• Norton rototo, suite.

    ALORS COMME ÇA, QUAND ON VOUS EN TOUCHE UNE, ça fait bouger les autres ? (comme disait l'un de nos derniers présidents)... Bien sûr, je veux parler de vos neurones qui ont immédiatement frétillé en voyant le nom de NORTON puis "rotatif" apparaître sur votre écran. Premier arrivé, un lecteur d'Outre-Rhin donc bien placé pour évoquer Richard Küchen. Cet ingénieur allemand touche-à-tout (boîte à chaînes Zündapp, Victoria Bergmeister, twin F.N., etc) a donné lui aussi dans le rotatif avec un mono qui, comme beaucoup de ses projets n'a pas donné de suite commerciale. Néanmoins est parvenu jusqu'à nous le moteur que voici.

    Norton rototo, suite. Terrot-Givaudan, suite

    Bien complet de son "chapeau-culasse", on dirait presque un classique arbre à cames en tête qui serait commandé par un arbre vertical... 

    Norton rototo, suite. Terrot-Givaudan, suite

    ... le voici maintenant sans son "chapeau" qui dévoile un distributeur cônique avec son entraînement et une bougie en position inhabituelle.

    Et l'histoire s'arrête là, du moins pour le moment. Malgré quelques 12 à 15 heures passées sur le vouèbe, aucune mention de ce moteur n'est faite dans les pourtant nombreux articles consacrés au bonhomme et à ses œuvres. Gardons espoir, mes frères, peut-être qu'un jour quelqu'un reprendra l'affaire qui reste classée dans les "cold cases", comme à la télé.

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    On ne va pas refaire l'historique des rotatifs Wankel de la moto qui s'est conclu par une catastrophe chez DKW-Hercules ou un bide chez Suzuki et autres Norton. Vous trouverez tout à ce sujet sur le site de F.-M. Dumas (moto-collection.org) qui a ratissé jusque dans les "coinstots bizarres" chers à Boris Vian (in Je voudrais pas crever). Fin de la minute pouhiétique.

    Il a existé plusieurs motos anglaises à distribution rotative, mais il s'agissait surtout de réalisations personnelles. Seul le moteur Cross, au milieu des années 30, a suscité un semblant d'intérêt chez des constructeurs patentés. Il s'agissait de Vincent puis Rudge ou encore Velocette. 

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    Roland (Rodney) Cross himself avec la Vincent 500 équipée de l'un de ses moteurs à distributeur rotatif en vue d'une participation au Tourist Trophy 1934. Le pilote est Frank Milsom, chef des essais de la Société Cross. La machine figure aujourd'hui dans le musée de la société qui existe toujours à Bath, elle sort parfois dans des réunions d'anciennes (ci-dessous). 

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    Le même type de moteur sera utilisé sur une 250 Rudge au T.T. 1935 mais son pilote chuta aux essais et blessé au genou fut contraint à l'abandon. Préparée trop à la hâte, une autre 500, toujours à moteur Cross, ne put prendre le départ du T.T. Senior.

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    Le premier Cross date de 1922. Celui de l'extrême-droite aurait été monté sur une Velocette en 1928 dont on ne sait rien de plus. On le retrouve en dessin ci-dessous.  

    Norton rototo, suite. Terrot-Givaudan, suite

    Je laisse à quelqu'un de qualifié le soin d'expliquer la présence de deux chaînes de commande de la valve rotative engrénant sur des pignons de tailles différentes.

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    Les années passent mais Rodney Cross s'obstine et poursuit ses recherches. En 1937, trois de ses moteurs en 250, 350 et un 500 (les deux photos ci-dessus) sont montés sur des bas-moteurs de Rudge. Ils seront confiées à un essayeur de Moto Cycling qui n'en dira que du bien... 

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      ... excepté sur un détail concernant le 250 (ci-dessus à gauche) dont le cornet du carburateur à tendance à aspirer... le pan du manteau du pilote ! À part ce minime inconvénient, vite supprimé par la pose du carburateur à l'extrémité d'une pipe à angle droit (photo précédente du 500), ces machines sont d'un rendement satisfaisant (selon Motor Cycling). Celui de la 250 est comparable à celui d'une 500 à soupapes latérales, et les montées en régime - on parle de 7 500 tours/minute - sont impressionnantes. Avalanche de louanges, donc... 

