DANS MES LECTURES COMPARÉES de Motocycles avec Moto Revue de l'année 1954 (voir les deux derniers articles), j'avais pris des notes sur quelques sujets intéressants et puis, pressé par le temps et aussi par grosse flemme, quelques uns sont tombées dans l'oubliette. Je les exhume car un ou deux ne méritent pas ce purgatoire. D'abord cette 'nouvelle' pas gaie annoncée dans les deux revues.
C'est un "service minimum" sans développement excessif (litote...). De son côté, Moto Revue annonçait "dans un prochain numéro" un article sur la carrière de l'homme... qui ne fut jamais publié. Dommage, car Camille Lacôme, directeur de la revue, étant à peu près du même âge que Mauve, tous les deux avaient vécu le motocyclisme français depuis les années 10/20. Il y en aurait eu des souvenirs à raconter ! Dommage, oui, bien dommage car comme l'a dit un écrivain africain devant l'UNESCO: "Lorsqu'un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle".
1934 : Eugène Mauve est déjà connu et reconnu avec plusieurs Bol d'or dans sa musette et de multiples initiatives comme cette épreuve d'accélération-freinage sur le routier de Montlhéry. 1947 : À l'arrivée du Bol d'or, en compagnie du vainqueur, un Gustave Lefèvre qui paraît bien éprouvé. 1950 : Un quatuor célèbre, Jean, Georges, Pierre et Eugène sur fond de la Potinière, restaurant de Montlhéry.
La désinvolture avec laquelle les deux revues traitents l'information révèle un manque de reconnaissance envers un homme qui a tout de même aidé quelques journalistes et photographes à gagner leur vie avec ses multiples organisations dont la moindre n'était pas le Bol d'or. Avec 65 ans de retard, on va essayer d'en savoir un peu plus sur la vie d'Eugène Mauve. On a pour ça les journaux et le vouèbe,... Oui, le vouèbe, puisqu'on y trouve une généalogie de la famille Mauve. Elle été établie par Xavier Benis que l'on remercie chaleureusement ici avant de le piller...
Né le 25 mars 1893, Eugène est le dernier né d'une famille de cinq enfants composée d'un autre garçon et de trois filles dont l'une est prénommée 'Liberté, Égalité, Fraternité' ! ! ! On espère pour elle qu'elle s'est choisi un autre prénom plus court et plus discret, même si moins patriotique. Il semble que dans ce domaine, une certaine fantaisie régnait dans la famille puisque le père avait pour prénoms Attila, Eugène, Désiré... Né sous le signe du Bélier, Eugène n'a pas fait mentir l'astrologie qui caractérise ainsi ce signe : "Action, énergie, enthousiasme, projection vers le futur, audace parfois aveugle. Signe des chefs, des pionniers" (à toi Cyrille V...).
Dans Motocycles encore, on lit un évocation d'Eugène Mauve sous forme d'une "rencontre" accompagnée de l'excellente caricature ci-dessus. Énumération de ses Bols d'or, lieux et dates, qui se termine par des "Remarques personnelles" plus révélatrices du caractère du personnage. On écoute, in extenso, ce texte :
"Parlant vite, d'une façon imagée, autant avec les mains qu'avec la bouche, M. Mauve fait montre dans le moindre de ses mouvements, d'une allure jeune et sportive très dynamique (aujourd'hui on dirait atomique). Volubile, il égrenne (sic) ses souvenirs avec brio, les émaillant d'anecdotes, de photos, de trophées. Il eut fait un excellent acteur, tant il vit ce qu'il raconte.
Il est sympathique, souriant, très cordial. Il parle avec une facilité qui laisse au début un peu pantois. Que donnerait une interview de Mauve par Jaboune ?... (*). Et n'oublions pas sa dévouée et fidèle secrétaire, Mlle Colin 〈ndlr : à droite〉qui travaille avec lui depuis 1918, aussi calme que son "patron" est bouillant, simple, aimable et d'une compétence toujours souriante". À travers la presse des années 20 à 50, il y a probablement encore des éléments à ajouter à cette tentative de biographie d'Eugène Mauve. Laissons donc un peu de travail aux chercheurs des années à venir...
(*) Jaboune - de son vrai nom Jean Nohain - était un genre de Léon Zitrone pour le débit de l'élocution. Jaboune fut engagé dans la 2e DB ; blessé au Débarquement à Arromanches sur son char ; animateur de "La reine d'un jour" sur Radio Luxembourg (grâce au Savon Le Chat) ; pionnier de la Télévision ; talentueux auteur de chansons.
Eugène Mauve (en haut) aux commandes de l'une de ce qui allait devenir la Elfe, encore ici avec des Anzani en V à soupapes latérales. L'épreuve à laquelle ces machines étaient destinées n'est pas connue.
Mauve à la Course de côte de Gaillon en 1921 (Cliché Gallica-BNF). C'est cette configuration qui a été retenue pour la reconstitution de la machine par l'équipe des Pionniers de Pont-sous-Gallardon (ci-dessous).