Christophe, alias Crius, alias Ch2 tel que portraituré par le dessinateur de Moto Revue Antonio Arguello (con un tilde sobre la u)
IL EST PROBABLE QUE CHRISTOPHE ET SEXÉ ont parlé du Bol d'or, ce Bol où brillait alors le moteur Sachs. Depuis 1934, ce bloc-moteur allemand de 100cm3 deux-temps, avec 2 vitesses et embrayage était monté, entre autres, par la modeste marque française MR (Mandille & Roux). Il a remporté la victoire dans la catégorie 125, en 1934, 1935, 1936, 1937, 1938 tout en réalisant parfois le doublé à des moyennes fort honorables, celles de René Maucourant, en particulier.
Tout le personnel des Ateliers Mandille & Roux est réuni pour la photo de famille devant le 33 bis, rue des Prairies dans le XXe. Que des "salopards en casquette" (dixit la presse bourgeoise de l'époque évoquant le Front Populaire). On remarque à gauche le quidam à chapeau (directeur ?) et, tête nue à droite, un administrateur (?) ou comptable. Le couvre-chef est alors un signe révélateur de la position sociale...
Ces Mandille & Roux à l’énorme réservoir sont donc bien préparées par Maucourant qui tient échoppe à Paris (7, Cité Joly, dans le XI ème à Paris). Curieusement, dans ses publicités victorieuses post-Bol d’or, MR ne citera ce Maucourant que rarement. Ce que ce dernier lui rend bien en l’oubliant souvent dans les siennes… Leurs liens étaient pourtant proches comme en témoigne le document ci-dessous.
En agrandissant la photo précédente, on découvre que le "coureur" du premier plan est Maucourant soi-même sur une machine de compétition. Comme celles qui courent au Bol d'or, elle arbore en grand le logo de MR.
Les Maucourant du Bol d'or utilisent la partie-cycle du Type D.I (I = incliné ?), qui reçoit le Sachs en position légèrement incliné sur l'avant. La sacoche à outils (ci-dessous, la série) fait place à un réservoir d'huile cylindrique fixé au tube de selle, permettant d'injecter un supplément de lubrifiant en cas de besoin (la météo de Montlhéry peut être capricieuse, chacun sait ça...). Un léger capotage enferme le carburateur et un autre contient le mécanisme du sélecteur qui a remplacé le secteur cranté avec tige de commande à main sur le réservoir (Dessin Moto Revue)
La D.I d'origine (3100 F.), avec son pédalier obligatoire et un kick retirés sur les MR/Maucourant. Les 350 F. de différence avec le modèle D.1 sont justifiés par ce kick et un cadre double berceau en place d'un simple berceau au dessin différent
Quelqu’un qui améliore les performances des deux-temps ne peut laisser Christophe indifférent. Il vient donc, avec son épouse, assister au Bol d’or de 1937 où il retrouve son ami Sexé. La nouvelle victoire des MR/Sachs/Maucourant qui font le doublé cette année (Maucourant battra même l'unique 175 engagée), semble l’avoir inspiré.
Bol d'or 1937 : Dans l'ordre d'arrivée, René Maucourant précède André Duc au virage des 4 Bornes à Montllhéry. Les MR firent grosse impression par leur silence, ce que l'on comprend au vu de la longueur de leur échappement.
L’ANNÉE SUIVANTE, il s’engage dans le Bol d’or 1938 avec une 125 D.K.W. Il racontera longuement cette aventure dans Das Motorrad (juin 1938). Il ne semble pas avoir utilisé une machine à piston-pompe (spécialité de DKW) comme il en avait l'intention. Dans une lettre à Robert Sexé, que Geoffroy G. m'a obligeamment communiquée, Christophe, demande si une telle machine serait autorisée à s'engager. Dans une photo de lui illustrant l'article du magazine allemand, sa DKW est prise sous un angle qui ne permet pas de donner une réponse à cette question.
Bol d'or 1938 : Sous l'œil de son ami Heinrich Hoffmann (casquette, à gauche), Christophe va quitter le stand à son nom. D'habitude, le fatal n° 13 n'est pas attribué, que ce soit pour les machines ou dans les classements. Ici, le mauvais sort a été conjuré en ajoutant un "1" salvateur. Le personnage en blouse blanche à droite est probablement un dessinateur de presse croquant l'événement "sur le motif"...
Par ailleurs, on apprend au passage que le quatrième pilote en 125 dans ce Bol menait un Dax qui a disparu au bout de 14 heures. Ce rare culbuté français en 125 (avec le mystérieux GEM monté par Sphynx) n’a jamais été en mesure de jouer avec les "ténors" du deux-temps, peinant à aligner plus de 10 tours dans l’heure contre les 12 à 13 de la concurrence.
UN BERLIN-PARIS EN SOLITAIRE ?
Christophe est donc deuxième avec 1401 km parcourus contre les 1631 de Maucourant, à nouveau vainqueur. Cependant, le palmarès de l’Allemand serait peut-être encore plus méritoire, révélé par une phrase ambiguë de Moto Revue où l’on lit dans le reportage de la course que « Le journaliste Christophe qui est venu d’Allemagne avec une 125 D.K.W. » Ce qu’on peut comprendre par "venu par la route " ! (Ci-dessous, document moto-collection.org)
C'EST (ENCORE) À SUIVRE !