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Paul d'O. gravure de mode mais vrai motocycliste
La peinture avait Dali, la pop a Lady Gaga, la politique a eu Sarkozy, les pauvres ont eu l'Abbé Pierre, la littérature a Houellebecq, l'humour a eu Coluche, la chanson a eu Gainsbourg, le design a Starck (ajoutez les noms que vous voulez). Tous à un moment de leur vie sont sortis de leur domaine de compétence, accédant à un état emblématique différent. Démesure dans l'expression artistique, provocation érotique, compassion universelle, emphase dans l'expression, vulgarité assumée, les moyens sont multiples de choquer, d'attendrir, de captiver l'attention du public (en plus du talent).
Parmi ces moyens, figure le costume. Élémentaire, même dans notre milieu motard. Il peut se limiter à quelques accessoires. Ce sera le chapeau d'Indiana Jones, un vieux Barbour "aux médailles" ou un Perfecto hors d'âge. L'essentiel est de se construire une silhouette qui, d'un rallye à un autre, d'une exposition ou d'une vente aux enchères à une autre vous fera sortir de l'anonymat. En résumé, il faut être VU ! Si c'est bien fait, vous accédez à un statut INTERNATIONAL et on vous "likera" abondamment. C'est ce que pratique avec bonheur le blogueur VINTAGENT, connu aussi sous le nom de Paul d'Orléans ou familièrement Pd'O. Pour situer le personnage, on citera ses mots dans une interview donnée à un site de mode. Question : "Qu'est-ce qui vous guide dans votre choix pour vous habiller ? Réponse : "Je ne m'habille pas en fonction d'un 'style' particulier ; si je m'aperçois que l'ensemble donne dans le genre "preppie", je m'arrange pour ajouter des chaussures, une veste ou un accessoire quelconque qui cassera cette image". (NB : Preppie = bon chic, bon genre).
En lançant sur le ouèbe un filet au nom d'un personnage au caractère aussi affirmé, on récolte un riche butin qui constitue un florilège débutant par une enfance que l'on soupçonne pourtant bien banale...
Paul, comme tous les gamins de son époque et de son âge, a dû en passer par la coupe de cheveux "crew cut" censée produire des Américains sains, sportifs et propres sur eux.
Les "zippies" sont passés par là, et les cheveux ont proliféré au-delà de ce qui était convenable, sans doute une réaction contre la "crew cut" uniformisante et militariste (?). La recherche dans le costume attrape-minettes trois-pièces (pop 1966) est loin de donner une indication sur les dérives qui vont suivre.
Paul ne fait pas les choses à moitié et lorsqu'il laisse pousser ses cheveux, c'est pour en faire une magnifique queue-de-cheval, nattée semble-t-il. La conversion est par ailleurs totale : pantalon de cuir et les mains dans le cambouis d'une Norton 18, ce garçon est perdu pour une carrière de bureau.
Un peu plus tard, si l'on en juge par la longueur de l'appendice capillaire, Paul se passionne pour les antiquités motocyclistes dont cette Sunbeam TT Model, une latérales de 1928.
Une nouvelle Sunbeam (TT90 de 1929) et un nouveau Paul en 2006. Coupe de cheveux "normale", rasé de près et cravaté, d'allure très britiche, mais ça ne va pas durer et son blog va démarrer en octobre de la même année (http://thevintagent.blogspot.fr/) ce qui devrait faire de lui le grand-père de tous les blogs motocyclistes (?).
On saute dans le temps pour découvrir Paul au sommet de sa gloire en 2014, lors des journées du Quail Motorcycle Gathering, une exposition auto & moto qui se tient dans un complexe hôtelier avec golf attenant, comme il se doit en Californie. Dans le compte-rendu officiel de ces journées, dont la partie motocycliste était commentée par Pd'O, il y est dépeint un peu malicieusement en gravure de mode : chapeau cabossé à bords étroits façon Sinatra, blouson de cuir "flammé or", pantalon "feu de plancher" et chaussures dorées. En conclusion : "comme un mélange de Mickael Jackson avec Pee Wee Herman..." À titre personnel, on insistera sur les poignets de chemise retroussés "à la Cocteau" qui sont une marque de fabrique permanente chez Paul.
On ne va pas vous laisser ignorer plus longtemps l'œuvre d'art signée par Maxwell Paternoster qui orne le dos de ce fameux blouson "flammé". Le style de cet artiste anglais ne cadre pas tout à fait avec l'idée qu'on se fait d'un GENTleman spécialiste du VINTAGE, mais l'essentiel est qu'on ne l'oublie pas une fois qu'on l'a VU. Le travail - attention les yeux - de Maxwell Paternoster est visible sur son site : http://datanoster.tumblr.com/
Lors d'un Quail Gathering plus ancien, en 2011, Paul avait endossé un Perfecto classique sur le maillot à rayures (chaussettes assorties) du Lee Marvin de "l'Équipée Sauvage". Un peu de "rock attitude" dans la chaussure dont les clous sont passés de la semelle sur l'empeigne (arme de combat de rues ?). Plus "rock" et même au-delà, la moto à base lointaine de Triumph Bonneville, est signée Falcon Motorcycles, un préparateur/customiseur très en vue qui travaille à Los Angeles.
