Béret ou casquette américaine, rien n'égalait un vrai sombrero en ce week-end à Montlhéry ! Le soleil y était aussi radieux que les sourires affichés par les spectateurs, les participants et... les organisateurs qui n'ont pas dû regretter leur bénévolat. Car c'est ce détail, le bénévolat, qui distingue le Vintage Revival des autres manifestations de pareille importance. Des bénévoles qui connaissent la moto ancienne, qui connaissent la voiture ancienne et qui les aiment également. Des bénévoles accueillants qui ne sont pas là pour faire de l'argent mais pour le plaisir... Pas si courant de nos jours, alors on applaudit les artistes du VRM !
(On clique sur les photos © zhumoristenouveau pour les agrandir)
On n'avait pas vu le "promenoir" de Montlhéry aussi peuplé depuis longtemps et le coup d'œil ne décevait pas sur ce panorama d'un départ de la série des avant-40. On voit à l'arrière-plan que les retardataires affluent encore...
... ce qui donne cette colonne bouchonnantà l'entrée du routier, alors que les plus rapides abordent déjà le premier virage au loin, celui du Faye.
LES INCONNUES... LES BIZARRES...
Difficile de ne pas commencer par ce qui a fait un tel vacarme (!) sur la blogosphère depuis des semaines. On a donc vu, comme je vous vois, la fameuse reconstruction de la N.L.G. qui suit celle de la non moins fameuse Torpedo 4 cylindres en éventail. Le responsable, Pavel Malanik, est ici accroupi derrière sa création qui a bien failli aller au tas, le pneu arrière ayant déjanté (?) ou éclaté (?). Quoiqu'il en soit, son pilote a pu la ramener au gîte, malgré une jante arrière passablement rabotée. Mais Pavel a de la ressource, et dès le samedi soir (photo), le malheur était réparé.
Aucun problème, par contre, avec la Torpedo 4 cylindres, un vrai bonheur à attendre bourdonner le long du béton de l'anneau.
Juste une petite émotion lorsque à la fin dernier tour de sa série Malanik Junior est parti tout droit dans l'herbe au bout de la ligne des stands, 20 mètres derrière moi. D'où photo !
À la veille de la Première guerre, les Ets Henri Depasse représentaient en France la motocyclette américaine Henderson annoncée en toute modestie comme "La plus belle motocyclette du monde" (rien de moins !). La plus belle, peut-être, mais la plus chère, certainement, du moins chez nous. À 2400 francs cette 4 cylindres de 1100 cm3 (66 mm d'alésage x 76) valait deux fois le prix de la plus chère des Peugeot, la 7 HP bicylindre.
Les premières Henderson offraient une particularité, unique semble-t-il dans l'histoire motocycliste, celle de placer l'éventuel passager devant le pilote, lequel passager était censé se tenir aux branches du large guidon... ! De cette position, l'Henderson suivante de 1913 a gardé un empattement d'une longueur anormale, quoique déjà diminuée (Collection du team néerlandais de "Yesterdays").
C'est en Europe que sont nées les premières 4 cylindres signées de Laurin-Klement et F.N. et ce sont elles - surtout F.N. - qui ont inspiré les Américains. Cependant ceux-ci ont rapidement fait évoluer la conception originale vers une orientation plus "automobile". Par exemple la course à la cylindrée, les améliorations de l'allumage, sans parler de la présentation plus chatoyante comme le "Bleu royal" et gris avec filets dorés de cette Henderson. Comme le précisait M. Henri Depasse (52, bd Bourdon à Neuilly et Magasin d'exposition au 22, avenue de la Grande-Armée. Succursale à Alger) dans son dépliant publicitaire : "On peut dire que la motocyclette HENDERSON met à la portée de tous les joies jusqu'ici réservées aux propriétaires des voitures de sport les plus puissantes et les plus rapides". Ce "à la portée de tous" laisse rêveur... (photo Wikimedia Commons).
Une pause sur 4 roues (à peine), le temps de jeter un coup d'œil sur l'une de ces machines dont les Britanniques ont le secret. Il s'agit d'un cyclecar Chater-Lea réduit à l'essentiel, soit un châssis d'avant 1914 équipé d'un moteur d'après 1914. Au passage, une précision : en leur temps ces engins couraient en G.P. avec les sidecars et avec les motos solos (ou sides) dans les grandes épreuves d'endurance. D'où leur présence au Vintage Revival qui ainsi renoue intelligemment avec le passé, donc l'HISTOIRE ! Merci pour eux.
Tableau de bord en bois d'arbre "à l'ancienne" et jolie plaque de constructeur agrémentée d'un interrupteur "ON / OFF" d'une désarmante simplicité. Le graissage est remarquable lui aussi, en accord avec tout le véhicule.
Le moteur est un "Tomtit" de chez Barney & Blackburne apparu en 1923, au moment où l'aviation légère commençait à se développer. C'est un culbuté de près de 700 cm3 qui, comme nombre de ses semblables pouvait se monter culasses vers le bas. Dommage que le propriétaire de ce cyclecar n'ait pas profité de cet avantage... On admirera néanmoins la similitude dans le dessin entre le réservoir et le silencieux.
Les deux tubes qui surplombent chaque culasse contiennent de la graisse destinée à lubrifier les axes des culbuteurs. De temps à autre, on donne un tour de vis à l'extrémité de ces tubes, et un "poussoir" avance la graisse vers la pièce sensible (note à benêt : procéder à l'opération pendant un arrêt complet du véhicule...)
