Un secrétaire de club qui paie de sa personne comme le fait Jean-Jacques Martin, il en faudrait beaucoup afin d'attirer d'autres Français au Pioneer. Sa Terrot 1913 de 330 cm3 était bien seule à représenter la marque dijonnaise, mais elle pouvait se flatter d'être parmi le cercle choisi des rares machines dotées d'une suspension arrière oscillante. Suspension qui sera dite "cantilever" une fois redécouverte quelques décennies plus tard. J.-J. Martin représentait le M.C. Vernolien (Verneuil-sur-Avre).
Reconnaissance éternelle à Isabelle Bracquemond pour cette photo empruntée à son Facebook !
Toute réunion d'anciennes permet de sortir des oubliettes une machine inconnue, encore plus mystérieuse si elle vient de loin, c'est à dire depuis l'autre bord du Channel .
Ce Pioneer en a présenté plusieurs de la sorte, dont cette française, du moins l'est-elle par son caractéristique moteur Buchet à soupape d'échappement culbutée. Restauration soignée type "Salon de Paris 1913"... Sauf pour ce réservoir rond un peu perdu dans un emplacement manifestement prévu pour un modèle en parallélépipède plat.
Peugeot était représenté par plusieurs machine dont la plus ancienne était cette 2 HP de 1903, transformée par un allumage à magnéto logée devant le carter-moteur. L'autre modification la plus visible était sa fourche avant oscillante...
... l'une des nombreuses productions dans le genre qui, presque toutes avaient commencé par une petite carrière dans le cycle. Cette "Idéale" qui se montait en conservant les pièces de la fourche d'origine concurrençait les Simplex, Hygina, Vigneaux, L'Élastique, Lithos, etc, sans oublier la plus célèbre de toutes, la Truffault...
... comme celle de la Peugeot de Johan Beenen (NL), une monocylindre de 1906 à soupape automatique. Sa fourche était un supplément à 175 F fourni par l'usine qui la présentait dans le catalogue des pièces détachées comme étant la "Fourche élastique Peugeot" sans mention de Truffault. (ci-dessous, le n° 3873 est un ressort de Ø 6 mm).
On sait que ces vieilles mécaniques ont soif d'huile, presque autant que de carburant. Aussi chacun est-il prêt à toute éventualité dans ce domaine. L'optimiste se contentera des quelques gouttes d'une burette, tandis qu'un autre moins confiant a embarqué une bien plus forte dose. À moins que ça ne soit pour exposer un bidon "collector's" ?
Plusieurs machines à moteurs De Dion ont été construites au cours des ans, mais la "Dreadnought" de 1904 est la plus authentique. D'abord par son moteur, un gros 400 cm3 plutôt destiné à motoriser un tricar ou quadricycle, voire une voiture. Le créateur de ce bitza, Harold Karslake, était un personnage de haute et confortable stature qui voulait pouvoir vaincre sur deux roues les côtes réputées les plus difficiles de Grande-Bretagne. Ce qu'il fit avec succès jusqu'à le veille de la Première guerre, sans cesser d'apporter des modifications à son "Cuirassé" (Dreadnought, en langage rosbiflandais). La plus importante fut en 1908 le montage d'un changement de vitesse NSU à deux rapports, mais il n'a pas été conservé par la suite. H. Karslake avait aussi ses idées sur la circulation des gaz, ce qui l'amena à percer un deuxième conduit dans la "chapelle" contenant l'unique soupape d'échappement avec le tuyau correspondant bien visible ci-dessus. Toujours dans le but de mieux faire respirer son moteur, il pratiqua des trous dans la paroi du cylindre afin d'obtenir un échappement des gaz brûlés en fin de course du piston. Une technique abondamment pratiquée en compétition, quoique généreusement distributrice de l'huile censée lubrifier l'intérieur de ce même cylindre. C'est ainsi que Karslake devint connu sous le nom de Harold "Oily" Karslake...
Depuis qu'existe le Pioneer Run, la Dreadnought y a participé. Elle était déjà bien connue avant ça, et fut présentée en maintes occasions dont, ici, une avant-première du Salon de Londres de 1928. Deux ans plus tard, elle aura le privilège d'ouvrir le premier Pioneer en 1930. Un honneur double car son pilote était George Brough en personne qui s'était rendu célèbre dans le monde de l"ancienne" en remportant une épreuve du genre en... 1914. De plus, Karslake avait travaillé avec l'usine Brough-Superior et en avait profité pour construire en 1921 sa "Karbro Express", un autre bitza de 1500 cm3 !
Aujourd'hui, la Dreadnought appartient au Vintage Motor Cycle Club qui l'a reçue des mains de Karslake peu de temps avant la disparition du grand homme en 1962.
(Encore d'autres de photos de Gilles Destailleur, c'est donc À SUIVRE !)
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