Paul adore se faire tirer le portrait assis sur des motos exceptionnelles comme l'est ici une Ducati Imola qui, si j'ai bien compris, aurait été celle de Paul Smart (ou une replica ?). Le site prestigieux de Pebble Beach 2011 n'incite pas trop à la fantaisie vestimentaire. Alors que les membres du jury arborent panamas, blazer bleu-marine et pantalon beige, Paul s'est contenté d'une veste légère en seersucker d'un pantalon d'été assorti et de tennis (sans chaussettes, of course !). On devine à travers la bulle un chèche couleur fuschia autour du cou, tandis que les poignets "Cocteau" de la chemise sont bien mis en évidence.
La Californie n'est pas toujours le pays ensoleillé que nous décrit le cinéma hollyoodien et les journées y sont longues pour ceux et celles qui n'ont que peu d'intérêt pour les vieilles machines de collection. C'est néanmoins l'occasion d'aérer ses fourrures "en situation" avant de les remiser en chambre froide (Pebble Beach 2009). Accessoirement, on comprend mieux pourquoi Paul doit garder ici une tenue moins "rock'n'roll" que d'habitude.
Notre ami (c'est lui à gauche avec son chèche fuschia) n'apprécie pas que les belles mécaniques et il ne pouvait résister au charme de l'actrice Christina Hendricks, rencontrée au Concours d'élégance de la Villa d'Este en 2011. Célèbre pour ses rôles dans des séries TV (Urgences, Portés disparus et surtout Mad Men), Christina a été élue "la femme la plus sexy du monde" par le magazine Esquire en 2010.
Expert reconnu, Paul est souvent sollicité pour monter des expositions, causer dans le poste de la télé et animer des ventes aux enchères (Bonhams est son sponsor). Cette Mars allemande est partie dans le superbe Musée Barber (Alabama) à la suite d'une vente où Paul a sans doute eu son mot à dire. Pour l'occasion il portait un "haut" assez classique, veste à rayures, sur un "bas" un peu plus motard avec jeans et sobres santiags. Et, toujours, les manchettes "Cocteau".
Enfin une image de Paul en motocycliste lambda ! Mais ce n'était que pour vanter les vestes de la marque Private White VC. Le casque est un Ruby français (R.I.P. hélas !).
Ana Llorente vient de remporter un prix avec sa Motobécane présentée en 2013 dans la section "French Motorcycles" à Pebble Beach en 2013. Paul a été l'un des premiers à la féliciter. Étant donné son carnet d'adresses internationales, il ne devrait pas avoir trop de mal à lui trouver le garde-boue avant qui manque à sa machine.
Son amour déraisonnable proclamé pour les Brough Superior pousse Paul à la toucher, la caresser, dès qu'il en voit une, qu'elle soit de type culbuté ou modestement latérales (mais une Brough peut-elle être modeste ?). Il a approché celle-ci dans le costume d'un style qui ne lui va pas très bien. Un rien d'Hercule Poirot dans la veste croisée (et froissée) avec un zeste de Polnareff pour les lunettes, ce n'est pas "l'élégance" du Paul habituel.
Lors d'une étape du Cannonball 2014, Paul avait si froid qu'il s'est arrêté chez un spécialiste de fournitures pour chasse & pêche afin d'y trouver un vêtement plus chaud. Il en est ressorti avec cette tenue de camouflage censée le rendre invisible.
Le résultat en gain de calories n'est pas connu, mais pour ce qui est de l'invisibilité, tout reste à prouver !
Au Concorso de la Villa d'Este 2014, Paul retrouve le soleil et arbore une nouvelle tenue inédite jusqu'alors pour présenter une Wanderer bicylindre. Pantalon d'un rouge pétant et veste blanche qui a l'air d'avoir rétréci au lavage, mais c'est exprès ! Il semblerait qu'il ait renoncé aux manchettes "Cocteau" mais c'est peut-être une illusion photographique.
Paul reconverti dans l'épicerie ? Ah que non ! Mais dans la photographie, oui ! Un sport que Paul pratique "à l'ancienne" (voir l'article du 27 décembre 2014). Et pas qu'à moitié puisqu'il est retourné presque aux origines avec le daguerréotype ou le tirage au collodion humide. Ce qui demande des connaissances de Petit Chimiste, nécessitant un costume qui n'a rien à voir avec celui d'un épicier comme on pourrait le croire, pas plus que celui de son amie Suzan McLaughlin qu'il a entrainée dans l'aventure. Leurs travaux ont déjà fait l'objet de plusieurs expositions et on peut les admirer sur leur site : http://mototintype.com/
(À l'exception des quatre ou cinq premières photos, collection personnelle de Pd'O, les autres proviennent des sites des manifestations motocyclistes citées dans l'article).
Tags : Paul, Sunbeam, Norton, Ducati Imola, Quail, Maxwell Paternoster, Brough, Suzan McLaughlin, Falcon, Pebble Beach, Villa d'Este, Barbara Hendrix
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Commentaires
2RockyMardi 17 Février 2015 à 21:143gigiMercredi 18 Février 2015 à 20:57Monsieur D'orleans est homme de goût . ses choix motocyclistes et vestimentaires parlent pour lui.
Velocette et élégance forever !
4RockyMercredi 18 Février 2015 à 21:27
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J'ai toujours grand plaisir à lire vos articles. Une petite remarque (ce n'est pas une critique!Ne le prenez pas mal!) mais le fond noir est dur pour mes yeux de vieux (et non pas mes yeux de veaux!)
Alain