• Bol d'or 1951 : le deux-temps sort ... du bois !

    Bol d'or 1951 : le deux-temps montre les dents

    Bol d'or 1951 : le deux-temps montre les dents

    Un Bol d'or dont les hiérarchies sont menacées, sinon bouleversées. Au point que les revues spécialisées elles-mêmes s'en font l'écho, sans qu'on sache si c'est volontaire ou non. Ainsi, dans son numéro de compte-rendu de l'épreuve, Moto Revue consacre sa couverture (à gauche) non pas au vainqueur mais au 4ème du classement général, Françoise sur Jawa ! Récidive au numéro suivant qui présente Moury le 3ème sur sa Puch. Paraissant plus tard, le rival Motocycles a eu le temps de la réflexion et rétablit la norme en faisant plaisir à tout le monde : l'organisateur, le vainqueur et son "manager" dont il faut deviner les noms. Ce qui est une "première" dans la Presse motocycliste : publier en couverture le résultat d'une des plus grandes courses françaises sans mentionner son nom et sans... photo d'une moto !

    (Pour les agrandir, on clique sur les images qui sont © Zhumoristenouveau. Prière de ne pas l'oublier...)

    Bol d'or 1951 : le deux-temps montre les dents

     Revenu sur le Circuit des Loges à Saint-Germain-en-Laye, le Bol d'Eugène Mauve retrouve son caractère de grande fête motocycliste, attirant un public moins "spécialisé" mais plus nombreux que celui de Montlhéry. Au contraire de ce dernier, son accès est facilité par la présence à 500 mètres de la gare de St-Germain. Mauve a promis des attractions en attendant le départ du samedi 15 h 30, ainsi que des buffets, buvettes et restaurants. Il sera demandé 100 F pour garer son automobile et 50 F pour motos et sidecars, mais "garage gratuit pour les bicyclettes".

    Bol d'or 1951 : le deux-temps montre les dents

    Tracé en pleine forêt, ce circuit bénéficie d'un revêtement correct empruntant une portion de la Nationale 184. Avec, cependant, une partie qualifiée de "tôle ondulée" par Moto Revue et qui causera plusieurs crevaisons de réservoirs et ruptures de cadres (!). Les pilotes (toujours un seul par machine) souffriront physiquement, surtout des bras et poignets au point que plusieurs devront abandonner pour cette raison.

    Fait assez rare, on annonce l'engagement d'une importante marque française en 250, sous les deux noms de Monet-Goyon et Koehler-Escoffier. Leurs moteurs sont des monocylindres deux-temps Villiers (production sous licence par les constructeurs mâconnais) de 197 cm3. L'une de ces trois machines, une Koehler-Escoffier sera pilotée par Pierre Monneret. Ses talents de champion de vitesse ne seront pas de trop pour contenir une concurrence annoncée comme redoutable dans cette cylindrée des quart-de-litre où se trouvent les Puch d'usine et les Jawa. 

    Bol d'or 1951 : le deux-temps montre les dents

    Photo prémonitoire où l'on pourrait croire que la 250 Puch de Robert Moury (équipé de guêtres de l'U.S. Army !) est en train de doubler la Norton 500 Manx de Gustave Lefèvre. C'est sans doute le contraire qui se produit, mais dans peu d'années la marque autrichienne va s'affirmer de façon plus éclatante. Comme les deux autres machines de l'équipe Puch, celle de Moury est dérivée de la 250 TFS. Annoncée en série pour 15 chevaux, elle devait en offrir (au moins...) 5 de plus par la grâce de deux carburateurs et d'une préparation interne particulière. Ce qui, au mois d'août suivant à Montlhéry, lui permettra de battre plusieurs records de longue durée dont les 9 heures à plus de 130 km de moyenne.

    Bol d'or 1951 : le deux-temps montre les dents

    Les tubes d'échappement relevés ne se justifiaient pas vraiment sur un circuit comme celui du Bol d'or car on est encore loin du pilotage "genou par terre"... Pourtant on les retrouve cette année là sur toutes les Puch, quel que soit le type d'épreuve où elles ont figuré : endurance, Six Jours Internationaux, Deutschlandfahrt, etc. Il est vrai que le Bol était une épreuve unique au monde et qu'on n'allait pas modifier une machine pour cette seule occasion, une machine qui, par ailleurs, ne fut produite qu'à seulement 400 exemplaires (hors les modèles "usine"). 

