Votre fibre artistique a l'air d'avoir apprécié la dernière partie de l'article Piero Taruffi sur le futurisme italien. Voici donc un complément sur le sujet avec des documents gardés depuis des années, sans penser que j'aurais un jour la possibilité de les republier. Republier car, évidemment, tout ceci existe grâce au ouèbe. (merci à J. Vivant pour le titre)
Pour des artistes qui allaient révolutionner le monde de la peinture, la littérature, la poésie, la gastronomie (!), etc, les membres du mouvement futuriste avaient plutôt l'air de braves bourgeois. Au centre, l'auteur du "Manifeste Futuriste", le poète-écrivain Filippo Tommaso Marinetti dont le texte sera publié en première mondiale par la quotidien parisien Le Figaro en 1912. Aucun journal italien n'avait accepté de faire connaître un texte aussi explosif. Il s'est dit, en Italie, que l'un des membres du groupe avait su capter l'intérêt de la fille d'un des riches actionnaires du Figaro, lequel à son tour sut se faire entendre par le directeur du journal. (se non e vero...). Une autre version de l'histoire est rapportée par Le Figaro lui-même dans un article consacré au centenaire du futurisme : "Marinetti s'est rendu à Paris pour obtenir cette publication grâce à Mohammed el-Rachi, actionnaire du journal et vieil ami de son père, l'avocat Ettore Marinetti."
Giacomo Balla (photo ci-avant, avec une canne) dessina les projets d'une mode vestimentaire "anti-neutre" car, proclamait-il : "Le vêtement moderne doit proscrire les couleurs fades et glauques ainsi que la symétrie. Il doit suggérer l'émotion et l'action par son caractère agressif, agile et dynamique". Balla utilise donc les cercles, les triangles, les spirales, les cônes, avec des boutonnages asymétriques, etc. Des idées que l'on retrouvera plus tard dans la mode, surtout féminine...
... comme ci-dessus chez un spécialiste du prêt-à-porter (chinois ?) qui sévit sur la Toile à l'enseigne de Sammydress avec des modèles bien plus ébouriffants et à des prix canon ! Cependant, méfiance, allez voir le blog d'Emma sur Youtube avant d'acheter quoi que ce soit (sammydress.com à vos risques et périls...emma04044). Vous aurez le délicieux accent québécois d'Emma en prime.
Les premières réunions publiques destinées à faire connaître le futurisme se déroulèrent au milieu de certaines difficultés. La preuve avec cette œuvre (1911) du peintre Umberto Boccioni, lui-même membre du mouvement et qui était donc bien placé pour témoigner des faits, quoique de façon plus comique que tragique.
Suivez le guide pour la suite de la visite qui commence avec une déjà vieille connaissance, Fortunato Depero, qui a signé cette "Motofutura" en 1922 .
Au passage, on remarquera que dans toutes ces peintures et tous artistes confondus, les motos se dirigent toutes vers la gauche. Un psychologue nous en donnera-t-il la raison ?
Dans l'article précédent, la reproduction de ce tableau de Mario Sironi était tout juste passable. En voici une autre de meilleure qualité.
Fortunato Depero a beaucoup travaillé dans la publicité tous azimuts. De ses œuvres, il reste encore aujourd'hui dans l'environnement des Italiens cette bouteille d'apéritif qu'il a dessinée en 1932.
"Rumore di moto" par Giacomo Balla - 1913
Costumes de théâtre créés par Fortunto Depero pour une pièce de 1924
"Motociclista" par Mario Guido dal Monte - Années 20
Motocycliste ou cycliste ? : "Étude" par Gerardo Dottori (1884 - 1977) - Il a commis dans les années fascistes de nombreux portraits à la gloire du Duce.
"Luxure - Vitesse", tout un programme de Filippo Tommaso Marinetti dans un livre illustré en couverture par Achile Puni.
Pourtant, dans son "Manifeste", le Futurisme s'élevait contre l'art classique et l'antiquité riches en représentations du corps humain, déclarant "Nous exigeons, pour dix ans, la suppression totale du nu en peinture !". Carlo Carrá brava l'interdiction en 1912, signant ce "Simultanéité - Femme au balcon" dont la technique va par la suite le rapprocher fortement des cubistes.
Jusque dans les années 60, le Futurisme jette encore quelques éclats qu'un Ivo Pannagi illustre avec cet "Enlèvement d'Europe". Selon "Les Métamorphoses" d'Ovide, c'est sous l'apparence d'un taureau que Zeus enleva la jeune Europe...
Pour Giacomo Balla, l'expression de la vitesse peut s'appliquer à (presque) tous les sujets, qu'il s'agisse de la rapide motocyclette...
... ou du banal chien-chien marchant dans la rue, surtout lorsque c'est un teckel !
"Il motociclista solo" par Ugo Giannatasio.
"Sans titre", du même artiste.
Toujours du prolifique Fortunato Depero - Probablement une étude pour la toile de 1922 qui figure au début de cet article ?
Signature illisible, peintre non répertorié, dommage...
Mario Sironi - 1920
Le style caractéristique de Fortunato Depero sur la couverture d'une revue sportive de 1927. On le demandera jusqu'aux États-Unis pour illustrer des couvertures de revues de luxe dont le snobissime Vanity Fair.
Bien que peu impliqué dans la mouvance futuriste, Pio Pullini montre néanmoins ses influences dans cette œuvre à la gloire des sinistres "Chemises noires" du régime mussolinien. L'artiste est très connu pour ses peintures de la vie des Italiens, réalisées clandestinement sous l'occupation allemande à la fin du fascisme.
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