IL FALLAIT UN CERTAIN COURAGE pour se rendre à Montlhéry au matin du samedi 11 mai sous un ciel noir de cataractes. Entre deux averses, les téméraires de la veille séchaient duvets, vêtements ou... magnétos puisque ils avaient roulé quand même. Le dimanche allait remettre les choses en place car Vincent Chamon, chaman à ses heures et cheville ouvrière du VRM avec sa bande de bénévoles avaient commandé un soleil qui fut au rendez-vous. Selon la formule habituelle, "les absents ont toujours tort", et on va de suite le prouver !
Bien que "marqué" Terrot, ce bicylindre était produit chez Givaudan
SOUS UNE DIZAINE de barnums réunis se trouvait le clou de ces journées : l'exposition Terrot, Magnat-Debon, Écurie Nougier. Ancien du club du Motocyclettiste, Frédéric Soupey a pu réunir près d'une centaine de machines soit, à quelques modèles différents près, la totalité de la production dijonnaise au cours des ans !
C'est la seule machine connue des premières incursions de Terrot dans le motocyclisme. Jusqu'à 1901-02, la marque ne s'était intéressée qu'au tricycle puis au quadricycle (en plus des cycles qui constituaient l'essentiel de son commerce).
Le moteur de celle-ci doit beaucoup à Bruneau (constructeur à Tours), et peut-être beaucoup plus à en croire l'ouvrage définitif sur Terrot qu'a signé Bernard Salvat. Qu'il aurait fallu avoir sous le bras (le livre, pas Salvat) pour déambuler intelligemment et pas à pas à travers cette expo.
Extrait du Catalogue Bruneau 1902
De Bruneau à Faure, de Givaudan à Zedel en pasant par Dufaux, la motorisation du début des Terrot est difficile à établir dans l'ordre chronologique. Cette Motorette N°2 (le nom est nouveau et breveté) de 1910, à moteur Zedel, montre la nouvelle fourche pendulaire apparue cette même année. Elle sera utilisée avec la même architecture jusqu'aux années trente.
C'est encore Zedel qui fournira à Terrot en 1913 un bicylindre à soupapes latérales au dessin particulièrement original.
Cette Motorette N° 4 était plutôt destinée à être attelée, ce que permettait sa confortable cylindrée de 650 cm3. Le gros moyeu arrière révèle ici le montage d'un changement de vitesses Armstrong à 3 rapports. Dès 1914, une Motorette N° 5 de 500 cm3 prendra la relève. Son moteur était un MAG semi-culbuté moins cher que le Zedel précédent et aussi plus fiable.
Dans le but de "faire passer" un copieux pot-au-feu (merci de l'invitation), Jacky Pichaud va faire semblant de rouler sur sa Magnat-Debon latérales. Après quelques tours concluants sur béquille, il en restera là afin de repartir - à pieds - pour un dernier tour dans le parc.
Un tel troupeau de Magnat-Debon, il fallait être au Vintage pour voir çà ! Il s'agit de modèles dits "Aviation" car confiées aux pilotes d'aéroplanes de la Première guerre. Eux seuls étaient jugés capables, grâce aux connaissances mécaniques qu'on leur prêtaient, d'utiliser sans dommages ces fragiles bijoux à soupapes en tête.
On termine par là où on a commencé avec ce moteur Givaudan qui ressemble comme deux gouttes d'eau au "Terrot & Cie" qu'on voit en haut de l'article. Ce Givaudan était monté dans une La Française-Diamant alors en construction Outre-Rhin. Pas de nouvelles depuis...
On se retrouve bientôt ici pour la suite du VRM