    Bol d'or 1951 : le deux-temps en vedette

    Comme il fallait s'y attendre, c'est encore Lefèvre qui sort vainqueur de ce Bol sur sa Manx préparée par Garreau. Victoire sans trop de mal, surtout après l'abandon à la 18ème heure de son rival le plus dangereux, Rossignol sur 500 BSA Gold Star (numéro 2). La diversité du matériel-photo des reporters est bien illustrée ici avec les "modernes" à Leica 24 x 36, les "classiques" avec chambres à plan-films (ou même plaques-verre !), les "sportifs" à caméras mécaniques et le véritable "amateur" fidèle à son 6 x 9 à soufflet...

    Bol d'or 1951 : le deux-temps montre les dents

    À la mi-course, le vaillant mono culbuté aux trois fusils n'avait que 7 tours de retard sur l'ACT, mais dans les 6 heures suivantes, Rossignol faiblissait. Blessé à l'épaule dans le récent marathon motocycliste Liège-Monaco-Liège, la douleur le contraint à l'abandon. Il était alors toujours en deuxième position, mais avec 40 tours derrière Lefèvre.  Durant les premières heures, on avait vu aux avant-postes la Guzzi de Barde qui tournait dans les temps des meilleurs en 500 et 350. Il pilotait une 250 munie de son silencieux, tout comme les Puch et Jawa. Heurté par un autre concurrent, Barde repartit pour quelques tours avant de disparaître définitivement. Ni Motocycles ni Moto Revue n'en ayant publié de photo on sait seulement que cette Guzzi était une Airone Sport mono culbutée de 12 ch au catalogue... Sans doute bien préparée car elle abattait ses 20 à 21 tours dans l'heure, tout comme les Puch d'usine !

    Bol d'or 1951 : le deux-temps montre les dents

    Devant les Ets Pierre Humblot, importateur parisien des Puch en France (et Colonies...), sont réunis les pilotes et mécaniciens qui vont œuvrer pour la marque dans ce Bol d'or 1951. De gauche à droite : Weingartmann, Georges Monneret qui passait par là (tout frais de son Tour du Monde en 125 Puch et avant les records qui l'attendent au mois d'août), Krammer, Moury et trois mécaniciens. Les machines sont prêtes, quoique dépourvues de leurs silencieux qui seront montés pour l'épreuve. Hormis l'allègement des garde-boue et des freins, elles sont proches de la (petite) série, du moins extérieurement... 

    Bol d'or 1951 : le deux-temps montre les dentsL'aspect "machines de série" est marqué de façon évidente par la présence d'un kick et de la boîte à outils qui doit contenir également les connections électriques nécessaires à l'allumage batterie-bobines. Ces dernières sont logées sous la selle. Outre un large matelas de caoutchouc-mousse, cette selle est prolongée par un coussin de garde-boue (pillion-seat, pour les anglophiles) sauf sur la n° 30. Cette machine destinée à Moury n'a pas besoin de cet "accessoire" étant donné la position en course du Français, très en avant (voir la première photo de l'article). On retrouve ici les mêmes personnages que précédemment (Weingartmann, Moury, X.... non identifié et Krammer) reçus par Pierre Humblot (?) costume sombre. 

    Bol d'or 1951 : le deux-temps sort... du bois !

    Sous un soleil radieux, Krammer (n° 31) chasse la Jawa 250 de Grave et tous deux vont doubler la D.S. Malterre 175 de Mathieu. Virer "à la corde" est quelque peu périlleux à St-Germain, la corde étant constituée d'une bordure probablement en vrai granit breton.

    Bol d'or 1951 : le deux-temps sort... du bois !