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     Comme tous les rotatifs, le problème vient de l'étanchéité de la chambre dans laquelle évolue la valve. Il faut qu'elle soit abondamment lubrifiée sans que ce lubrifiant pénètre dans le cylindre. R. Cross va s'appliquer à résoudre cette difficulté par des segments spéciaux qui deviendront une spécialité de la Cross Manufacturing Company Ltd. Jusqu'en Chine, il s'en vend aujourd'hui des millions dans le monde et de tous diamètres pour les moteurs d'avions, les turbines (record avec 1,80 m. de diamètre !), en bref tout ce qui coulisse, tourne et frotte dans un cylindre, comme par exemple... dans nos motos.

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    Une coupe du haut-moteur qui permet peut-être de mieux comprendre le fonctionnement de la valve Cross, ici sur un 250. La pipe d'admission n'est pas dans l'axe de la valve mais à 90% derrière inlet, à droite pour ceux qui ont de bons yeux sur ce dessin impossible à agrandir.

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    Arrive 1939 et un nouveau rototo du nom de Aspin se met sur le marché. Il est d'allure plus classique, proche d'un moteur "normal" à soupapes, quoique pas vraiment mis en valeur sur cette photo. C'est une partie-cycle BSA qui accueille ici un moteur de Velocette bien transformé. L'état de cette machine ainsi que le porte-sacoches typique des machines militaires laisse à penser que l'armée se serait intéressée à ce type de moteur. Plutôt silencieux, simple avec un nombre réduit de pièces en mouvement, il avait tout pour être confié à des mains supposées a priori peu expertes.

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     Comme il se doit pour un nouveau projet, rien n'est jamais définitif dans la construction finale et les protos sont nombreux, même si l'on tourne autour d'un même schéma de base qui consiste en..

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    ... une valve cônique en alliage léger est savamment découpée afin, en tournant sur son axe, de distribuer les gaz côté admission puis côté échappement. Comme sur le Küchen, la commande se fait par un arbre vertical et un jeu de pignons (Dessin de La Nature n°3025 du 15 mai 1938 et repris sur sciences.gloubik.info)

    Norton rototo, suite. Terrot-Givaudan, suite

     Une guerre a passé, mais le "rotatif" démange toujours les esprits chercheurs. En 1947, deux ingénieurs anglais, J. et E. Brown s'offrent à transformer des Norton (ci-dessus) à l'aide de la valve rotative Johnson. 

    Norton rototo, suite. Terrot-Givaudan, suite

    La commande de la valve s'effectue ici par un arbre vertical et des pignons d'angle. Sauf par l'admission située perpendiculairement, on est alors assez proche de la future solution du Norton de 1952 (voir article précédent). Montée sur une Norton 500 Inter, la transformation Johnson s'avéra assez puissante pour l'emmener à près de 145 km/h. Comme d'habitude, la revue Motor Cycle qui effectua l'essai de l'Inter n'eut qu'à se louer de ses performances, de son silence de fonctionnement, de sa souplesse, etc. Mais, là encore, l'intendance refusa de suivre...                                                                                                                

    Norton rototo, suite. Terrot-Givaudan, suiteUn dernier pour la route (Rudge), pas de date, pas de réalisateur, origine perdue, sans doute l'un des premiers Cross.                                                                                                                                                                            


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  • Commentaires

    1
    françois Arsène
    Vendredi 14 Juin 2019 à 09:53

    j'ai eu l'occasion de voir et photographier le système essayé par KTM où deux boisseaux rotatifs à portée sphérique coiffent la culasse à la position de deux ACT. Entraînement par courroie crantée (photos dans mon article LVM en attente de publication). Le dépôt de suie montre que ça a fonctionné. A l'évidence aucun des systèmes envisagés ne s'est débarrassé de ses tares originelles (dilatation, étanchéité, graissage) ni donné de meilleur résultat que les soupapes. Sinon la F1 l'utiliserait depuis lurette.  

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    2
    manx51
    Lundi 17 Juin 2019 à 23:09

    Toujours des articles aussi intéressants,merci Monsieur BOURDACHE.wink2

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