• Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    De profil, de dos, de face, en couleurs pétantes et avec les lignes anguleuses qu'exige la mode actuelle, vous avez tous les renseignements suffisants pour vous faire une idée d'un nouveau "concept" Honda apparu au dernier Salon de Milan 2015 puis confirmé à celui de Paris... On parle ici mécanique et les Salons précités n'étaient pas celui de la caravane, de l'ameublement ou de la lingerie et autres frivolités, mais des Salons de la Moto à pneumatiques (on a fini de cliquer sur les images de moto-collection.org ?)...

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    Ce scooter se veut "tout terrain" par... ses pneus et par son nom : "City Adventure", quoique le "City" introduise un bémol, de même que la cylindrée annoncée : 750 cm3 ! C'est... suffisant pour la ville, mais bien trop pour la gadoue et les grimpettes d'un trial. Surtout ceux d'aujourd'hui. On ne parlera pas du poids. Ni du prix... ceux de Honda étant connus pour ne pas être "contenus"...

    Restons sérieux et revenons à l'actualité, même si ce n'est pas une vraie nouveauté. Car dès sa naissance, voire son invention, le scooter - qui n'en avait pas encore le nom - prétendait à une vocation, disons "trialisante". En 1902, Georges Gauthier, oui un Français de Blois, créait son Auto-Fauteuil afin de permettre à tous de circuler "aux colonies et dans tous les pays où les routes ne sont pas accessibles aux automobiles à quatre roues". L'intention était nette, et durant plus d'un quart-de-siècle G. Gauthier va s'appliquer à la justifier.

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    Présenté au Salon de Paris à la fin de 1902, l'Auto-Fauteuil n'est encore qu'une moto qui se singularise par ses petites roues d'environ 14/15 pouces, celle de l'avant étant légèrement plus petite qu'à l'arrière. Le fauteuil à accoudoirs est déjà bien présent et le sera toujours, tandis que le moteur est un De Dion à ailettes de 2 ch 3/4 qui se met en route comme une voiture, à la manivelle. Un embrayage à cônes permet l'usage d'une chaîne pour la transmission finale, extrême rareté de l'époque. (Document La Nature)

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    Rapidement va suivre un modèle au cadre largement ouvert, créant une silhouette qui est celle de tous les scooters à venir. Comme sur la première version, celui-ci est muni d'un "pied automatique breveté" sous le moteur (une béquille centrale) qui permet de laisser debout la machine "sans avoir à chercher un arbre ou un mur pour trouver un point d'appui". Rappelons qu'il faudra trois ou quatre décennies avant de bénéficier de cet "accessoire" sur nos motocyclettes. Ce Georges Gauthier était aussi un visionnaire ! (Document extrait de L'Industrie Vélocipédique et Automobile - Février 1903)

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    Vers 1905/1906, l'Auto-Fauteuil présente sa forme que l'on peut considérer comme définitive. Le moteur, qui est désormais de fabrication "maison" est à refroidissement liquide afin qu'il "pousse aussi fort au bout d'une heure qu'à la première minute". C'est surtout pour permettre à la clientèle visée de pouvoir utiliser l'Auto-Fauteuil sans rien perdre de sa dignité. Car cette clientèle est essentiellement la gent ecclésiastique laquelle, en ces temps reculés portent toujours la robe qui fait écran au courant d'air rafraîchissant le moteur !

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    Pour bien montrer ses intentions, Georges Gauthier publiera une abondante collection de documents  publicitaires. Des cartes postales mettent en scène des abbés dans des situations extrêmes (pour l'époque), surmontant des obstacles qui s'apparentent à ceux qu'affronteront les premiers pratiquants du trial un tiers de siècle plus tard. 

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    L'Auto-Fauteuil, selon M. Gauthier, s'adresse "à certaines classes désirant conserver une dignité de tenue en rapport avec leur situation et ayant besoin d'une véhicule économique passant partout". Démonstration faite ci-dessus par "M. le Docteur Biau, de Vabres (Tarn), dans les montagnes du Tarn".

