LORSQU'ON L'A VUE UNE FOIS DANS SA VIE, on ne l'oublie pas. En 1981 sur le circuit Carole, il y a 39 ans, cette Carrù double arbre est venue se faire admirer dans l'une des premières épreuves de motos anciennes de l'hexagone. Cependant, d'autres Français avaient pu la voir tourner au G.P. du Dauphiné de 1950 disputé à Grenoble. Elle n'avait pas alors de suspension arrière car destinée à un usage en sidecar. Ce qui ne facilitait pas son pilotage par un certain Gobetti, qui, selon la revue Motocycles, "décollait du coussin à la moindre bosse et, de ce fait, ne pouvait ouvrir à plein". Car, ainsi qu'il était d'usage à l'époque, on courait en solo comme en side avec la même machine une fois dételée. Gobetti termina 4e et bon dernier. En ouverture de cette journée de courses, il s'était mieux classé en 125 avec une 3e place (9 classés), remportée sur une rare Moretti monocylindre double ACT.
La seule photo de la Carrù parue en 1950 dans Motocycles. Le moteur est bien vertical dans le cadre rigide. Le petit carter horizontal sous le réservoir communique avec le réservoir-radiateur ailetté au-dessus des échappements qui refroidit l'huile de graissage. Dans la meilleure tradition de la mécanique italienne, le sélecteur abondamment perforé est à double branche.
C'est Giovanni Carrù en personne qui mènera sa machine en catégorie sidecars. Là encore, il faut se référer à Motocycles pour connaître son comportement car sur ce G.P. Moto Revue s'est contenté pour tout commentaire d'une seule photo de Collignon et Houel. La Carrù s'est signalée par sa rapidité "Si rapide même, ajoute le commentaire de Motocycles, que Carrù, négociant mal l'entrée des chicanes y percuta en plein dedans (sic)".
Sous le réservoir, le carter largement lubrifié transmet le mouvement d'entraînement vers l'ACT des échappements. On se hasardera à imaginer des commandes de transmission aux deux ACT par deux chaînes, choix peu courant en Italie, mais peut-être plus à la portée d'un amateur doué ? (À toi, FAJ).
Il est probable que la machine a nécessité ensuite quelques travaux réparateurs ce dont Carrù profita pour y ajouter une suspension arrière oscillante. Le virus de la compétition au plus haut niveau ne l'a pas quitté puisqu'on trouve sa trace dans le Grand Prix des Nations en 1952 disputé rituellement à Monza. Il y a terminé à la 7e place, mais à plus d'un tour. J'ai le lointain souvenir d'un article sur lui dans Motociclismo de Epoca, alors si quelqu'un a de quoi étoffer cette trop courte présentation, merci de se signaler.
Si l'on en juge par les traces au sol, la Carrù a bien roulé ce jour-là de 1981 à Carole. Mais j'ai dû arriver trop tard pour entendre le son du twin. Au passage, on notera le joyeux bordel d'un parking coureurs de l'époque. À comparer avec ce qui nous est offert aujourd'hui autour de certaines machines moins rares que celle-ci.
Autre rareté française, cet A.G.L. qui a souffert d'une remise en état inachevée. C'est un témoignage toulousain (?) des années bouillonnantes de la compétition en 125/175. Pas de pedigree connu à ce jour. L'enquête est ouverte !
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