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Motos De Dion (suite)
À LA SUITE DU DESSIN DE LA BAT ANGLAISE que j'ai publié dans mon facebook, Howard Burrows, un Australien féru d'anciennes a signalé qu'il possédait un moteur MMC du modèle monté sur ces BAT. Il fournit également une adresse d'un site farci de documents puisés dans la presse de l'époque (pré 1914) et plein de bonnes choses dont la photo d'une BAT ci-dessous.
Le carter montre bien distinctement le nom De Dion-Bouton alors que sur une autre photo d'une autre origine, le moteur est marqué BAT. Par ailleurs, la curieuse suspension de selle semblait être une option car elle n'est plus signalée sur des publicités au delà de 1903. En résumé, on a donc des machines avec le même moteur siglé BAT, De Dion ou Motor Manufacturing Company (en toutes lettres sur le côté droit du carter), le licencié anglais de De Dion qui vendait aussi des Werner.
Retour en France avec une machine qui N'EST PAS destinée à la compétition ou à l'entraînement comme un vain peuple pense dès qu'il voit un guidon allongé... La triangulation qui entoure la roue arrière n'est pas destinée à recevoir un rouleau sur lequel viendrait frotter la roue d'un cycliste : c'est tout simplement une béquille arrière qui se rabat et forme un tréteau-support à l'arrêt. L'absence de courroie, de même que la platine avant du carter-moteur qui attend une fixation définitive indique que la machine est en cours de construction. Ce que révèle également l'absence de traces d'huile sur ce moteur bien propre...
Ce fier motocycliste a voulu se faire immortaliser dans un studio professionnel avec sa machine à la construction torturée. Surtout avec ce tube avant du cadre qu'i a fallu sans doute chauffer afin de pouvoir loger la magnéto tant bien que mal (le D.D. n'était pas prévu pour ce type d'allumage). Le moyeu arrière porte un bout de tube destiné, non pas à accueillir un passager (!) mais à permettre un départ en voltige après avoir poussé l'engin, vu l'absence de pédales. Sensations sans doute inoubliables avec un guidon aussi long !
La photo n'est pas très bonne, mais je m'en serais voulu de ne pas la montrer. Là, on se demande le pourquoi de cette forme de cadre. Le plaisir de poser les pieds sur une plateforme ou bien manque-t-il un coffre, une malle dans ce grand espace vide ? S'agirait-il d'un embryon de scooter ?
Le De Dion n'avait pourtant que quelques années mais d'aucuns le trouvaient déjà un peu faible des genoux. Plutôt que d'en augmenter la puissance en augmentant la cylindrée comme sur les tricycles - ce qui finira par accélérer leur fin - il parut plus simple (euh...) de travailler la distribution. Exit l'admission automatique et place à un culbuteur. Le modèle de droite est doté d'une culasse à eau, un accessoire adaptable que fournissaient alors plusieurs spécialistes en pièces détachées. Sur la photo de gauche, on remarque le montage particulièrement audacieux du culbuteur placé au-dessus du tube de cadre !
Toujours avec le "gros" moteur destiné aux tricycles, cette version d'un motocycliste heureux se signale par un "accessoire" rare : un frein avant à enroulement sur le moyeu avant. Ce qui semble être un hauban de renfort du guidon est en fait la commande rigide de ce frein. Grosse poigne exigée !
Une photo qui rappellera quelques souvenirs aux lecteurs d'un certain livre... Un pédalier semble destiné à la mise en route du D.D. séparément, ce qui suppose la présence d'un embrayage en sortie moteur du côté opposé.
Rare exemple, peut-être unique, d'une machine "commerciale" équipée d'un D.D. Tout ce que l'on sait d'elle tient sur le carter du réducteur que nécessitait une transmission finale par chaîne. On y lit : "J. Lepoureau, Bté S.G.D.G. À Issy les Moulineaux". La photo ci-dessus la représente au pesage de Paris-Bordeaux en 1904.
L'Annuaire Générale de la Vélocipédie de 1905 signalait un J. Lepoureau, Cycles, 72 quai du Point du Jour à Boulogne-sur-Seine. Le même ouvrage donne la même adresse mais à Billancourt. Prédestination des lieux : après la guerre (peut-être avant ?), le 73, quai du Point du Jour était occupé par Robert Kiéné, motociste dont la vitrine exhibait une 125 Puch TS. Cette 2 carbus rouge me faisait baver lorsque je passais devant pour aller voir les Harley-Davidson "civilisées" chez Moto Danton à Levallois-Perret.
Charmante réunion de famille où la moto vole la vedette aux spectateurs. Ne vous laissez pas abuser, le personnage barbu avec chapeau melon n'est pas Désiré Landru. Bien que, comme on sait le (triste) Sire de Gambais avait un lien avec la motocyclette.
Certains moteurs D.D. sont marqués De Dion & Bouton tandis que d'autres font l'économie de cette éperluette (c'est le nom de ce symbole typographique "&") sans que l'on sache pourquoi. À moins qu'un érudit de service et spécialiste de la marque nous en dise plus ?
Il y a encore à dire sur le sujet tant il y a eu de réalisations "sauvages". Mais la prochaine fois on parlera des machines plus rares avec le "petit" D.D.
Tags : BAT, De Dion à culbuteur, Howard Burrows, MMC, J. Lepoureau, Robert Kiéné, Landru, éperluette
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Commentaires
2NewmapVendredi 23 Août 2019 à 11:32Merci pour cet article, comme toujours passionnant !
Sinon, je crois que l'on parle d'eSperluette et pas d'éperluette !
allez, on attend la suite (4 car j'ai déjà consulté la 3 !)
toutes mes amitiés
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Lundi 26 Août 2019 à 19:10
... ou encore espelette ? ? ? pour pimenter la conversation
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4HugodesMercredi 28 Août 2019 à 08:37
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Merci ! Je me coucherai moins bête ce soir...