• Une mystérieuse 175 française : TTY ou Armston ?

    Une 175 française mystère : TTY ou Armston ?

    (On clique dessus pour agrandir les images)

    Les débuts des années 50 en France sont extrêmement riches en machines de petite cylindrée, c'est à dire en 125 puis 175 cm3. Les grandes marques ont toutes une 125 à leur catalogue. De Motobécane à Terrot, de Monet & Goyon à Alcyon, Gnome-Rhône ou Automoto, Peugeot, même René Gillet (!), tous auront leur deux ou quatre-temps dans une catégorie dite souvent "Populaire" mais que nous dirions aujourd'hui "Utilitaire", voire "Commuter Bike" si on veut causer le créatif dans le texte.  L'apparition des motoristes comme A.M.C., Aubier-Dunne ou Ydral va accentuer ce mouvement qui va aussi se déployer en compétition. On ne compte plus les "spéciales" de tout bord nées de Marseille à Bordeaux, de Nantes à Strasbourg. Bon an mal an, on en découvre une poignée restées jusque là inconnues. Beaucoup ont donc survécu, on en connaît l'historique alors que d'autres ont disparu dans les brouillards de l'Histoire. Pire, elles dorment au fond d'une remise, derrière une porte de grange ou dans une (horreur !) sombre cave.

    Si je vous dit "TTY" ou encore "Armston", vous allez vous gratter la tête en signe d'incompréhension. Car, à moins d'avoir révisé dans l'heure précédente les œuvres complètes de Messieurs Moto Revue et Motocycles, il est impossible que les deux "marques" précitées éveillent en vous un quelconque souvenir. La vérité oblige à dire qu'il ne s'agit peut-être que d'une seule marque, du moins d'un seul concepteur-constructeur. C'est le journaliste-essayeur-photographe André Nebout - alias Tano lorsqu'il écrit dans Motocycles - qui semble être à l'origine de ces réalisations. Payant de sa personne, c'est toujours lui que l'on verra à leurs commandes, du moins dans les deux occasions où leur présence est signalée par la presse spécialisée. 

    Une 175 française mystère : TTY ou Armston ?

    La TTY ci-dessus semble en avoir été la version la plus aboutie. Elle a fait ses premiers tours de roues (peut-être les derniers ?) lors de l'épreuve des Éliminatoires du Bol d'Or au printemps 1952. Organisation de l'infatigable Eugène Mauve, cette réunion disputée sur 3 heures à Montlhéry était plutôt une occasion de comparer et mettre au point les dernières réalisations hivernales des professionnels et amateurs, avant les célèbres deux tours d'horloge. C'est à cette occasion qu'un photographe l'a immortalisée. D'abord en course (photo en tête d'article) puis au repos. Documents réalisés au format 6 X 6, sans doute avec un Rolleiflex, ce qui explique l'excellente qualité de l'une (statique) et la mauvaise de l'autre (en action), l'appareil allemand n'étant pas réputé pour la prise de vues "sportives".

    Une 175 française mystère : TTY ou Armston ?

    L'ultime TTY était devenue une assez classique 175 cm3 quant à son moteur deux-temps monocylindre à deux échappements (dessin Moto Revue ci-dessus). C'est par sa partie-cycle qu'elle se singularise, formée d'un cadre double-berceau en tubes fins et une suspension arrière oscillante. Celle-ci utilise sans doute des éléments en caoutchouc (bloc en compression ou anneaux type Neiman ?) dissimulés sous le carénage, avec des amortisseurs à friction montés "à l'italienne". La fourche avant ressemble à celle d'une Peugeot, renforcée par un étrier de raidissement taillé dans l'alu

    Malgré un mauvais départ dans ces Éliminatoires, Tano qui devait roder son moteur, était à la mi-course parmi les trois premiers de sa catégorie lorsqu'il dut abandonner sur une panne bizarre et rare : "tubulure d'admission crevée"...

    À l'heure actuelle, l'histoire connue s'arrête ici car la (les) machines n'ont jamais réapparu.

