• NSU 251 OSL : moto-cross & tout terrain (2)

    AU TOUT DÉBUT des années 50, on a vu quele championnat français de moto-cross en 250 cm3 est disputé avec des machines hétéroclites, vestiges d'avant-guerre ou des "allemandes" transformées. L'époque est épique et les moyens du bord ne manquent pas de pittoresque comme le rapportait le pilote orléanais Robert Klym dans une interview à Moto Revue en 1954. Le "graal" c'était de courir à Montreuil et pour réduire les frais de déplacement, la solution était toute simple : "Nous montions à Paris en remorque derrière une 500 BSA pour ne pas user le moteur. Nous prenions une batterie dans une musette, des fils volants pour une lampe à l'avant et un feu rouge et l'été nous faisions le voyage en partant le matin au petit jour pour revenir le soir". Robert Klym avait débuté avec une ancienne 175 Terrot de tourisme puis avait pu acquérir une 350 Matchless, mais une "civile" précisait-il. Comme beaucoup il passera sur la Gold Star qui constituera bientôt une véritable armada dans un parc où survivront quelques Gilera (Rémy Julienne, Carlo Molinari, Jacky Mélioli) ou Velocette (Victor Amédéo)

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    Son frère René s'était lancé, lui aussi dans le moto-cross, au guidon d'une Gnome-Rhône 125 Type R4 (ci-dessus, photo moto-collection.org) que rien ne destinait à affronter les bosses, rudes montées et bourbiers qui constituaient alors le menu d'un terrain de cross. Il persistait ensuite dans le "métier" en 250, d'abord avec une 251 NSU puis avec plus de succès sur une Puch TF à peine modifiée. 

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    De gauche à droite : un départ en mai sur la piste du Merlan (Marseille) avec une 175 (ou 250) Puch, 250 NSU moteur Max, 251 NSU OSL, Dot 200 Villiers avec fourche avant type Earles, 251 NSU OSL, l'armement s'est diversifié et la NSU 251 commence à accuser son âge. Le seul pilote identifié est Sauca n°3, mais les autres doivent être connus, en particulier l'homme à la Puch qui pourrait être un Champion de Provence (on écoute celui qui sait).  

    UNE NOUVELLE GÉNÉRATION de machines apparaît, plus modernes et presque conçues pour la spécialité, ou au moins pour le tout-terrain, cross ou trial. Mais toutes seront d'origine étrangères.

    Dans leur première apparition en France, le 4 mai 1952 lors de la Coupe des Nations à Montreuil, les légères 200 Dot avaient fait forte impression. Dans le genre, on connaissait déjà les Puch aux mains d'un Paul Godey ou d'un René Klym (frère de). Et ce n'est pas un hasard si toutes ces machines sont des deux-temps... Ce qui n'empêche pas les "bricoleurs" - selon le terme de Moto Revue - de continuer à œuvrer autour de la NSU 251.

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    "Machine avantagée par son poids et son extraordinaire maniabilité. particulèrement à son aise en terrain boueux, possédant un couple assez bas et une puissance appréciée aux bas et moyens régimes". Tel était le résumé de l'essai d'une 200 Dot effectué par Robert Mouchet, crossman-journaliste à la revue Motocycles fin 1952. La machine - cadre rigide - avait été prêtée par les Ets Delauné dont le fils, Claude, était alors, sur une Motobécane l'un des virtuoses du trial français et, occasionnellement pilote de vitesse (125 Puch, 175 Ydral). Par ailleurs, les Delauné Père et Fils étaient agents parisiens de Dot.

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    Au hasard des classements dans les revues de l'époque, ou des programmes d'épreuves, on découvre bien d'autres pilotes courant sur des 251 largement améliorées dont Amadéo, Molinaro, Darrouy, Guimier, Ledormeur, Leroux, Perry, Mirivel et Jolliet dont on voit la machine ci-dessus (document leguidevert.com)

    Dans la Coupe des Nations du 4 mai, on avait donc vu les Dot britanniques de Bill Barugh et Pilling se jouer des difficultés d'un terrain rendu quasi impraticables par la pluie. Au point que les autres pilotes furent autorisés à supprimer le garde-boue avant des machines. Au point que, de départs retardés en annulations de manches, cette réunion se termina plus tôt que prévu ! Entre les averses, les deux anglaises bourdonnaient autour des autres concurrentes qui s'embourbaient tous les 20 mètres. C'est donc sans surprise que Barugh l'a emporté en 250 devant son co-équipier. Le troisième est Paul Vouillon qui a couru également en 500 ce même jour, probablement sur une BSA Gold Star. En 250, on le trouve évidemment sur une NSU 251 OSL. Largement revue par ses soins, elle est présentée ci-dessous dans Motocycles & Scooters (mars 1953) qui, plus que Moto Revue, faisait une place appréciable au moto-cross.

