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Vintage Revival Montlhéry 2015... l'extase ! (2)
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(Pour les agrandir, on clique sur les photos qui sont © zhumoristenouveau)
Pour rouler, il faut d'abord démarrer et à trois on n'est pas de trop lorsqu'il s'agit de faire craquer les grosses gamelles d'un Anzani d'entraînement (Collection Jean-Luc Gaignard).
L'exercice est à peine moins difficile avec le JAP 1000 bicylindre en V culbuté à transmission directe par courroie de la N.U.T. 1914 du Musée d'Hockenheim (N.U.T. = Newcastle Upon Tyne, lieu de construction).
Effort moindre, mais effort tout de même nécessaire au lancement de la (ou du) Ner-a-Car à moteur deux-temps, un cycle-moteur très rare dans la production américaine. Elle (ou il) bénéficie d'un semblant d'embrayage grâce à la progressivité de la transmission par plateau de friction, fournissant une multitude de rapports.
Tel le valet de pied d'un carrosse royal des siècles passés, l'impeccable pousseur du Brooklands Museum est aux ordres du pilote d'une Tri-JAP Speed 500 de 1936. La machine, destinée aux "runs" est tellement déshabillée que le seul endroit pour fixer son numéro du Vintage était le dos du pilote.
Autre costume immaculé, celui de Freddie (son nom est inscrit sur le dos de sa combinaison, voir photo plus haut), membre bénévole de l'organisation du Vintage. Il est venu spontanément prêter la main au départ de la N.L.G./Malanik. Le lanceur mécanique, prévu à cet usage, avait du mal à faire tousser le 2 litres 700 très peu démultiplié comme en témoignent les dimensions respectives des poulies de la transmission.
À propos de poulies et courroies, voici la façon élégante de fournir l'éclairage sur une Mars 1000 allemande de 1925 avec moteur flat-twin longitudinal à soupapes latérales. Une dynamo fixée sur le marche-pied, une poulie plaquée sur le volant-moteur extérieur, une mince courroie pour assembler le tout et on obtient l'électricité à bon compte.
Autre grosse cylindrée allemande de la même époque que la Mars précédente, cette Wanderer cossue est une 700 à 4 soupapes (par cylindre) de 1924. Au passage, on admirera le soin apporté au confort du passager, souvent une dame du beau sexe. À peine ai-je mis cet article en ligne (à 11 h 30) que m'arrive un mail d'Yves Campion "amateur de Gillet d'Herstal" (11 h 41), pour me signaler que sur le réservoir de cette Wanderer on pouvait voir une montre, un compteur de vitesse et un... compte-tours "ce qui sur une moto des ces années est rarissime", ajoute-t-il. Bien vu... sauf par moi ! Et merci à lui.
Le dessin des cylindres aux ailettes horizontales est typique de plusieurs productions allemandes des années 20, entre autres sur les NSU.
Pendant ce temps, l'Anzani va à son train relativement calme. Cependant, est-ce le vent de la vitesse ou les vibrations du moteur amplifiées par le béton de l'anneau, toujours est-il que le pilote en perd ses bretelles ! C'est l'occasion de souligner l'un des charmes annexes, mais agréables, du Vintage que de voir des concurrents revêtus de costumes et accessoires d'époque. Ici, accord parfait avec pantalon de cuir, leggins, pull sportif, casque recouvert de cuir. Les brodequins auraient pu être remplacés par des... espadrilles ou des charentaises, plus confortables sur les longues épreuves et préférées par certains entraîneurs de stayers astreints à rester des heures en selle au cours d'une même journée.
Il fut un temps où Harley-Davidson vendait des machines dont le réputation s'établissait grâce à des performances acquises sur les pistes de vitesse, en bois ou en terre battue. Il s'agissait alors de lutter (avec succès) contre une concurrence aussi valeureuse que nombreuse. Temps lointain dont les méthodes publicitaires ont été remplacées aujourd'hui par un marketing confié à des "motards" hollywoodiens (en France, nous eûmes jadis Johnny en "tête de gondole"). Ce marketing a peu à craindre d'une concurrence "nationale" réduite à zéro ou peu s'en faut, celle-ci se contentant d'offrir des "clones" inspirés par les machines de Milwaukee. Cependant, grâce au Vintage Revival une certaine magie du V twin opère encore. Alors que les Harley françaises "déferlent sur Saint-Tropez" (voir la presse locale), ce sont des Allemands passionnés qui nous ont fait partager leur enthousiasme à Montlhéry avec leurs Harley aux antipodes des "baggers" de la nouvelle "tendance". Ces semi-culbutées dénudées (naked ! ! ! ) n'en sont que plus belles...
Plusieurs Indian en piste et un club français bien fourni du côté des exposants, alors que, sauf erreur, pas vu de club Harley... Bref, au départ cette belle Indian que d'aucuns ont baptisé Crocker. Abusés par le filtre à air du carbu au nom de la marque tôt disparue en 1942, mais ressuscitée par des Californiens qui les refont, conformes à l'origine ainsi que des pièces (dont ce filtre à air) pour les quelques dizaines d'exemplaires survivants.