    Une 175 française mystère : TTY ou Armston ?

     Retour en arrière avec le résumé des chapitres précédents. La première mention d'une Armston date de 1951 lorsqu'elle est présentée en mars au départ de la Côte Lapize, déjà menée par Tano-Nebout. À cette occasion, Motocycles en publie une assez vilaine photo, toute noire, mais elle servira de modèle pour exécuter le dessin ci-dessus. Ce dessin est censé illustrer la machine de Lapize dans laquelle Tano l'a engagée en 250. Elle s'est classée deuxième en 39'' 3/5 derrière Feuiltaine monté sur une anglaise culbutée des années 30 (Excelsior ? Rudge ?) qui est grimpé en 35'' 2/5.

    C'est donc une 250 qui est annoncée comme étant à double piston avec chambre d'explosion commune. Les pistons semblent être positionnés côte-à-côte si l'on en juge par la largeur du cylindre. En supposant toujours, l'embrayage serait en bout de vilebrequin, disposition assez rare sur les motos (exemple MZ 250).

    Une 175 française mystère : TTY ou Armston ?

    Trahi par ses archives, Motocycles dans son reportage sur le Bol 1951 a publié le dessin du modèle "Lapize" alors qu'entre les deux épreuves l'Armston avait déjà été modifiée. L'échappement retrouvait une orientation classique, le bas-moteur restant apparemment le même qu'auparavant (dessin ci-dessus par Moto Revue). On a vu que, par la suite la cylindrée 250 a été abandonnée, l'offensive des Jawa et surtout des Puch n'y est sans doute pas pour rien... En 1952, Tano courra le Bol sur une 250 Puch.

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  • Commentaires

    1
    FAJ
    Vendredi 19 Décembre 2014 à 11:23

    1 le moteur de la TT - du moins le bas et sans doute la culasse - m'apparaît comme étant un Ydral du premier type à deux échappements. En revanche le cylindre est différent par l'orientation des échappements et de l'admission qui pourrait simplement résulter d'une modification du cylindre original (en alliage léger). Pour mémoire, l'Ydral, un moteur bien né, a servi de base à un certain nombre de transformations,par exemple les motos préparées par le berruyer Gaston Rabot qui connurent de très bons résultats au Bol d'Or et dans des "Grand Prix" régionaux aux mains de son pilote Gilbert Riès.

    2 l'embrayage en bout de vilebrequin n'est pas la disposition la plus courante en effet mais c'est pourtant celle retenue par Peugeot pour ses deux-temps d'après guerre.

    2
    breb49
    Samedi 20 Décembre 2014 à 01:55

    Ce ne serait pas l'ami Gaston Durand (entre autre de chez ydral) qui serait à l initiative de l armston.  ?????(a ne pas confondre avec notre ami Michel)

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    3
    Newmap
    Samedi 20 Décembre 2014 à 18:38

    Je confirme pour la TT c'est bien une base de moteur Ydral 175cc bitubes L45 ou L49 avec un cylindre spécial(peut etre celui a ailettes en cuivre rapportées par brasage sur un cylindre fonte)

    4
    Jackymoto
    Lundi 22 Décembre 2014 à 14:54

    L'Ydral  avec le carbu sur le côté est d'origine un poumon. Par contre le bas moteur est extrêmement moderne et ressemble étrangement au Morini ou Minarelli 50cm3 fabriqués vingt ans plus tard.

    5
    FAJ
    Lundi 22 Décembre 2014 à 21:30

    Juste une petite précision pour ceux qui ne connaissent pas les Ydral. Contrairement à ce que la disposition latérale du carburateur pourrait suggérer, il ne s'agit pas d'un moteur à piston déflecteur. Son balayage"en croix", comme les CZ bitube de cross - un transfert devant, un derrière et les échappements latéraux - est du moderne et efficace type Schnürle - à piston plat - exploité avant-guerre exclusivement par DKW. Après la défaite allemande tout le monde l'adoptera sans se soucier des brevets.

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