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    L'essentiel du travail de Vouillon a porté sur la partie-cycle qui, d'origine, avait une "fâcheuse tendance à vriller", selon les termes de Motocycles, provoquant parfois jusqu'à la rupture des carters-moteurs (!). Le tube avant de cadre, simple et dédoublé d'origine pour enserrer le carter-moteur, est ici doublé et légèrement cintré, sans doute pour obtenir un angle de chasse raisonnable à la fourche, laquelle provient d'une Saroléa comme la roue, le frein à tambour et la selle.

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    Dans la triangulation abondamment entretoisée qui constitue la suspension arrière on retrouve des éléments de BSA (fixations supérieures des amortisseurs hydrauliques). La marque anglaise a également fourni l'embrayage et la boîte provenant d'une 500 WM 20, une ex-militaire. La roue arrière avec son frein sont d'origine, tout comme le réservoir. 

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    Paul Vouillon est l'un des rares "bricoleurs" à fournir quelques précisions sur la préparation de son moteur. Mais ce qu'il veut bien lâcher en matière de caractéristiques techniques ressemble plutôt à des "éléments de langage", récente découvertes de nos politiciens qui a remplacé la "langue de bois". Néanmoins, on apprend que grâce à des nouvelles soupapes, une distribution allégée, un diagramme "secret" et un taux de compression de 7,9 à 1 au lieu du 6,8 de série, la puissance atteint 12,5 ch à 6 000 t/minute environ, soit un gain de 2 ch. Peu, mais suffisant pour décontenancer l'essayeur d'un jour de Motocycles qui souligne une courbe de puissance assez pointue obligeant "à faire vriller le moteur (sic) et jongler avec le sélecteur". Sensations prémonitoires des années à venir lorsque le deux-temps suédois, tchèque, espagnol va affirmer sa domination... 

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    Grâce aux archives récoltées par leguidevert.com on retrouve quelques vedettes identifiées du moto-cross méridional des années 50. On remarque également la progression du deux-temps dans le matériel disponible avec quatre Dot (n° 3, 6, 9, et 10) sur sept concurrentes. Le n° 4 est Sauca sur sa NSU 251 OSL bien visible ci-dessous à l'arrivée d'une autre course qu'elle a vraisemblablement gagné...

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    Comme sur la Spéciale Vouillon, le cadre de cette Sauca Spéciale a été renforcé par des tubes avant jumelés, mais c'est l'arrière qui cache le plus intéressant. Il s'agit d'une suspension oscillante mono-amortisseur qui sera "découverte" par Yamaha bien des années plus tard. Grâce à Serge Julhia et Yves Dalmier (qui en a réalisé le croquis ci-dessous), on en sait un peu plus sur cette réalisation signée de Jean Guit, mécanicien des Ets Sauca.

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    Plusieurs petites cylindrées (entre autres une Terrot, ci-dessous) destinées à la vitesse ont également reçu cette transformation radicale. Selon Y. Dalmier, l’élément de suspension “ était constitué de deux pompes à graisse Técalemit enfermant un ressort. Par la suite, pour avoir un amortissement, il avait utilisé un amortisseur de Traction raccourci et entouré d’un ressort.”  Qui dit mieux dans la simplicité... et l'économie !

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     Yves Dalmier présente une 125 Terrot qui a reçu la potion Guit, avec les immatriculations qui permettaient de se rendre sur le circuit et d'en revenir par la route...

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    Encore un gros travail de "bricoleur" sur une 251 OSL photographiée lors d'un cross au Merlan (Marseille) en 1953. Pas d'autres informations sur le pilote et le réalisateur de ce bitza.

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  • Commentaires

    1
    François Arsène
    Mardi 21 Février 2017 à 21:46

     la légende de la photo de la 251 OSL attribuée à Pierre Jolliet me turlupine. Si cette photo se réfère à 1952, il y a problème : Pierre Jolliet, né en 1938, n'était quand même pas aussi précoce ! Autre chose, il me semble me souvenir qu'il commença le moto-cross sur une brave Norton 16 H latérales préparée par Charly Loustalot (St Jean Moto) qui l'avait équipée d'une fourche télescopique de 500 Terrot "gendarmesque". 

      • Mercredi 22 Février 2017 à 11:23

        Info trouvée sur leguidevert.com collectant les souvenirs et les photos fournies par des lecteurs... la mémoire peut parfois être faillible...

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