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    Un abbé chasse l'autre, et on retrouve l'Abbé Alexandre dans le décor en contre-champ qui le représentait dans une carte précédente ci-avant (le "menhir est un repère).

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    Commerçants et professions libérales (intrépides) sont mis à contribution, et il est fort probable que M. Chevillot, photographe, soit l'auteur des clichés exploités par M. Gauthier. On remarque qu'il est en train d'activer la pompe à huile afin d'apporter un supplément de lubrifiant nécessaire pour surmonter l'obstacle.

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    L'Auto-Fauteuil est assez puissant pour que le missionnaire aux colonies puisse ainsi voyager avec son "boy" (sic) cramponné aux branches du guidon ! Un tablier protecteur dissimule le moteur au risque d'en augmenter la température.

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    Une guerre a passé et désormais le constructeur de Blois s'est assagi (?), un avant-train s'ajoute à l'Auto-Fauteuil, renouvelant l'assemblage qui fut en vogue avec le tricycle des premiers âges de la motorisation. La position de la passagère n'en est pas plus rassurante... Comme d'habitude, la photo est prise sur un terrain qui peut passer pour peu roulant : toujours l'image d'un véhicule passe-partout.

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    L'un des rares Auto-Fauteuil ayant survécu appartenait à "Eddy" Bonnin, artiste de music-hall à ses heures et participant aux réunions de l'A.A.M.A. dans les années 70/80. Charmant retraité qui, à un âge certain, démontrait qu'il n'avait rien perdu de sa souplesse en roulant autour de la table de son salon sur son vélo lilliputien !

    Le trial en scooter ? Pourquoi pas !

    L'Auto-Fauteuil finira par ne plus l'être que de nom (ci-dessus), tout en conservant les idées de base : moteur à l'arrière (économie d'un différentiel) et suspension par fourches pendulaires des roues avant. Une version abaissée présentera une carrosserie sommaire, sans qu'il soit possible d'en dater la réalisation dans les années 20.

    L'époque pionnière du scooter se termine avec la disparition de l'Auto-Fauteuil dont le créateur continuera d'œuvrer dans le véhicule léger tout en menant une vie sentimentale agitée qui le mènera au suicide...

    ENTRACTE

    Le deuxième vague du scooter, essentiellement fournie par Monet-Goyon et ses Vélauto puis Super-Vélauto ne suscitera pas de scootrialisme. Néanmoins, on portera au crédit de la firme mâconnaise plusieurs Vélauto à arbre à cames en tête. Ils ne seront brièvement vus qu'en endurance et en vitesse sur route.

    ( À suivre - de 1949 à nos jours)    

     


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  • Commentaires

    1
    zerchot
    Vendredi 25 Décembre 2015 à 21:40

    L'iconographie importante du scautère Honda permet de bien apprécier les formes, soyez en remercié, cher Bourdache.

    Quant au reste du sujet, merci pour cette tranche d'histoire dans l'Histoire du deux roues!

      • Samedi 26 Décembre 2015 à 09:47

        merci, Ami,

        En ces temps bousculés, il y a au moins quelqu'un qui suit !

    2
    fmd
    Samedi 26 Décembre 2015 à 11:43

    Dés qu'on lui parle de Honda, il voit rouge…

    3
    gigi
    Samedi 26 Décembre 2015 à 20:18

    Que nenni, nous sommes toute ouie , enfin je m'entends....nous attendons la suite avec impatience !!!!

    4
    jackymoto
    Dimanche 27 Décembre 2015 à 23:02

    Sur l'Auto Fauteuil  du missionaire, le passager esclave a une drôle de position...

    Quant au scotère Honda il y a un retro-viseur qui doit être mal ébavuré, car ça a déchiré la robe du modèle!

    5
    Micketon
    Mercredi 21 Décembre 2016 à 20:21

    Bonsoir Monsieur,

    Je viens de faire l'acquisition d'un Auto-Fauteuil. Pouvez-vous m'aider à l'identifier svp?

    D'avance, merci de votre réponse.

     

    Cordialement,

    Micketon

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