    Décidément, il est dit que le Bol d'or ne sera jamais le terrain de jeu favori des Monneret ! Le père s'y frottera pourtant dans une première apparition (sauf erreur) en 1930 sur une Rovin 250 et sous le nom de Lemoine. Elle se solde par un abandon. Même sanction l'année suivante où il a tenu une douzaine d'heures au guidon d'une Jonghi 350 culbutée. Scénario réédité en 1938, encore sur Jonghi (devenue Prester-Jonghi). En 1949, Georges et son fils Pierre sont sur des 250 Sertum italiennes : abandon du père tandis que Pierre atteint une quatrième place sans éclat dans sa catégorie. Présent à nouveau en 1951, Pierre pilotait une 250 Koehler-Escoffier. Dans la première heure il fera jeu égal avec les 250 Puch et les 350 Jawa mais les pannes successives, de même que la fatigue, auront raison de sa fougue. Une autre 250 mâconnaise (Monet-Goyon), celle du lieutenant policier de la route Dauge, se hissera en 8ème place au général, juste devant la Matchless 350 (pilote Riche), seule quatre-temps dans les 10 premières classées (avec la Norton, of course !). 

    Bol d'or 1951 : le deux-temps sort... du bois !

    Ils étaient seulement 6 en 1950 dans la catégorie 175 "mais par un prompt renfort ils se virent 21 au départ du Bol d'or"... de 1951 ! Ce "prompt renfort" était dû à la détestable interdiction des compétitions en 125. Certains, au prix d'un léger réalésage, se retrouvèrent donc avec leur 125 dans la catégorie autorisée. D'autres avaient fait confiance aux moteurs A.M.C. 175, parfois de 150 cm3 seulement, tel un Jean Mathieu qui fournira le vainqueur de la catégorie avec sa D.S. Malterre. Dans les premières heures de la course, François Valeyre (n° 55) sur sa Guiller-A.M.C. avait pris la tête des 175. Mais trop sollicité comme tous les moteurs de série de la concurrence, le sien devait avouer ses limites au terme d'une agonie mécanique à épisodes, de même que celui de Guillot (n° 54) son co-équipier. 

     Bol d'or 1951 : le deux-temps sort ... du bois !

    Le drapeau à damier de l'arrivée est brandi par Eugène Mauve au passage de l'équipage de Charlemagne sur 500 NSU. CLAP DE FIN ! Pompiers, gendarmes et policiers de la route forment un comité d'accueil plutôt enthousiaste mais un peu restreint. Ne manque plus que la "miss" et son bouquet de fleurs... Souvent cette fonction sera tenue par Mlle Colin, secrétaire d'Eugène Mauve et de l'A.M.C.F.

    Bol d'or 1951 : le deux-temps sort ... du bois !

    Portrait de famille et mission bien remplie par les rouges 250 Puch de Weingartmann, Krammer et Moury (de gauche à droite). La firme autrichienne prendra goût à l'épreuve française et reprendra les mêmes champions avec d'autres dans les années suivantes, jusqu'à la consécration finale d'une victoire au classement général en 1954 !

    Bol d'or 1951 : le deux-temps sort ... du bois !

    Avec une 4ème et une 5ème places au classement général, on comprend que l'importateur des Jawa, Jacques Poch (au milieu, sous le béret basque) ait un large sourire. C'est Françoise (15) et Leninger (16, tout à droite) qui ont signé ce palmarès avec leurs 350 twins tchécoslovaques. Confirmation avec des 250 seulement par Grave, à gauche (35) et Hervé (34), qui font respectivement 7 et 10, toujours au général. Dans le cas de Françoise, c'est une consécration particulière pour ce fidèle du Bol. Il a commencé à y participer dans les années 30, entre autres sur des sidecars dont un sublime 600 Norton-Bernardet "aérodynamisé" à l'extrême et qu'il mènera à la 4ème place toutes catégories en 1934.

    (À suivre : Bol 1951, quelques détails techniques)

    En inscrivant votre email dans la case "M'inscrire"  en haut de la colonne à droite, vous serez immédiatement informé de la parution d'un nouvel article. 

    Ce blog est la suite de celui qui était connu sous le nom "Z'humeurs & Rumeurs", blog toujours consultable mais en sommeil désormais.


    Tags Tags : , , , , , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :