneus étriqués  d'une quadrilette Peugeot étaient cuits en moins de 2000km...en roulant à l'économie et en les usant  à la toile. Les pneus à talons sont gonflés de  4 à 6 bars minimum si on ne veut pas déjanter, ce qui accentue  le phénomène. Je pense qu'en course avec les gommes de mauvaise qualité de cette époque il devait falloir changer les enveloppes  après quelques centaines de km seulement.

     

     

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