• Carte postale de vacances corses en 1935

    Selon Strabon, grand voyageur et géographe grec, "L'île de Cyrnos que les Romains appellent Corsica, est un pays affreux à habiter, vu la nature âpre du sol et le manque presque absolu de routes praticables, qui fait que les populations confinées dans les montagnes et réduites à vivre de brigandages, sont plus sauvages que les bêtes fauves". Jugement radical, comme bien l'on pense, aussi faut-il préciser que le bonhomme écrivait cela au début de notre ère, puisque né en 21 avant Jésus Christ, il a disparu entre 21 ou 25 après J.C.

    Deux millénaires plus tard la Corse était devenue "L'Ile de Beauté", malgré les 'bandits d'honneur' décrits par Mérimée, Maupassant ou Balzac, et les roucoulades de 'Catalinetta, tchi-tchi' de Tino Rossi. Cependant, dans les années trente le voyage en Corse était encore une aventure, ne serait-ce qu'à cause de l'état déplorable des routes, entre autres obstacles. 

    Plusieurs motocyclistes prenaient pourtant le risque, dont l'un qui nous en a laissé deux photos avec cette si belle machine, une F.N. 500 M86... 

    Souvenirs de vacances 1935

    Apparue en 1934 (par ailleurs excellente année, me permets-je d'ajouter...), cette culbutée vieillissait d'un seul coup toute la gamme de la marque d'Herstal dans cette cylindrée. Elle disposait de 30 chevaux qui la propulsaient à 138 km/h au compteur selon Moto Revue et à 135 selon un essai chronométré sur l'anneau de Montlhéry par la même revue. Qualifiée de "Supersport", elle existait en version "Type Spécial", caractérisée semble-t-il par une culasse en bronze et de meilleures performances. 

    Cartes postales de vacances corses en 1935

    Vouloir faire du tourisme à moto dans cette île commençait déjà par une longue traversée sur des navires bien différents, on s'en doute, des ferries actuels. De plus, voir sa machine embarquée sous ses yeux comme de vulgaires marchandises au bout des simples cordages d'un palan devait donner quelques palpitations à son propriétaire...

    Cartes postales de vacances 1935 en Corse

     ... lequel n'était pas le dernier des miséreux puisqu'il avait signé un chèque de 8 250 F pour sa merveille (L'une d'elles photographiée ci-dessus au centenaire F.N. à Herstal). Cette somme, c'était 1 250 F de plus que le prix d'une 1000 René Gillet et largement au-dessus de celui des machines équivalentes en cylindrée dans la production française. Qu'il s'agisse de Terrot (6 375 F), Motobécane (Bloc 'S' à 6 000 F), ou Peugeot (517 à 5 650 F) ainsi que Monet-Goyon (5 400 F). Seule la 'Flêche d'or' de Jonghi était d'un prix supérieur, mais il s'agissait d'une 350 très spéciale réglée à l'essence-benzol, et vendue 10 000 F (!) ce qui vous garantissait 150 km/h.

    La M86 s'alignait sur les tarifs des meilleures machines anglaises dont certaines n'avaient pas ses qualités : un sélecteur à vitesses, des culbuteurs enfermés, un soin tout particulier apporté à la lubrification, un réglage de la distribution aussi rapide que sûr, le tout sous forme de bloc-moteur. En bref, un sommet du modernisme de ces années 30. 

    Cartes postales de vacances 1935 en Corse

    Le réglage du jeu aux culbuteurs s'effectue sans démontage du carter de distribution : une molette en bout d'arbre à cames permet de faire pivoter celui-ci sur son axe, puis on bloque le tout par un petit levier. En plus des ressorts de soupapes en épingle, deux petits ressorts à lames contrôlent les mouvements parasites des poussoirs et de leurs tiges de commande.

    Cartes postales de vacances 1935 en Corse

    La F.N. signait sa réalisation par ces sublimes échappements. Il existait une version monotube de 600 cm3 destinée à être attelée et qui sera appréciée des services publics belges. L'armée sera cliente avec un side lourdement blindé qui séduira d'autres pays à travers le monde, jusqu'au Brésil et en Chine. En France, cette 600 se rendra célèbre avec Gillot qui remporta la catégorie sidecars 600 au Bol d'or 1936 à plus de 74 de moyenne. Cette année 1936 fut d'ailleurs l'année d'un "Bol d'or belge" puisque la victoire au général revint à Craët sur une 500 Gillet d'Herstal.

    Ce blog est la suite de zhumoriste.over-blog.com/ dont les 375 articles sont toujours consultables bien que ce blog soit désormais en sommeil.


    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    1
    Jackymoto
    Samedi 21 Novembre 2015 à 13:25

    Non, Jean, ce n'est pas un double arbre... les mollettes de réglage sont à l'extrémité des axes de culbus, dont les bouts  pivotant dans la culasse sont excentrés..

    Tu retrouveras ce système sur la 450 Honda, ( le père Honda était paraît il un grand admirateur des NSU)...et sur bien d'autres machines (entre autres Ducati il me semble).

    Comme tu le sais, je n’ai aucun mérite à t'expliquer ça, car j'ai toujours eu des NSU superculasse équipées de ce système bien pratique smile

      • Zhumoriste
        Samedi 21 Novembre 2015 à 15:40
        Tu m'enleves les mots de la bouche... !
    2
    FAJ
    Dimanche 22 Novembre 2015 à 21:11

    Jackymoto, j'avais également fait la même observation que toi. Le même dispositif était effectivement employé par d'autres marques dont, par exemple, Husqvarna sur des monos de cross et Aermacchi sur ses moteurs d'usine, celui qui fut utilisé par le français Georges Comy en témoigne.

    3
    Jicécé
    Lundi 23 Novembre 2015 à 11:15

    Je ne suis pas affirmatif, mais il me semble que toutes les M86 ont une culasse bronze. 

    En tout cas la mienne en a une et c'est une 600 mono tube et Steib avec laquelle j'ai dû faire de la bouillie dans le haut moteur en faisant un peu l'âne entre les bottes de pailles en voulant suivre un autre side affuté pour la course; ça fait de l'occupation pour les longues soirées d'hiver.

    Le modèle sur la grue semble être de la deuxième génération avec le sélecteur monobranche comme celle de la photo du centenaire.

    4
    bôcu
    Lundi 23 Novembre 2015 à 15:04

    ....encore un grand moment que les moins de vingt ans n'ont pas eu la chance de connaître, lorsque nous rendant sur l'Ile aux chats sans queue, nos pétoires étaient chargées sur les bâteaux de pécheurs, au filet .....

    il y avait intérêt à bien arrimer duvets et tentes, car je me souviens en avoir vu tomber lors de chargements au port de Liverpool, les filets ayant été mal réparés ....

    nostalgie ...!!

     

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :