• NSU 251 OSL sur la piste (2)

    Proche habitant de Paris, Marcel Camus avait une facilité certaine à communiquer ses travaux à la presse, dont en particulier Moto Revue. Il bénéficiait aussi de la "vitrine" de Montlhéry où chacun présentait sa production dans des épreuves aussi importantes que les Éliminatoires du Bol d'or, le Bol lui-même et les Coupes du Salon. Pourtant, en province, l'activité de certains artisans (artistes dans certains cas) donna naissance à des machines de qualité au moins égale. Et c'est encore par le canal de Moto Revue que ces artisans ont fait connaître leur travail.

    NSU 251 OSL sur la piste (2)

    La première réalisation française signalée dans la presse spécialisée est due à Alphonse Juigné au printemps 1949. Ce membre du Moto Club de Touraine a remporté quelques belles courses à Orléans et Bourges. Il a surtout terminé premier des 250 à l'Éliminatoire du Bol d'Or en mars 1949 puis s'est classé deuxième de sa catégorie dans ce Bol d'Or. Il y affrontait pourtant des pointures sérieuses dont Pierre Monneret sur une rouge Sertum italienne. Les "simples" soupapes latérales de cette dernière mèneront le jeune champion à l'arrivée - quoique à la quatrième et dernière place - alors que Georges, son père, avait dû abandonner de même que deux autres Italiens, tous trois sur des Sertum aussi officielles que culbutées. Signalons que le vainqueur, l'Auvergnat E. Gillard pilotait une allemande DKW, sans doute rescapée de la Wehrmacht comme la Spéciale Juigné. (Note à benêt : Le tricar de Zampano dans La Strada est un Sertum).

    NSU 251 OSL sur la piste (2)

    Présentée par Moto Revue le 8 avril 1949, la Spéciale Juigné est profondément modifiée dans sa partie-cycle (la couleur orangée sur le dessin précédent n'est pas une fantaisie due à Photoshop mais un essai de bichromie de la revue). Le moteur NSU a probablement reçu quelques soins, mais Moto Revue n'en dit ni n'en sait pas plus. On apprend simplement que la fourche télescopique est une réalisation personnelle, que la pédale de sélecteur est retournée et que le frein avant est monté sans flasque, une plaque métallique recevant les ancrages des mâchoires. Pas beaucoup plus d'informations autour du dessin de la partie arrière de la machine détaillant le gros travail réalisé par M. Juigné. (ci-dessus, dans Motocycles le rival de Moto Revue moins branché sur la province)

    Alphonse Juigné continuera sa carrière de pilote au guidon d'une 350 Douglas ("L'autre" flat-twin) avec laquelle il terminera 1er des 350 au Bol d'or 1950. Sans que l'on sache exactement à quel moment se situe cette autre activité, il a aussi utilisé sa NSU en moto cross comme en fait foi une seule photo, ci-dessous, non datée.

    NSU 251 OSL sur la piste (2)

    Tube d'échappement relevé, garde-bous avant décollé, peu de différences entre la Juigné machine de vitesse et la Juigné de moto-cross dont le frein avant est toujours veuf de flasque.

    LA VISITE CONTINUE, C'EST PAR ICI...

    NSU 251 OSL sur la piste (2)

    Avec les négatifs des Coupes du Salon en 1951, où se trouvaient la machine de Marcel Camus (article précédent), figuraient deux photos d'une NSU dont il est probable qu'elle a participé à cette même épreuve. Cette "coursifiée" est encore une réalisation de qualité dont on ne connaît malheureusement pas l'auteur. Le frein avant présente une prise d'air de refroidissement très travaillée tandis que la suspension arrière pourrait bien être signée de Grazzini, spécialiste des suspensions adaptables de l'époque.

    NSU 251 OSL sur la piste (2)

    Virtuose de la perceuse, son réalisateur-pilote s'est exercé sur les amortisseurs à friction, la pédale de frein et les haubans de renfort du cadre utilisés pour supporter les repose-pieds. Joli travail de chaudronnerie également sur le carter protégeant la chaîne primaire et celle d'entrainement de la magnéto, de même sur le garde-boue arrière à numéro évoquant celui des Guzzi de course. Années heureuses où il suffisait d'un numéro fixé derrière la selle pour aller courir à Montlhéry sur sa machine de course (en échappement libre...). L'éclairage n'était pas obligatoire si l'on circulait seulement de jour, mais le cataphote (ou catadioptre) respectait la loi.

    PLUS GRAND CHOSE D'ORIGINE... MAIS SI BELLE !

    NSU 251 OSL sur la piste (2)

    L'année 1951 a suscité dans Moto Revue un afflux d'informations sur les transformations de la NSU 251 réalisées par des amateurs. Celle-ci est due à Georgins, un coureur du M.C. Toulousain et, si ce n'était son carter-moteur aux nervures caractéristiques, on aurait du mal à y distinguer la 251 d'origine. La partie-cycle est totalement nouvelle, ne gardant de série que le tube avant dédoublé du cadre. La fourche télescopique (personnelle ?) reçoit un large (pour l'époque) frein avant muni d'une écope de refroidissement. Gros frein aussi à l'arrière dans une suspension oscillante à éléments séparés hydrauliques, réservoir de Monet-Goyon retravaillé sont les modifications les plus apparentes pour recevoir un moteur lui aussi fortement "retouché". 

    NSU 251 OSL sur la piste (2)

    Ce sont MM. Loupiac, Père et Fils qui ont usiné le volant-moteur, la bielle et l'embiellage monté sur aiguilles, nous apprend Moto Revue. Le cylindre en dural est taillé dans la masse et chemisé pour recevoir un piston bombé en alliage donnant un taux de compression de 8,7 à 1. La culasse est d'origine avec des conduits plus gros (26 mm à l'admission) et le réglages du jeu aux soupapes se fait par des boutons molettés. Boîte à vitesses d'origine avec le sélecteur inversé comme il se doit et embrayage monté sur Ferrodo. Avec un régime de 8200 t/minute, la vitesse annoncée était de 138 km/heure.

     (Prochain article : la 251 OSL dans le moto-cross)


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  • Commentaires

    1
    FAJ
    Mercredi 14 Décembre 2016 à 11:54

    Alphonse Juigné, motociste, fut aussi un pilote de moto-cross connu.

    2
    zerchot
    Mercredi 14 Décembre 2016 à 15:01

    Très intéressant sujet sur ces NSU méconnues. (de moi dans les grandes lignes ) 

    Sur la 1951, les amortisseurs AR m'intriguent, on n'y voit pas le ressort ...?

     

      • FAJ
        Mercredi 14 Décembre 2016 à 18:30

        Probablement une suspension pneumatique dérivée de celles utilisées sur les trains d'atterrissage d'avions.Les toulousains connaissaient bien cette technique du fait des ateliers d'aviation. Probablement faite en perruque comme nombre de bielles taillées dans dans des hélices en dural. Exemple similaire à la NSU, la Velocette de moto-cross de Sauca qu'il avait transformée en suspension cantilever avec un élément pneumatique du même type.  

    3
    jackymoto
    Jeudi 15 Décembre 2016 à 14:31

    Dans les tubes des amortisseurs,  il y avait la place pour des ressorts vue la faible course des suspensions de cette époque ainsi que le poids plume de la machine ( l'option pneumatique évoquée par FAJ n'étant pas à exclure, Velocette l'utilisant sur ses fourches Dowty à cette époque). J'ai appris récement que Mc Candless utilisait des amortos de traction modifiés sur les premiers featherbed...car rien d'autre n'était disponible.

    Juigné avait fait son nom comme  pilote habile de moto-cross. Il avait gonflé pas mal de moteurs  NSU pour les cross-man. Le premier NSU de mon copain Momo était passé par son établi pour une somme d'argent plutôt coquette, car ce moteur prenant d'origine des tours comme un deux temps, est très facile à améliorer.

     

      • FAJ
        Jeudi 15 Décembre 2016 à 14:46

        En France, des coureurs de moto cross utilisaient aussi des amortisseurs de traction modifiés

    4
    jackymoto
    Jeudi 15 Décembre 2016 à 14:53

    Pour la même raison que Mac Candless!happy

    5
    DidierF
    Mercredi 8 Février 2017 à 23:17

    Bonjour ou bonsoir.

    M. Bourdache, j'aime beaucoup ce que vous faites. Et cette page est spécialement réussie, trouvé-je.

    Puisqu'on y a parle de Juigné, quelqu'un pourrait-il me dire sur quelle machine il termina deuxième de sa classe (250) au Bol d'Or 1947 ?

    Si on peut me répondre, tant mieux. Sinon, tant pis, déjà merci de m'avoir lu et d'avoir vérifié que vous ne saviez pas.

     

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