Juste pour le plaisir, une Crocker 1000 culbutée telle que l'éternité ne la changera jamais.
Pour conclure cette escapade d'Outre-Atlantique, une superbe Indian Chief du club du même nom. Pas eu le temps d'en savoir plus, le temps de me retourner, elle avait déjà filé.
Sous l'intégral, il me semble avoir vu une dame au guidon de cette AJS 350 "Big Port" de 1927. (Big Port = grosse sortie d'échappement). Collection Fischesser.
Autre dame toujours sur une machine anglaise, une 350 Velocette KSS de 1932 (Collection Gilles Tocanne).
On a vu plusieurs Alcyon anciennes, roulantes en piste ou dans le parc. Celle-ci est une 350 (52 mm x 82) bicylindre latérales plutôt moderne avec son bloc-moteur à 2 vitesses et embrayage par une paire de double cones, un par rapport. Sa transmission finale par chaîne est encore une rareté française pour 1914, date de sortie du premier modèle.
Chacune des deux vitesses est commandée par une pédale au pied, à gauche et à droite du moteur. Une autre 350 était proposée au Catalogue Alcyon 1914, mais à transmission directe par courroie et une poulie moteur extensible, donc sans boîte à vitesses. Son prix s'en ressentait fortement : 1 100 F au lieu des 1 550 F du modèle plus perfectionné et de cylindrée identique (Collection Luc Manche).
Sur cette machine, la silhouette d'une fourche avant caractéristique signale une Alcyon, monocylindre cette fois. Cette fourche pendulaire sera longtemps utilisée, y compris sur les modèles d'usine en compétition où Alcyon donnera souvent la réplique aux Peugeot dans les courses nationales du plus haut niveau.
Sans conteste possible, l'un des plus beaux moteurs français des années 30 est celui de l'Alcyon 350 avec arbre à cames en tête et une superbe culasse bronze.
L'attente en pré-grille est parfois un peu longuette et réveille des vieilles douleurs oubliées mais heureusement surmontées dans la chaleur de l'entrée en piste !
Le "meilleur côté" de l'Alcyon, récupéré grâce à une photo prise naguère par Jean Lalan.
L'un des rares deux-temps dans l'histoire du cyclecar est le 500 flat-twin conçu par Marcel Violet qui en commit bien d'autres, dont la célébrissime SEVITAME destinée à l'armée française. Son cyclecar a été commercialisé sous le nom de SIMA-Violet mais surtout par Alcyon, et ses marques-sœurs Labor et Armor.
La nervosité de son moteur fit du SIMA-Violet un véritable épouvantail en compétition, particulièrement dans les courses de côte. Très souvent, c'est Marcel Violet lui-même qui le menait à la bataille.
Avec trois exemplaires différents, dont deux vus sur piste, ABC était en force à Montlhéry. La plus originale d'avant 1914 était aussi la plus ancienne car arborant dans le sens longitudinal le moteur flat-twin culbuté "bien connu".
Moins révolutionnaire que l'ABC culbutée, le flat-twin Douglas à soupapes latérales fut une belle réussite commerciale au lendemain de la Première guerre. Ses machines y avaient gagné une réputation de fiabilité qui se répandit dans pratiquement toute l'Europe.
Il semble qu'il n'y ait eu qu'une seule BMW sur le béton de Montlhéry et ce flat était aux mains d'Alastair Gibson, natif d'Afrique du Sud établi en Angleterre. Il est mieux connu des amateurs de G.P. automobile comme chef mécanicien des Honda de F1 entre 1999 et 2008. Retourné à la vie civile, il réalise aujourd'hui des sculptures en titane qui font courir le tout-London. Sa machine est une R5 Super Sport 1936 de 24 ch. qui a appartenu à son père. La résonance de l'échappement des flutes au passage devant les tribunes était un vrai enchantement. Raaaahhh !! Lovely !!!
Alastair Gibson ne numérote pas ainsi toutes ses sculptures fortement imprégnées de l'univers de la faune sous-marine, mais de temps à autre, le passé resurgit inconsciemment. Il y a du Freud là-dessous !
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Tags : Anzani, N.U.T., Ner a Car, JAP, Brooklands Museum, N.L.G., Mars, Wanderer, Indian, Crocker, Alcyon, Marcel Violet, ABC, Douglas, BMW, Alastair Gibson
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Commentaires
2FAJMercredi 20 Mai 2015 à 15:04tu as l'œil Jean, c'est bien une femme sur l'AJS Big Port 1927 Il s'agit de Catherine Fischesser dont le mari Etienne pilotait son AJS K10 1928. Les deux bordelais roulent sur ces mêmes bécanes depuis plus de 25 ans, une belle constance
3MARIE DOUNI1AUXJeudi 21 Mai 2015 à 23:25
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La dame sur la Velocette de Gilles Tocane c'est Anne sa femme. Elle sait se servir d'une moto autrement qu'au ralenti, pas le cas de certains "pilotes!"