À première vue, on est tenté de parier pour une Indian, ce qui n'est pas totalement faux. C'est que cette Reading Standard prenait les pièces de ses parties-cycle chez un même fournisseur, Aurora Automatic Machine Co. qui produisait ces "kits" selon une géométrie fournie par... Indian. C'est pourquoi les machines de constructeurs comme Racycle, Brown & Beck, Light, Emblem, avaient toutes un air de famille avec un moteur "maison" mais formant partie du tube de selle. Reading Standard se démarqua du lot en présentant le premier moteur à soupapes latérales. Autre bizarrerie, un bicylindre en V des années 20 dont la commande de distribution par soupapes latérales s'effectuait sur le côté droit du cylindre arrière et côté gauche sur le cylindre avant.
L'Hélica n'est pas vraiment inconnue, mais dans le domaine du bizarre, le bébé de Marcel Leyat a tout de même une place de premier choix ! Ici un modèle "Sport" 1913, moteur Anzani 1200 cm3 bicylindre en V à soupapes latérales (on apprend tout et le reste sur ces machines à l'adresse http://www.helica.info.
La machine la plus inconnue de toutes est cette belle jaune qui faisait mal aux yeux : une Fulmen ! J'ai passé de longs moments sur le vouèbe afin d'en savoir un peu plus, mais nib de nada de rien du tout, c'est à dire chou blanc ! Fulmen, c'est des batteries et des bidules électriques, mais pas de moto ni de moteur.
À plusieurs reprises, j'ai traîné autour de cette machine dans le parc, en espérant faire parler son propriétaire, mais je ne l'ai jamais vu. Il semble que du côté transmission, le bas-moteur qui était impossible à photographier porte une mention "Fulmen & ? ? ?". Si quelqu'un peut remplacer ces ? ? ? qui nous en apprendrait un peu plus, il est le bienvenu.
Un monocylindre de 1300 cm3 (100 mm d'alésage x 160), arbre à cames en tête, 4 soupapes, 4 bougies d'allumage, ça fait penser à un prototype "schtoumfissime" et sans avenir des années d'avant-guerre, celle de 14-18, alors que pas du tout ! D'abord c'est français car signé Ariès, la marque fondée à Asnières en 1903 par le baron Charles Petiet. Ensuite ce moteur nommé VT a parfaitement fonctionné et plutôt bien car engagé en compétition dans la catégorie "Voiturettes" lorsque fut instauré aux environs de l'année 1907 un règlement imbécile, celui dit "à l'alésage", limitant celui-ci à 100 mm. Par la suite un 4 cylindres à arbre à cames en tête sera établi selon les mêmes caractéristiques que le mono. La couronne dentée à la base du cylindre est un ajout moderne destiné à montrer le fonctionnement des soupapes entraînées par l'arbre de commande de l'ACT.
Pas de sectarisme au Vintage et les plus modestes équipages sont de la fête comme ce Vélocar. Modestes mais préfigurant sans doute les réunions "écologiques " du futur ?
Belle sortie de grange que cette Rochet parfaitement conforme au catalogue 1906 de chez... Roland. Laquelle faisait partie de la nébuleuse des marques construites à Albert (Somme) qui, outre Rochet, rassembla au cours des ans Excelsior, Georges Richard (Trêfle à Quatre), Régina et peut-être d'autres encore qui ne nous sont pas connus. Tous avaient en commun un ou plusieurs modèles que seul distinguait la plaque de cadre.
Ce modèle "Type B" présente une distribution semi-culbutée, ou à soupapes opposées. C'est à dire que la soupape d'admission est commandée par tige et culbuteur, celle d'échappement étant latérale. Cette disposition était relativement courante en Allemagne (NSU), mais il semble que la France n'ait connu que cette Roland-Rochet.
Curieusement, cette machine ne figure dans aucun autre catalogue des marques du groupe de la S.I.A. (Société Industrielle d'Albert).
Le modèle précédent baptisé "Type A" présente les mêmes caractéristiques moteur : 3 chevaux 1/2 de 80 mm d'alésage x 85 de course. L'échappement "à fond de course facultatif" est proposé, la différence essentielle étant la magnéto "Simms Bosch" dont cette "A3 est dépourvue. Ce qui lui fait gagner 100 francs sur le prix de la "B" vendue 875 F.
Puisqu'on vous dit que tout véhicule à roues, motorisé ou non, est accepté sur "l'anneau magique" ! On attend l'audacieux qui s'engagera sur un monocycle en 2017...
... de même qu'on verra peut-être un jour ce Véloréacteur sur la piste (Team Yesterdays).
Supposantqu'il ne pouvait pas rater ce Vintage, j'avais a priori placé Paul d'Orléans (The Vintagent) notre "Beau Brummel" motocycliste, dans cette catégorie des "Inconnus et Bizarres". Hélas, j'ai été un peu déçu en le voyant arriver de loin, tout simple en jeans et blouson de cuir. Rien de "bizarre" donc, sauf que de près, on lui découvre malgré tout au revers une broche en pierres multicolores très "vintage" qui fait son petit effet, même si elle n'est pas signée Chanel. Foulard de soie pas mal non plus et un blouson sans doute "vintage" lui aussi puisque, comme il l'a déclaré dans une lointaine interview, il s'habille dans les marchés aux Puces ou dans des "friperies". Hipsters et autres youngtimers, vous savez ce qu'il vous reste à faire !
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Prochain article : encore du Vintage Revival !
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