POUR SA SEULE ET UNIQUE APPARITION OFFICIELLE AU BOL D'OR, René Gillet, ci-dessus (manteau de cuir) au milieu de ses mécanos et amis, avait fait les choses en grand. Trois sidecars 1000 cm3 auxquels est venue s'ajouter une moto solo 500 plus ou moins privée. C'était lors de l'édition 1932 de l'épreuve sur le circuit de St-Germain, dernière année où il y eut une catégorie 1000 au Bol pour les attelages, dans la période avant-guerre.
Apprécié des pilotes et des spectateurs, le circuit de St-Germain était pourtant bien malcommode avec ses stands séparés de la route par un profond fossé. Sauf acrobaties dangereuses, une grosse intervention sur un sidecar était impossible à l'abri du stand accessible par une passerelle improvisée.
Les trois équipages classés dans leur ordre d'arrivée avec le n° 56 en tête (pilote Péron-Soulisse passager), suivi du n° 55 (pilote Frisa-Craet passager) et le n° 54 (pilote Garouste- Pouxe passager). La présence de phares indique que la scène se passe avant le départ car ces accessoires, sans utilité de jour, étaient retirés le lendemain comme on le voit sur les photos suivantes. Le nom des passagers est donné sous réserve, car il était prévu trois remplaçants : Moven, Celys et Comte. La pluie, parfois violente, accompagna les concurrents durant la moitié de ces 24 heures.
Profitant d'une éclaircie, le photographe tire le portrait de jeunes spectateurs invités des stands René Gillet (enfants de ?). Après un arrêt-ravitaillement, le passager de Garouste (n° 54) reprend péniblement sa place.
Il semble que toutes les machines bénéficiaient de la suspension arrière typique des René Gillet, également montées sur les châssis des sidecars. On voit ici Péron dans ses œuvres masquant son passager.
Garouste (n° 54) dans le même virage que précédemment, ce qui permet d'admirer la bordure de la route en véritable granit (peut-être breton).
Le photographe s'est déplacé pour retrouver Péron avec son passager mollement motivé (24 heures, c'est long !). Ils viennent de parcourir une longue ligne droite (115 à l'heure, dit Moto Revue), avant de terminer leur virage, surveillé par un commissaire. Un appareil téléphonique est accroché à l'arbre contre lequel il est adossé. Le progrès est en marche !
Au fond à droite, deux officiels à brassards (ou des invités de marque) plutôt décontractés, une machine encore bien propre avec phare, l'épreuve se prépare doucement. Garouste a tout son temps pour terminer sa cigarette. Plus tard, lors d'un ravitaillement hâtif, c'est justement le feu qui va provoquer un drame. En coulant sur les cylindres, le carburant enflammé dessouda la fixation du robinet d'essence. Heureusement, plus de peur que de mal, mais perte de temps en conséquence !
Avec 367 tours bouclés (1534,60 kms) dans ses deux tours d'horloge, Péron est le premier classé de l'équipe René Gillet. Il précède Frisa (330 tours ) puis Garouste (293 tours), ce dernier payant sa séquence "incendie". Sur la photo ci-dessus, on distingue clairement la suspension du sidecar. Dans leur catégorie 1000 sides, les RG n'avaient qu'un seul concurrent, Barthélémy sur une machine à moteur JAP dont la distribution fit "une salade de pignons", selon Moto Revue.
Ce Bol vit également une René Gillet 500 en solo, menée par Gouru un fidèle des productions de Montrouge. Avec sa 500 monocylindre, il participait à de courtes épreuves (Côte Lapize), sans doute limité par son statut de garde républicain. Lui aussi connut des problèmes de carburation le contraignant à l'abandon à mi-course. Mélange trop pauvre puis "rupture" écrit Moto Revue), alors qu'il était en tête des 500.
Extrait d'un luxueux (imprimerie Draeger) dépliant René Gillet avec des châssis montées à droite pour mieux les mettre en valeur. Les machines solos sont à l'intérieur du dépliant. Les tenants du "montage à gauche", comme dans ce Bol, assuraient mieux prendre un virage en suivant le bord droit de la route. En voiture, le même raisonnement était tenu par les partisans du volant à droite que l'on trouvait encore chez certains constructeurs "rebelles".