• Niki de Saint Phalle et ses motocyclettes

    Le sculpteur César compressait des motos. Encore plus radicale, la plasticienne-sculptrice-peintre Niki de Saint Phalle (1930-2002) les flinguait à la carabine. En les éclaboussant de peinture de toutes les couleurs (beaucoup de rouge-sang) contenues dans des ballonnets fixés à un mur sur lequel elle avait collé ou cloué des objets de récupération, poupées, objets indiscernables, bustes de personnages historiques, soldats en plastique, pistolets d'enfants, masques de carnaval, etc. Cet assemblage était noyé dans le plâtre blanc qui dissimulait également les récipients à peinture, remplacés parfois par des bombes aérosol.

    Niki de Saint Phalle et ses motocyclettes

     

    (Photo X... DR)

    Des essais de "coulures" étaient d'abord fait, parfois en public dans des galeries ou en compagnie d'artistes amis invités à montrer leur adresse au tir. De cette série des "Tirs" il subsiste de nombreuses pièces devenues des œuvres à part entière (ci-dessous). 

    Niki de Saint Phalle et ses motocyclettes

    L'accumulation des objets "emplâtrés" n'était pas toujours le fruit du hasard. On peut trouver une signification au choix de certains d'entre eux. Mais la présence d'une motocyclette, qui se retrouve par deux fois (peut-être plus ?) dans ces "Tirs" reste énigmatique. En passant à une œuvre plus importante dont ci-dessous un "King Kong", l'artiste conserve la moto sous une autre forme, mais elle est bien là en bas à gauche, jouet ou maquette. Les critiques se sont efforcés de décrypter les intentions, conscientes ou non, de ces ensembles. Les masques de carnaval des principaux acteurs de l'actualité mondiale, Mao, Kennedy, Krouchtchev, Castro, De Gaulle soulignent à la fois la dangerosité du monde et la dérision des "puissants" qui prétendent le gouverner (le tableau est aussi connu sous le titre "Heads of State"). Quant aux avions fonçant sur des gratte-ciels, à droite, leur caractère tragiquement prémonitoire est évident. Reste donc cette moto sortie de nulle part et sans signification connue... Mais tout le reste l'est-il vraiment ?

    Niki de Saint Phalle et ses motocyclettes

    "King Kong", daté de 1963, est aujourd'hui l'un des joyaux du Moderna Museet à Stockholm. Ce tableau de la série dite des "Tirs" est moins ludique que les jubilatoires "Nanas" (quoique celles-ci le soient moins qu'on pense...) qui vont bientôt apparaître et faire le succès populaire de l'artiste. Laquelle est encore dans sa période de "règlements de compte" avec la société, la politique, la condition féminine. Aussi avec certains hommes de sa vie. Dont son propre père qui, alors qu'elle avait 11 ans, l'avait "substituée à sa femme" selon la formule délicate du journaliste Félix Fénéon à propos d'une semblable affaire (*).

    (*) "Nouvelles en trois lignes" (au Mercure de France) est un recueil de minuscules faits divers tragiques, catastrophes, crimes, accidents, suicides rendus hilarants par le talent d'écriture de Félix Fénéon qui les publia dans Le Matin en 1906. 

    Niki de Saint Phalle et ses motocyclettes

    Niki de Saint Phalle vous salue bien - à sa manière - mais vous pouvez retrouver ses œuvres et ses "Nanas" à Paris dans l'exposition rétrospective (affiche ci-dessus) qui lui est consacrée au Grand-Palais jusqu'au 2 février.

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    IMPORTANT: ce blog est la suite de celui connu sous le nom "Z'humeurs & Rumeurs", celui-ci est toujours consultable mais en sommeil désormais.

     


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